L'ART ET LA VERTU

Un véritable autodafé des œuvres de l'esthète Oscar Wilde s'accomplit en ce moment sur toute l'étendue du territoire anglo-américain. La Morale préside, ayant pour assesseurs le Bigotisme et l’Hypocrisie. De Londres à Chicago, poèmes, romans, comédies, portant le nom devenu infâme du bouc émissaire chargé de tous les péchés anglicans, montent en fumée expiatoire jusqu'au trône de l'Eternel. Est-il si irrité que les puritains le disent, le Sabaoth des armées du salut, parce qu’un garçon, fortement toqué, a commis des contre-sens dans l'interprétation de l’universelle loi d'amour ? Il n’avait qu’à mieux construire la machine humaine, le divin forgeron. Toute faute dont l’architecture physique de la créature permet l’accomplissement retombe un peu sur le créateur.

Un véritable autodafé des œuvres de l'esthète Oscar Wilde s'accomplit en ce moment sur toute l'étendue du territoire anglo-américain. La Morale préside, ayant pour assesseurs le Bigotisme et l’Hypocrisie. De Londres à Chicago, poèmes, romans, comédies, portant le nom devenu infâme du bouc émissaire chargé de tous les péchés anglicans, montent en fumée expiatoire jusqu'au trône de l'Eternel. Est-il si irrité que les puritains le disent, le Sabaoth des armées du salut, parce qu’un garçon, fortement toqué, a commis des contre-sens dans l'interprétation de l’universelle loi d'amour ? Il n’avait qu’à mieux construire la machine humaine, le divin forgeron. Toute faute dont l’architecture physique de la créature permet l’accomplissement retombe un peu sur le créateur.

Les inquisiteurs espagnols brûlant le livre hérétique, avec l’auteur qui l’avait écrit, prouvaient une logique qui fait défaut aux incinérateurs des œuvres d’Oscar Wilde. Ils punissaient la pensée estimée criminelle et anéantissaient sa trace, sa propagande, sa puissance. On supprimait ainsi la contagion.

Les inquisiteurs espagnols brûlant le livre hérétique, avec l’auteur qui l’avait écrit, prouvaient une logique qui fait défaut aux incinérateurs des œuvres d’Oscar Wilde. Ils punissaient la pensée estimée criminelle et anéantissaient sa trace, sa propagande, sa puissance. On supprimait ainsi la contagion.

Les libraires de Londres et de New-York, en retirant, avec des pincettes, les volumes signés Oscar Wilde étalés sur leurs rayons, s'maginent-ils anéantir le vice pour lequel l’auteur est déféré aux tribunaux ? Ces « booksellers » sont d’impudents tartuffes, désireux de gratter la tartufferie anglicane là où elle démange. Les ouvrages de Wilde ne contenaient aucune hérésie sexuelle. Si l’on avait le courage de parcourir ce fatras de sottises, de prétentieuses bizarreries, de platitudes emphatiques, de divagations plus ou moins sonores et de stupéfiantes obscurités, — tout le fatras ordinaire de nos déliquescents, on en retirerait une impression d'ennui carabiné, mais rien d’anormal, de licencieux, de dépravé. Les poèmes, les pièces, les nouvelles, les romans de l’esthète au nom devenu ignominieux sont plutôt chastes. Le juge le plus adroit, le plus vicieux aussi, car il faut au bon magistrat, comme à l’excellent confesseur, une érudition lubrique intense et une science approfondie de toutes les aberrations passionnelles, ne trouverait pas dans ses vingt mille vers et ses cinquante mille lignes deux épithètes à joindre au dossier. Oscar n'avait pas de sexe devant sa table à écrire. Il était éthéré, nuageux, candide, un ange aux ailes immaculées. La proscription dont ses écrits sont en ce moment l’objet est donc absurde autant que misérable. Aucune souillure contagieuse n'était à craindre pour les lecteurs. En cachant, comme des objets honteux, ces livres simplement insignifiants et ennuyeux, en les purifiant par le pilon, la librairie anglo-américaine proclame une fois de plus l’hypocrisie de sa clientèle et le mensonge moral dont elle est coutumière. La destruction même des écrits de l’ami du jeune lord Douglas prouve leur innocence. S'ils avaient contenu la moindre particularité sur les relations de l'auteur avec les grooms aux joues rosées qu'il traitait en cabinet particulier, toute la séquelle des prédicants, des teatotallers, des salutistes, des quakers, se fût ruée aux librairies et l’on eût, oh! dans l’arrière-boutique obscure, écoulé les éditions à la douzaine. Il n’y avait rien de shocking et d’improper dans ces vagues et incohérentes productions : donc, au cuvier ! Ainsi, sans se priver d'une délectation, la vertueuse Albion montre à l’univers sa rigoureuse moralité.

