La Meuse - Friday, May 24, 1895

Les scandales de Londres. - Un nouvel incident qui cause à Londres une sensation très grande, s'est produit au cours du second procès d'Oscar Wilde.

Le juge a écarté la principale charge pesant sur l'accusé par suite du manque de preuves quant aux déclarations d'un témoin important.

En conséquence, la cause a été remise.

Ainsi qu'une dépêche nous l'a fait savoir mercredi, le scandale Wilde a eu, hier soir, une conséquence singulière pour le marquis de Queensberry et son fils, Lord Douglas Hawick. Ces deux gentlemen ont été arrêtés dans Piccadilly pour désordre et rixes sur la voie publique.

Le marquis et Lord Douglas se rencontrèrent dans Piccadilly, à l'angle de Bond-Street, et le fils commença la querelle en demandant avec éclat à son père quelle avait été son intention en écrivant certaines lettres et s'il était résolu à les cesser. Il fit même remarquer qu'il serait en droit de châtier le marquis de ce procédé. Ce dernier répondit qu'il était prêt à combattre son fils partout et en tout temps, mais qu'il désirait éviter une scène dans la rue.

En même temps, le père et le fils levèrent leurs parapluies et, sans plus de paroles, le marquis porta soudain à Lord Douglas un formidable coup. Une lutte s'ensuivit, et le jeune homme eut son chapeau renversé, tandis que le marquis, voulant éviter une violente attaque de son fils, allait tomber dans les bras d'un policeman. Comme c'est l'habitude en ces sortes d'incident, le principal dommage a été infligé à la tierce-partie, à l'infortuné policeman qui reçut un énorme soufflet sur la bouche et fut jeté à terre. A ce moment, cette partir de l'incident prit fin; mais ce n'était pas tout.

Quand le marquis traversa Bond-Street, il fut suivi par Lord Douglas qui reprit les hostilités. Cette fois, l'assaut fut encore plus furieux que le premier. Le marquis déploya beaucoup plus d'habileté que son fils et, en fin de compte, il s'en tira beaucoup mieux, car lord Alfred Douglas reçut une sérieuse volée et, sans parler d'autres blessures, il eut un oeil affreusement poché.

Cependant la police arriva en force et les combattants furent conduits au poste de police de Vine-Street, où le marquis exprima encore l'opinion que, malgré la différence d'âge, il aurait battu son fils sans difficulté.

En réponse aux questions de l'officier de police, il refusa absolument de porter plainte contre son fils pour voies de fait, et Lord Douglas observa la même attitude.

Après quelques explications, les deux gentlemen furent relaxés moyennant caution, de 40 shillings chacun, et comparaîtront aujourd'hui devant le tribunal de police de Marlborough-Street, sous la prévention de désordre et rixe.

Lord Queensberry et son fils ont été condamnés a d.poser une caution de 500 livres comme garantie que, pendant six mois, il ne se produirait pas de querelle entre eux, en public.

La Lanterne - Friday, May 24, 1895

Condamnation de Taylor. -- Assaut de boxe en famille. -- Un ancêtre d'Oscar Wilde. -- Père et fils devant la juge. - Reprise du procès Wilde

Londres, 22 mai. -- On peut dire que le répugnant procès Taylor n'a véritablement commencé qu'à l'audience d'hier.

Cette audience a été occupée en grande partie par l'interrogatoire de l'accusé, qui a nié tous les faits à sa charge; puis, le ministère public et le défenseur ont parlé; enfin le juge Wills a prononcé son «résumé» sans négliger aucun des points et -- grosse difficulté vaincue -- sans prononcer une seule fois le nom d'Oscar Wilde qu'il a appelé constamment, lorsqu'il parlait des visites reçues par Taylor: « une autre personne qui n'est pas en cause actuellement. »

Taylor condamné

A trois heures, le jury entre: en délibération. Les questions posées sont toutes relatives à la consommation d'actes obscènes avec des jeunes gens mineurs. Le juge Wills n'a pas ajouté la formule qui équivaut à l'admission des circonstances atténuantes: « Je recommande l'accusé à la pitié du jury ». Après vingt minutes, le jury rentre en séance, et son chef informe le juge qu'il est d'accord avec ses collègues pour rendre un verdict affirmatif.

