LA POLITIQUE

Un congrès pénitentiaire international se réunit à Paris dans quelques jours. Toutes les nations européennes y seront représentées. Déjà on a fait connaître par des questionnaires les thèses qui y seront débattues ; elles ont pour point de départ un sentiment de mansuétude, un désir d’amélioration morale du détenu. La persuasion, la douceur, l’émulation par les récompenses sont les moyens préconisés pour le relèvement de l’homme soumis à la servitude pénale.

J’imagine qu’il se trouvera bien un membre du congrès pour interpeller les délégués de l’Angleterre sur le hard labour. La détention d’Oscar Wilde a révélé la barbarie du système pénitentiaire en usage dans la Grande-Bretagne. Qu’Oscar Wilde y soit soumis ou non, peu importe. Il reste certain qu’aujourd’hui de véritables tortures physiques sont imposées aux prisonniers anglais. Le supplice du tread-mill est une peine légale appliquée journellement. Le prisonnier en sort anéanti et quelquefois mortellement blessé.

On a peine à comprendre qu’un usage aussi abominable persiste chez un peuple qui a la prétention de marcher à la tête de la civilisation. Les scènes dont les prisons anglaises sont le théâtre nous rappellent les férocités de la justice au moyen âge.

Les délégués anglais ont le devoir de s’expliquer devant le congrès.

Nos voisins d’outre-Manche se piquent de philanthropie. Ils publient des revues sur le système pénitentiaire, lisent la Bible aux détenus et édifient des prisons superbes. Tout cela est très bien, mais je demande s’ils ont la prétention d’inspirer aux détenus l’amour du travail en les contraignant, à coups de fouet, à un labeur rebutant, stupide, et s’ils croient assurer leur relèvement moral en les attachant à une machine qui, au moindre faux mouvement leur brise les jambes.

Hippolyte Gomot.

POLITICS

An international prison congress is meeting in Paris in a few days. All European nations will be represented there. Already we have made known by questionnaires the theses which will be debated there; they have as their point of departure a feeling of indulgence, a desire for the moral improvement of the prisoner. Persuasion, gentleness, emulation through rewards are the means advocated for the recovery of man subjected to penal servitude.

I imagine that there will be a member of Congress to challenge the delegates from England on hard ploughing. Oscar Wilde's detention revealed the barbarity of the penitentiary system in use in Great Britain. Whether Oscar Wilde is subject to it or not, it doesn't matter. It remains certain that today real physical tortures are imposed on English prisoners. The tread-mill torture is a daily legal punishment. The prisoner emerges annihilated and sometimes mortally wounded.

It is difficult to understand that such an abominable custom persists among a people who claim to march at the head of civilization. The scenes of which English prisons are the theater remind us of the ferocities of justice in the Middle Ages.

The English delegates have the duty to explain themselves before the congress.

Our neighbors across the Channel pride themselves on philanthropy. They publish journals on the prison system, read the Bible to inmates, and build beautiful prisons. All this is very good, but I ask if they claim to inspire the prisoners with a love of work by forcing them, with whips, into repulsive, stupid work, and if they believe they are ensuring their moral upliftment. by tying them to a machine which, at the slightest false move, breaks their legs.

Hippolyte Gomot.

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