CHRONIQUE

Le procès retentissant d’Oscar Wilde n’est pas terminé. Il faut que l'accusé attende en prison un jury unanime. La pudibonde Angleterre, désireuse de prouver l’exception, l'anomalie, la monstruosité, — elle oublie ses télégraphistes et les noms aristocratiques tus à l’audience, — s’acharne si rageusement sur cet esthète déséquilibré qu'elle finira par nous rendre indulgents à son égard. Le public français d’ailleurs, bien que ne pratiquant aucunement le vice reproché, n’a pas de ces fureurs protestantes. On a retiré toutes les pièces de l'accusé anglais du théâtre, avant qu’il fût convaincu, alors que les Parisiens assistaient sans remords au Chilpéric d’Hervé, un esthète du passé, condamné, lui, et qui devait se rendre sur la scène où on l’applaudissait, encadré de deux agents de la Sûreté, le prenant à Mazas, à l'heure où la rampe s’allumait, l’attendant dans les coulisses, elle le réintégrant dans sa cellule, le rideau tombé.

Oscar Wilde comptait, parait-il, sur un acquittement. Il avait attribué à sa défense hardiment présentée une force persuasive et une vertu absolutive qui n’ont produit d'effet que sur deux jurés. L’invocation aux traditions bibliques et païennes a paru toucher ces deux sages anglais, évidemment humanistes et qui volontiers ont confondu Oscar avec Alcibiade. L’esthète a affirmé que l’amour pur, insexué, idéalement chaste, pouvait exister entre personnes ayant même caractéristique physique. Il a cité des exemples. « C’est un amour, a-t-il dit avec emphase et conviction, que le siècle grossier ne comprend pas. C’est l’amour de David pour Jonathas. C'est l'amour que Platon, dans sa philosophie, décrit comme le commencement de la sagesse. » Les deux jurés ont été d’avis qu’Oscar avait été un sage. Ils ont certainement des idées particulières sur la philosophie.

Oscar Wilde comptait, paraît-il, sur un acquittement. Il avait attribué à sa défense hardiment présentée une force persuasive et une vertu absolutive qui n’ont produit d’effet que sur deux jurés. L’invocation aux traditions bibliques et païennes a paru toucher ces deux sages anglais, évidemment humanistes et qui volontiers ont confondu Oscar avec Alcibiade. L’esthète a affirmé que l’amour pur, insexué, idéalement chaste, pouvait exister entre personnes ayant la même caractéristique physique. Il a cité des exemples. « C’est un amour, a-til dit avec emphase et conviction, que le siècle grossier ne comprend pas. C’est l’amour de David pour Jonathas. C’est l’amour que Platon, dans sa philosophie, décrit comme le commencement de la sagesse » Les deux jurés ont été d’avis qu’Oscar avait été un sage. Ils ont certainement des idées particulières sur la philosophie.

Il est possible cependant que les deux jurés, ainsi qu’Oscar, aient raison et qu’on ait de fâcheux préjugés sur les mœurs antiques. Les anciens, maîtres si souvent vénérés, suivis, cités, nous deviennent suspects quand ils chantent leurs amitiés. Au lycée, on ne nous donnait point à traduire l'églogue fameuse de Virgile, ce qui nous inspirait un désir vif de la connaître. A l’insu de mes vertueux professeurs, je l'ai, à coup de Quicherat, translatée. J’avoue n'avoir nullement compris alors l’interversion. Encore à l'heure actuelle, moins collégien, ayant lu le savant traité du docteur Moll, de Berlin, sur les perversions de l’instinct génital, je ne puis m’expliquer la réprobation qui frappe cette deuxième églogue. Il est même permis d’être stupéfait de l'interprétation qu’on en donne. Il s’agit, vous vous en souvenez, d’un certain Corydon, berger, qui éprouvait de l’affection ardebat, dit le texte, pour un nommé Alexis, domestique favori de lolas, maître jaloux. Pour un homme de la campagne, Corydon exprimait ses sentiments en lettré digne de l’estime de M. Gaston Boissier. Il usait de la métaphore et abusait de la périphrase. Pour indiquer qu'il était midi, Corydon disait à ce valet de charrue, qui devait être également un latinisée distingué : « Voici l’heure où les troupeaux eux-mêmes cherchent l’ombre et la fraîcheur ; où le vert lézard se cache sous les buissons ; où la ménagère broie pour les moissonneurs, las de la chaleur du jour, l’ail, le serpolet et les herbes odorantes ». Il lui faisait sonner, en hexamètres d’or pur, ses richesses aux oreilles : troupeaux aux étables, mille brebis errant sur les montagnes de Sicile, du laitage été comme hiver. Il ajoutait qu’il jouait agréablement du flageolet. Ce talent de société lui avait été enseigné par Pan lui-même, le grand Pan, qui alors n’était pas mort et protégeait les brebis et les pasteurs. Enfin il lui proposait des cadeaux, une belle flûte à sept tuyaux, deux jeunes chevreuils à la mamelle. La ménagère, Thestylis, les demandait. Elle les recevra, puisqu’Alexis est rétif à l’offre que lui fait Corydon de le prendre à son service.