Les libraires de Londres et de New-York, en retirant, avec des pincettes, les volumes signés Oscar Wilde étalés sur leurs rayons, s'maginent-ils anéantir le vice pour lequel l’auteur est déféré aux tribunaux ? Ces « booksellers » sont d’impudents tartuffes, désireux de gratter la tartufferie anglicane là où elle démange. Les ouvrages de Wilde ne contenaient aucune hérésie sexuelle. Si l’on avait le courage de parcourir ce fatras de sottises, de prétentieuses bizarreries, de platitudes emphatiques, de divagations plus ou moins sonores et de stupéfiantes obscurités, — tout le fatras ordinaire de nos déliquescents, on en retirerait une impression d'ennui carabiné, mais rien d’anormal, de licencieux, de dépravé. Les poèmes, les pièces, les nouvelles, les romans de l’esthète au nom devenu ignominieux sont plutôt chastes. Le juge le plus adroit, le plus vicieux aussi, car il faut au bon magistrat, comme à l’excellent confesseur, une érudition lubrique intense et une science approfondie de toutes les aberrations passionnelles, ne trouverait pas dans ses vingt mille vers et ses cinquante mille lignes deux épithètes à joindre au dossier. Oscar n'avait pas de sexe devant sa table à écrire. Il était éthéré, nuageux, candide, un ange aux ailes immaculées. La proscription dont ses écrits sont en ce moment l’objet est donc absurde autant que misérable. Aucune souillure contagieuse n'était à craindre pour les lecteurs. En cachant, comme des objets honteux, ces livres simplement insignifiants et ennuyeux, en les purifiant par le pilon, la librairie anglo-américaine proclame une fois de plus l’hypocrisie de sa clientèle et le mensonge moral dont elle est coutumière. La destruction même des écrits de l’ami du jeune lord Douglas prouve leur innocence. S'ils avaient contenu la moindre particularité sur les relations de l'auteur avec les grooms aux joues rosées qu'il traitait en cabinet particulier, toute la séquelle des prédicants, des teatotallers, des salutistes, des quakers, se fût ruée aux librairies et l’on eût, oh ! dans l’arrière-boutique obscure, écoulé les éditions à la douzaine. Il n’y avait rien de shocking et d’improper dans ces vagues et incohérentes productions : donc, au cuvier ! Ainsi, sans se priver d'une délectation, la vertueuse Albion montre à l’univers sa rigoureuse moralité.