Taylor est déclaré coupable d'avoir commis des actions obscènes avec deux des individus mentionnés par l'accusation. Ainsi qu'il est de règle en Angleterre, ce verdict a été rendu à l'unanimité.

En entendant la déclaration du jury, Taylor a baissé la tête et s'est caché la visage dans ses deux mains une minute à peine. Il reprend bientôt, où il s'efforce de reprendre, l'attitude niaisement souriante qu'il a gardée depuis le commencement de l'affaire. Mais son émotion est plus forte que sa volonté, et l'on voit trembler le chapeau qu'il tient à la main. Enfin, il murmure: « Je n'ai pas mérité cela. »

Il a dû jusqu'au bout espérer un verdict négatif sur toutes les questions.

M. le juge Wills rend sa liberté au jury et ajourne sa sentence. C'est donc devant un nouveau jury que viendra l'affaire Wilde: elle sera appelée demain.

Correction paternelle

Le verdict de culpabilité contre Taylor était à peine rendu depuis quelques minutes qu'une violente altercation se produisait, dans Piccadilly, entre le marquis de Queensberry et son fils aîné, le jeune lord Alfred Douglas. Tous deux venaient de quitter la cour, d'où ils remportaient, on le pense bien, des impressions fort différentes; à la vue l'un, de l'autre, ils parurent également exaspérés et échangèrent une première volée de coups de canne. Un policeman les sépara, - non sans avoir reçu pour sa peine, en pleine mâchoire, un coup qui lui cassa plusieurs dents. Quelques pas plus loin, nouvelle scène de boxe, au cours de laquelle le père offensé pocha l'oeil de son fils. On alla se calmer dans la station de police de Vine street, où le premier marquis d'Ecosse et le futur chef de la famille des Douglas furent formellement accusés d'avoir causé du désordre dans la rue. Ils furent remis, en liberté sous caution de 50 francs chacun.

Londres, 22 mai. -- Lord Queesberry et son fils ainé ont comparu aujourd'hui devant le tribunal de police pour désordre dans la rue.

Le tribunal les a condamnés à fournir caution de 500 livres comme garantie que pendant six mois il ne se produirait pas de querelle entre eux en public.

D'après une interview qu'il a accorder à un représentant du New-York Herald, le marquis de Queensberry serait très satisfait de sa rencontre avec le jeune lord Alfred:

« Mon fils et moi (aurait il déclaré) nous nous étions fait pas mal de mauvais sang l'un contre l'autre... Eh! bien, il a coulé, nous en avons perdu une partie! En tout cas, je me sens incliné envers ce garçon à plus de bienveillance que je n'en avais éprouvé depuis des années et j'imagine qu'il a aussi meilleure opinion de moi. »

Le marquis fait observer au journaliste que le jeune lord a été deux fois agresseur: « C'est que, dit-il pour l'excuser, le verdict du jury l'a irrité. Et puis il a mal pris une innocente plaisanterie que je m étais permise. »

Le marquis exhibe alors une illustration représentant un iguanodon, dont l'image irrésistiblement comique, avait paru dans une revue hebdomadaire; et il confesse en avoir envoyé un exemplaire à la mère de lord Alfred Douglas (sa femme divorcée), avec ces mots: «Un possible ancêtre d'Oscar Wilde.»

Procès Wilde

Londres, 22 mai. -- L'affaire Oscar Wilde a commencé ce matin devant la Cour d'assises. Qscar Wilde entre à dix heures et demie. Il est beaucoup plus pâle qu'hier. On dirait qua le résultat du procès Taylor l'a sérieusement affecté.

Le ministère public développa l'accusation avec une grande précision.

Bien que les, faits reprochés à Oscar Wilde soient de ceux qui s'accomplissent dans la solitude la plus absolue, des preuves suffisamment précises seront présentées.

Le premier témoin appelé, Shelley, raconte les faits que nous connaissons déjà.

Pendant qu'il parle, le marquis de Queensberry entre dans la salle. Sa figure ne porte aucune trace d'émotion, malgré sa récente rencontre avec son fils.

Alfred Wood donne son témoignage qui est déjà connu.

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