Il s’agit, vous vous en souvenez, d’un certain Corydon, berger, qui éprouvait de l’affection, ardebat, dit le texte, pour un nommé Alexis, domestique favori de Lolas, maître jaloux. Pour un homme de la campagne, Corydon exprimait ses sentiments en lettré digne de l’estime de M. Gaston Boissier. Il usait de la métaphore et abusait de la périphrase. Pour indiquer qu’il était midi, Corydon disait à ce valet de charrue, qui devait être également un latiniste distingué: « Voici l’heure où les troupeaux eux-mêmes cherchent l’ombre et la fraîcheur; où le vert lézard se cache sous les buissons; où la ménagère broie pour les moissonneurs, las de la chaleur du jour, l’ail, le serpolet et les gerbes odorants ». Il lui faisait sonner, en héxamètres d’or pur, ses richesses aux oreilles: troupeaux aux étables, mille brebis errant sur les montagnes de Sicile, du laitage été comme hiver. Il ajoutait qu’il jouait agréablement du flageolet. Ce talent de société lui avait été enseigné par Pan lui-même, le Grand Pan, qui alors n’était pas mort et protégeait les brebis et les pasteurs. Enfin il lui proposait des cadeaux, une belle flûte à sept tuyaux, deux jeunes chevreuils à la mamelle. La ménagère, Thestylis, les demandait. Elle les recevra, puisqu’Alexis est rétif à l’offre que lui avait fait Corydon de le prendre à son service.

Il a fallu des luxures intenses, résorbées dans les cerveaux savants et des imaginations débordantes de vices à nos doctes pédagogues pour voir dans cette poésie champêtre une ode à la Venus mâle. Tout tient dans l’interprétation du verbe ardebat, qui peut signifier aussi bien désirer, comme on souhaite avoir un jardin, un cheval, une bicyclette, que brûler d’amour. Ces traductions libres sont osées. Elles engendrent la diffamation historique. Parfois on s’aperçoit du contresens. C’est ainsi qu’on a reconnu après coup que les quelques odes conservées de cette pauvre Sapho s’adressaient non à une amante, mais à un beau guerrier, et qu'à tort on l’avait, durant des siècles universitaires, fait passer pour être de la garde nationale de Lesbos.

Il a fallu des luxures intenses, résorbées dans les cerveaux savants et des imaginations débordantes de vice à nos doctes pédagogues pour voir dans cette poésie champêtre une ode à la Vénus mâle. Tout tient dans l’interprétation du verbe ardebat, qui peut signifier aussi bien désirer, comme on souhaite avoir un jardin, un cheval, une bicyclette, qui brûlait d’amour. Ces traductions libres sont osés. Elles engendrent la diffamation historique. Parfois on s’aperçoit du contre-sens. C’est ainsi qu’on a reconnu après coup que les quelques odes conservées de cette pauvre Sapho s’adressaient non pas à une amante, mais à un beau guerrier, et qu’à tort on l’avait, durant des siècles universitaires, fait passer pour être de la garde nationale de Lesbos.