Cette exécution en effigie d’un écrivain, bon ou mauvais, cette irréversibilité sur l’œuvre, non coupable, de la pénalité et de la déchéance qui peuvent atteindre un homme reconnu guilty, condamnable, non pour ses écrits, mais pour ses actes, voilà une théorie contre laquelle, en France, il est permis de protester. Des tendances se manifestent déjà, chez nous vers cet absurde esprit britannique. Je rappellerai le cas d'Aristide Bruant, poète populaire d’une énergie intense, chantre des misères, ironique satiriste des vices et des difformités de son temps. Il ambitionnait, le bon Aristide, les palmes violettes. C'était pour lui une consécration officielle, un grade dans l’armée bourgeoise, où, grâce à ses économies, il s’apprêtait à faire quelque figure, devenant meunier dans le Gâtinais. Un personnage ayant la spécialité de présenter les sujets les plus convenables aux distinctions officielles, M. Camille Doucet, qui n’était pas un académicien, mais l’Académie même, appuyait la requête du chansonnier plébéien. Refus. Pourquoi ? Parce qu’Aristide n’avait pas de talent et que ses chansons étaient d'abominables rapsodies ? Personne, même dans l'entourage select du ministre de l'instruction publique, n’aurait osé lâcher cette bêtise. On a déclaré seulement Bruant indigne de porter la violette parce qu’il portait des bottes, et qu'il tenait un cabaret où l'on accueillait les gens aux cris de : « OhI la ! la ! c’te gueule ! c'te binette ! » Qu’est-ce que le costume et les vociférations du cabaret de Bruant ont de commun avec son talent ? Ce n’est pas comme cabaretier botté que Camille Doucet réclamait pour lui les palmes. O snobisme!

Cette exécution en effigie d’un écrivain, bon ou mauvais, cette réversibilité sur l’œuvre, non coupable, de la pénalité et de la déchéance qui peuvent atteindre un homme reconnu guilty, condamnable, non pour ses écrits, mais pour ses actes, voilà une théorie contre laquelle, en France, il est permis de protester. Des tendances se manifestent déjà, chez nous vers cet absurde esprit britannique. Je rappellerai le cas d'Aristide Bruant, poète populaire d’une énergie intense, chantre des misères, ironique satiriste des vices et des difformités de son temps. Il ambitionnait, le bon Aristide, les palmes violettes. C'était pour lui une consécration officielle, un grade dans l’armée bourgeoise, où, grâce à ses économies, il s’apprêtait à faire quelque figure, devenant meunier dans le Gâtinais. Un personnage ayant la spécialité de présenter les sujets les plus convenables aux distinctions officielles, M. Camille Doucet, qui n’était pas un académicien, mais l’Académie même, appuyait la requête du chansonnier plébéien. Refus. Pourquoi ? Parce qu’Aristide n’avait pas de talent et que ses chansons étaient d'abominables rapsodies ? Personne, même dans l'entourage select du ministre de l'instruction publique, n’aurait osé lâcher cette bêtise. On a déclaré seulement Bruant indigne de porter la violette parce qu’il portait des bottes, et qu'il tenait un cabaret où l'on accueillait les gens aux cris de : « Oh ! la ! la ! c’te gueule ! c'te binette ! » Qu’est-ce que le costume et les vociférations du cabaret de Bruant ont de commun avec son talent ? Ce n’est pas comme cabaretier botté que Camille Doucet réclamait pour lui les palmes. O snobisme !

Les Anglais sont libres d'agir chez eux comme ils l'entendent, mais tâchons de nous préserver de la pénétration de leurs vices. Je ne veux pas dire la contagion des mœurs dont Oscar Wilde et Taylor sont actuellement les parangons, mais l’hypocrisie et la sottise qui font aux choses de l'art mêler la moralité.

Les Anglais sont libres d'agir chez eux comme ils l'entendent, mais tâchons de nous préserver de la pénétration de leurs vices. Je ne veux pas dire la contagion des mœurs dont Oscar Wilde et Taylor sont actuellement les parangons, mais l’hypocrisie et la sottise qui font aux choses de l'art mêler la moralité.

