Previous report Le Journal - Sunday, December 15, 1895
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A PROPOS D'OSCAR WILDE

Nous avons reçu la lettre suivante :

Je ne lis que ce matin, lundi, l'article si renseigné et si courtois de votre collaborateur M. Conte, à propos d'Oscar Wilde et de notre conduite, à Merrill et à moi.

En l'absence du poète des Fastes, je prends seul la parole, certain qu'il m'approuvera :

1° L'initiative prise par nous en France était secondée par notre ami, l'écrivain anglais Robert Sherard ; voilà pour l'exactitude de nos renseignements.

2. La pétition n'a été envoyée à personne ; ce qui vous donne la mesure de la véracité des affirmations de M. Conte, écrivant « qu'elle nous est revenue vierge de signatures »!

3° Merrill a été informé de Londres que Wilde était transféré d'une prison dans une autre ; que satisfaction serait donnée aux écrivains réclamant pour leur confrère ; que la pétition devenait sans objet (nous l'avons supprimée). Le transfert est exact, M. Conte le constate. Pour le reste, si nous avons été trompés, notre loyauté ne peut être mise en doute.

Le langage de votre collaborateur a été plus que léger : nous venons demander à votre loyauté, à vous, l'insertion de cette lettre, si, de lui-même, M. Conte ne juge pas bon de rectifier certaines épithètes pour lesquelles Stuart Merrill et votre serviteur-ont droit à une autre solution.

A vous cordialement,
LÉON DESCHAMPS.

Nous avons communiqué cette lettre à notre ami, M. Edouard Conte. Voici sa réponse :

« La pétition n'a été envoyée à personne », déclare M. Deschamps. Mais, n'osant pas l'envoyer d'abord, on a tâté, par le moyen d'interviews, les hommes de lettres en vue. On connaît leur opinion. J'ai donc sujet de dire que la pétition n'a pas donné.

« M. Merrill a été informé de Londres que satisfaction serait donnée aux écrivains reclamant pour leur confrère ». A été informé par qui ? Comme cela est vague ! Le terme « réclamant » est bien impropre. Dans un cas comme celui-ci, on ne réclame pas, on intercède. Puis, quelle contradiction de prétendre que satisfaction serait donnée à une pétition que personne encore n'a signée : c'est absurde. A moins que ces écrivains réclamant ne soient pas le poète des Fastes et M. Léon Deschamps eux-mêmes ! Se figure-t-on ces deux messieurs, parlant au nom des écrivains français. Absurde et bouffon.

Quand au dernier alinéa de la lettre de M. Léon Deschamps, je n'en fais aucun cas.

EDOUARD CONTE.

ABOUT OSCAR WILDE

We received the following letter:

I only read this morning, Monday, the very well-informed and courteous article by your collaborator Mr. Conte, about Oscar Wilde and our conduct, Merrill and me.

In the absence of the poet of Les Fastes, I speak alone, certain that he will approve of me:

1° The initiative taken by us in France was seconded by our friend, the English writer Robert Sherard; so much for the accuracy of our information.

2. The petition was not sent to anyone; which gives you the measure of the veracity of Mr. Conte's assertions, writing “that it came back to us unsigned”!

3° Merrill was informed from London that Wilde was transferred from one prison to another; that satisfaction would be given to writers claiming for their colleague; that the petition became moot (we deleted it). The transfer is exact, Mr. Conte notes it. For the rest, if we have been deceived, our loyalty cannot be doubted.

The language of your collaborator was more than light: we come to ask your loyalty, to you, the insertion of this letter, if, of himself, Mr. Conte does not see fit to rectify certain epithets for which Stuart Merrill and yours truly are entitled to another solution.

Yours sincerely,
LEON DESCHAMPS.

We communicated this letter to our friend, Mr. Edouard Conte. Here is his response:

"The petition has not been sent to anyone," says Mr. Deschamps. But, not daring to send it first, we tried out, by means of interviews, prominent men of letters. We know their opinion. I therefore have reason to say that the petition did not work.

"Mr. Merrill has been informed from London that satisfaction will be given to writers claiming for their colleague". Was informed by whom? How vague! The term “complainant” is quite inappropriate. In a case like this, we do not claim, we intercede. Then, what a contradiction to claim that satisfaction would be given to a petition that no one has yet signed: it is absurd. Unless these claiming writers are not the poet of Les Fastes and M. Léon Deschamps themselves! Imagine these two gentlemen speaking in the name of French writers. Absurd and buffoonish.

As for the last paragraph of Mr. Léon Deschamps' letter, I don't care.

EDWARD CONTE.

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