Trop aventureuses, trop malveillantes sont nos gloses. Horace a été indignement chargé d’un péché asphaltique qu’il ne commettait pas, qu’il n’a pas célébré dans ses vers. Il faut la curieuse investigation d’un casuiste espagnol et son intuition folichonne pour faire de l’amant de Lydie, de Lalagé, de Chloris, un ancêtre du Taylor londonien, parce qu’il a adressé ce compliment à son jeune esclave : « Le myrte sied bien a ton front, lorsque tu remplis ma coupe ». On n’est pas un justiciable de la cour anglaise parce qu’on aura dit à un boy sur le paquebot, vous apportant un grog : « John, vous avez une casquette qui vous va bien ». L’esprit en tout ceci est plus prompt que la chair. Est-ce que le Banquet de Platon n’a pas été commenté en dépit de la justice ? L'amitié de disciple à maître doit-elle donc être imputée à crime ? Les Grecs, plus délicatement pourvus que nous de sensations et de sentiments, admettaient et pratiquaient l’amour unisexuel, dégagé de toute visée charnelle. Il est impossible que tous ces grands esprits aient été des pourceaux. Qu’il y ait eu des hommes dépravés, des débauchés cherchant des raffinements, des complications, des interversions dans les plaisirs des sens, c’est certain. Les empereurs, les rois, les despotes orientaux, on peut les abandonner. Le commun des viveurs d'Athènes ou de Rome pareillement. Il n'y a pas à se méprendre sur les mœurs décrites par le Marseillais Pétione Arbiter. Mais de même que dans nos romans, dans nos pièces, se rencontrent des crimes, des attentats qui, pour se reproduire ici et là dans la réalité, ne sont cependant point l’ordinaire événement de notre existence, il est permis de croire que les vices décrits avec plus ou moins d’indulgence par les auteurs étaient exceptionnels, et non un état endémique. Encore moins faut-il accuser les écrivains de les avoir pratiqués. Un romancier peut entasser dans ses conceptions les viols, les adultères, les incendies et les empoisonnements sans qu’il soit permis de lui attribuer une scélératesse susceptible d’exécuter ce qu'il narre. Le juge anglaise a eu raison de déclarer qu'on avait trop parlé littérature au tribunal. C’est l’homme et non l’écrivain qu'on jugeait.

Toute la raison répugne à admettre que Socrate, contre lequel la postérité pédante a perpétué la calomnie qui lui valut la ciguë, qu’Epaminondas, le pur héros qui aimait un certain Mycitos, que les deux vaillants guerriers virgiliens Nisus et Euryale, que le légion thébaine tout entière, cette phalange d’immortels patriotes, n’aient été qu’une bande de drôles dépravés. L’amitié grecque n’était pas l’amour infâme des lords et des petits télégraphistes. L’Iliade, repose toute entière sur les relations chères qui unissaient Achille à Patrocle. C’est pour venger son ami que l’invincible Achéen oublie son ressentiment, rompt son serment, saute sur ses armes et va combattre Hector et ruiner Troie. Achille, un collègue de ces polissons efféminés qui font chanter les déséquilibrés de l’amour ! Les trois cents superbes soldats qui formaient le bataillon sacré et tombèrent à Chéronée pour la patrie, un ignoble harem d’êtres dégradés ! Non, cela révolte et ne peut être vrai ! Nos érudits se sont abusés. Ils ont imité, en commentant les classiques, ce personnage femelle de Zola, Mme Levrat, qui devinait dans la phrase la plus simple un sous-entendu obscène. Oscar Wilde, pour sa défense, s’est recommandé de l’Ancien Testament. N’est-il pas dit, au livre des rois, que David aimait Jonathas comme l’on aime son âme ? Et Saül, qui avait, lui aussi, le soupçon prompt, ne reprochait-il pas à son fils comme un crime cette amitié ?

L’accusé aurait pû invoquer également le verset 23 du chap. 13 du Nouveau Testament où on nous montre « l’un des apôtres que Jésus aimait reposant sur son sein ».

L’accusé aurait pu invoquer également le verset 23 du chap. 13 du Nouveau Testament où on nous montre « l’un des apôtres que Jésus aimait reposant sur son sein ».

