La Gazette de France - Wednesday, April 24, 1895

Il est possible que les prisonniers déférés vendredi à la cour d’assises d’Old Bailey. Oscar Wilde et Taylor, comparaissent devant le jury dès vendredi prochain, mais la date ne sera définitivement arrêtée que lundi.

Les conseils d’Oscar Wilde prétextant la santé de leur client se proposent de faire de nouvelles démarches pour obtenir sa mise en liberté provisoire sous caution. Cette mesure pourrait leur être accordée nonobstant la décision prise à la fin de l’audience d’hier par le juge, sir John Bridge qui préside le tribunal de police de Bow Street. En effet, Wilde et Taylor ne relèvent plus de ce magistrat, mais bien de celui désigné pour diriger les débats de leur procès criminel, et ce dernier peut, dès aujourd’hui, prendre à l’égard des prisonniers telle mesure qu’il lui paraîtra convenable. Les conseils de Wilde ont délibéré sur ce point.

Qu’ils acceptent le débat pour vendredi ou qu’ils réclament, comme ils en ont le droit, l’ajournement à la session prochaine, Wilde ne saurait être libéré que quarante-huit heures après la demande régulière, la justice se réservant toujours de faire procéder à une enquête sur la légitimité des motifs invoqués. On regarde d’ailleurs comme peu probable que la caution soit admise.

Le Journal - Tuesday, April 23, 1895

Londres, 22 avril.

Il est possible que les prisonniers déférés vendredi à la cour d'assises d'Old-Bailey, Oscar Wilde et Taylor, comparaissent devant le jury dès vendredi prochain, mais la date ne sera définitivement arrêtée que lundi.

Le jeune lord Alfred Douglas vient d'adresser aux journaux une lettre dans laquelle il prend vivement la défense de son ami. En voici quelques extraits:

Je sais ce que je risque en élevant ma voix pour protester contre les hurlements de la meute qui pousse M. Wilde à la ruine; bien plus, je suis convaincu que le public a déjà résolu de me juger, moi, comme il juge quiconque figure en cette affaire, c'est-à-dire suivant les évaluations de M. Carson (avocat de lord Queensberry). Il va sans dire que je suis fils ingrat, qui dans sa folie et son arrogance a frappé son tendre et bon père et qui a aggravé sa faute en ne se frappant pas la face après la déconfiture de ses amis.

Je n'ai nulle intention d'expliquer mon attitude ou de me défendre. Tout ce que je désire faire remarquer, c'est que M. Oscar Wilde a été jugé par les journaux avant de l'être par un jury, que par conséquent un préjugé défavorable a été créé contre lui dans le public d'où seront choisis les membres du jury et qu'il est pratiquement livré, pieds et poings liés, à une lâche et brutale populace.

Lord Alfred Douglas discute ensuite une parole de sir John Bridge, concernant la nature des crime imputés à Oscar Wilde et la déclare contraire à l'esprit comme à la lettre de la loi. Il conclut ainsi:

Si un magistrat de police, ayant vingt ans d'expérience de la justice, se laisse aller à formuler des appréciations si préjudiciables à l'accusé, que peut-on attendre des hommes qui composeront, à Old-Bailey, le jury de ce que la loi appelle, avec tant d'humour, les «pairs» de M. Wilde?

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