On a été injuste envers cette lumineuse antiquité dont pas un des dieux, car l’épisode de Ganymêde ne prouve rien, ne fut gratifié du vice pratiqué à Londres. Et les divinités de l'Olympe reflétaient l’humanité, partageaient ses passions, se mêlaient à ses combats, à ses amours.

On a été injuste envers cette lumineuse antiquité dont pas un des dieux, car l’épisode de Ganymède ne prouve rien, ne fut gratifié du vice pratiqué à Londres. Et les divinités de l’Olympe reflétaient l’humanité, partageaient ses passions, se mêlaient à ses combats, à ses amours.

Il n’est pas sûr du tout qu’Oscar Wilde soit accusé à tort, mais il est certain qu’on a calomnié Socrate, Platon, Achille, Patrocle, Nisus et Euryale, la légion des héros thébains et le plus mignon des apôtres.

Il n’est pas sûr du tout qu’Oscar Wilde soit accusé à tort, mais il est certain qu’on calomnie Socrate, Platon, Achille, Patrocle, Nisus et Euryale, la légion des héros thébains et le plus mignon des apôtres.

CHRONIC

Oscar Wilde's resounding trial is not over. The accused must wait in prison for a unanimous jury. Prudish England, desirous of proving the exception, the anomaly, the monstrosity — she forgets her telegraphers and the aristocratic names concealed in court — so furiously pursues this unbalanced aesthete that she will end up making us indulgent towards him. The French public, moreover, although in no way practicing the reproached vice, has none of these Protestant rages. We withdrew all the plays of the accused English from the theater before he was convinced, while the Parisians watched without remorse at Chilpéric by Hervé, an aesthete from the past, condemned, and who had to go to the scene where he was applauded, flanked by two police officers, picking him up at Mazas, at the hour when the footlights came on, waiting for him in the wings, she reinstating him in his cell, the curtain down.

Oscar Wilde was counting, it seems, on an acquittal. He had attributed to his boldly presented defense a persuasive force and an absolutive virtue which only produced an effect on two jurors. The invocation to biblical and pagan traditions seemed to touch these two English sages, obviously humanists and who willingly confused Oscar with Alcibiades. The esthete claimed that pure, sexless, ideally chaste love could exist between people with the same physical characteristic. He cited examples. "It's a love," he said emphatically and with conviction, "that the coarse century does not understand." It is David's love for Jonathan. It is love that Plato, in his philosophy, describes as the beginning of wisdom. Both jurors were of the opinion that Oscar had been a sage. They certainly have particular ideas about philosophy.

It is possible, however, that the two jurors, as well as Oscar, are right and that we have regrettable prejudices about ancient customs. The ancients, masters so often venerated, followed, quoted, become suspect to us when they sing of their friendships. In high school, we were not given the opportunity to translate Virgil's famous eclogue, which inspired us with a strong desire to know it. Without the knowledge of my virtuous professors, I have, with a stroke of Quicherat, translated it. I confess that I did not at all understand the inversion at the time. Even today, less of a schoolboy, having read the learned treatise of Doctor Moll, of Berlin, on the perversions of the genital instinct, I cannot explain to myself the reprobation which strikes this second eclogue. It is even permissible to be amazed at the interpretation given to it. It is, you remember, a certain Corydon, shepherd, who felt affection ardebat, says the text, for a named Alexis, favorite servant of lolas, jealous master. For a country man, Corydon expressed his feelings as a scholar worthy of M. Gaston Boissier's esteem. He used metaphor and abused periphrasis. To indicate that it was noon, Corydon said to this ploughman, who must also have been a distinguished Latinized: “This is the hour when the herds themselves seek shade and coolness; where the lizard green hides under the bushes; where the housewife grinds for the reapers, weary of the heat of the day, garlic, wild thyme and fragrant herbs”. He made her ring, in hexameters of pure gold, her riches in her ears: herds in the stables, a thousand sheep wandering on the mountains of Sicily, dairy in summer and winter. He added that he played the flageolet pleasantly. This talent for society had been taught to him by Pan himself, the great Pan, who then was not dead and protected the sheep and the shepherds. Finally he offered her presents, a beautiful seven-pipe flute, two young deer at the breast. The housekeeper, Thestylis, asked for them. She will receive them, since Alexis is reluctant to Corydon's offer to take him into her service.

It took intense lusts, reabsorbed in learned brains and imaginations overflowing with vices of our learned pedagogues to see in this rural poetry an ode to the male Venus. Everything depends on the interpretation of the verb ardebat, which can mean just as well to desire, as one wishes to have a garden, a horse, a bicycle, or to burn with love. These free translations are daring. They engender historical defamation. Sometimes we notice the misinterpretation. This is how it was recognized after the fact that the few preserved odes of this poor Sappho were addressed not to a lover, but to a handsome warrior, and that it had been wrongly made, during university centuries, pass for being from the national guard of Lesbos.

Too adventurous, too malevolent are our glosses. Horace was unworthily charged with an asphaltic sin which he did not commit, which he did not celebrate in his verses. It takes the curious investigation of a Spanish casuist and his foolish intuition to make the lover of Lydie, of Lalage, of Chloris, an ancestor of the London Taylor, because he addressed this compliment to his young slave: "The myrtle befits your forehead when you fill my cup. One is not a litigant of the English court because one will have said to a waiter on the steamer, bringing you a grog: "John, you have a cap which suits you well". The spirit in all this is quicker than the flesh. Has Plato's Banquet not been commented upon in spite of justice? Should the friendship of disciple with master be imputed to a crime? The Greeks, more delicately endowed than us with sensations and feelings, admitted and practiced unisexual love, freed from any carnal aim. It is impossible that all these great minds were swine. That there were depraved men, debauchees seeking refinements, complications, inversions in the pleasures of the senses, that is certain. Emperors, kings, oriental despots, we can abandon them. The common people of Athens or Rome alike. There is no mistaking the mores described by the Marseillais Pétione Arbiter. But just as in our novels, in our plays, we encounter crimes, attacks which, although they recur here and there in reality, are nevertheless not the ordinary event of our existence, it is permissible to believe that vices described with more or less leniency by the authors were exceptional, and not an endemic condition. Even less should we accuse writers of having practiced them. A novelist can cram into his conceptions rapes, adulteries, fires and poisonings without it being permitted to attribute to him a villainy capable of executing what he narrates. The English judge was right to declare that too much literature had been talked about in court. It was the man and not the writer who was judged.

All reason is repugnant to admitting that Socrates, against whom pedantic posterity perpetuated the calumny which earned him the hemlock, that Epaminondas, the pure hero who loved a certain Mycitos, that the two valiant Virgilian warriors Nisus and Euryale, that the legion whole Theban, this phalanx of immortal patriots, were only a bunch of depraved people. Greek friendship was not the infamous love of lords and petty telegraphers. The Iliad is entirely based on the dear relations which united Achilles to Patroclus. It is to avenge his friend that the invincible Achaean forgets his resentment, breaks his oath, jumps on his arms and goes to fight Hector and ruin Troy. Achille, a colleague of those effeminate pranks who make the unbalanced of love sing! The three hundred superb soldiers who formed the sacred battalion and fell at Chaeronea for their country, an ignoble harem of degraded beings! No, that is revolting and cannot be true! Our scholars have deceived themselves. They imitated, in commenting on the classics, that female character of Zola, Madame Levrat, who divined an obscene innuendo in the simplest sentence. Oscar Wilde, in his defense, recommended himself from the Old Testament. Is it not said in the Book of Kings that David loved Jonathan as one loves his soul? And Saul, who was also quick to suspect, did he not reproach his son as a crime for this friendship?

The accused could also have relied on verse 23 of chap. 13 of the New Testament where we are shown “one of the apostles whom Jesus loved resting in his bosom”.

We have been unjust towards this luminous antiquity of which not one of the gods, for the episode of Ganymede proves nothing, was gratified by the vice practiced in London. And the deities of Olympus reflected humanity, shared its passions, mingled with its battles, its loves.

It is not at all certain that Oscar Wilde is wrongly accused, but it is certain that Socrates, Plato, Achilles, Patroclus, Nisus and Euryale have been slandered, the legion of Theban heroes and the cutest of the apostles.