Qu’importe qu'un homme de talent soit débauché, voleur, assassin, infâme ! C’est son œuvre qu’on fréquente, non sa personne. Tropmann aurait laissé un beau livre, qu’il faudrait donner des extraits de son ouvrage dans les morceaux choisis pour la jeunesse et le citer avec les éloges et la reconnaissance dus aux bienfaiteurs de l'esprit humain. La postérité n'a pas se préoccuper des vertus privées de l’auteur dont elle recueille les travaux, mais de la vertu, de la qualité spéciale de son œuvre. Ou viendrait à découvrir aujourd’hui que Shakespeare était un Jack l’éventreur, que Chateaubriand faisait de la fausse monnaie, que Victor Hugo attendait les gens dans les burgs du Rhin pour les dévaliser et que Renan, comme Gilles de Bais, humait avec délices le sang des jeunes garçons, que ces indiscrétions historiques n’ôteraient rien de leur puissance, de leur charme, de leur vertu, de leur pureté aux Souvenirs d’enfance, à la Légende des Siècles, aux Mémoires d’outre-Tombe, au Roi Lear. L’Angleterre, si grande en tant de circonstances, la patrie féconde de Shakespeare et de Newton, de Darwin et de Stephenson, apparaît bien mesquine et bien petite, quand, pour complaire à ses cafards et à ses cagots, elle frappe l’écrit chaste pour punir l’écrivain corrompu. C’est un enfantillage indigne d'une nation aussi intelligente, aussi ouverte à toutes les clartés littéraires, philosophiques, scientifiques, industrielles. Que cet exemple nous instruise. Chez nous, le vice d’Oscar Wilde est à peu près nul. Nous avons dégoût et éloignement pour cette dépravation dont Henry Fouquier a merveilleusement combattu la curiosité même, en montrant combien était ridicule la posture des curieux. Mais n’allons pas emprunter à nos voisins la répercussion de l’infamie dont ils accablent en ce moment des écrits, des imprimés qui n’ont subi pourtant aucun contact avilissant. Maintenons et défendons ce principe : l’artiste peut être un scélérat, un infâme, un objet de mépris et d'horreur pour ses contemporains, et l’œuvre qui émane de lui peut être éblouissante, d’une pureté, d’une douceur admirables, digne de l’admiration et de l’estime de tous. Le fait est rare, presque impossible, c’est évident. Je ne crois pas beaucoup à un Tropmann homme de génie. L’aventure d’Oscar Wilde prouve cependant qu'on peut être un pourceau dans la vie et dans les régions de l'art un séraphin.

Qu’importe qu'un homme de talent soit débauché, voleur, assassin, infâme ! C’est son œuvre qu’on fréquente, non sa personne. Tropmann aurait laissé un beau livre, qu’il faudrait donner des extraits de son ouvrage dans les morceaux choisis pour la jeunesse et le citer avec les éloges et la reconnaissance dus aux bienfaiteurs de l'esprit humain. La postérité n'a pas se préoccuper des vertus privées de l’auteur dont elle recueille les travaux, mais de la vertu, de la qualité spéciale de son œuvre. Ou viendrait à découvrir aujourd’hui que Shakespeare était un Jack l’éventreur, que Chateaubriand faisait de la fausse monnaie, que Victor Hugo attendait les gens dans les burgs du Rhin pour les dévaliser et que Renan, comme Gilles de Bais, humait avec délices le sang des jeunes garçons, que ces indiscrétions historiques n’ôteraient rien de leur puissance, de leur charme, de leur vertu, de leur pureté aux Souvenirs d’enfance, à la Légende des Siècles, aux Mémoires d’outre-Tombe, au Roi Lear. L’Angleterre, si grande en tant de circonstances, la patrie féconde de Shakespeare et de Newton, de Darwin et de Stephenson, apparaît bien mesquine et bien petite, quand, pour complaire à ses cafards et à ses cagots, elle frappe l’écrit chaste pour punir l’écrivain corrompu. C’est un enfantillage indigne d'une nation aussi intelligente, aussi ouverte à toutes les clartés littéraires, philosophiques, scientifiques, industrielles. Que cet exemple nous instruise. Chez nous, le vice d’Oscar Wilde est à peu près nul. Nous avons dégoût et éloignement pour cette dépravation dont Henry Fouquier a merveilleusement combattu la curiosité même, en montrant combien était ridicule la posture des curieux. Mais n’allons pas emprunter à nos voisins la répercussion de l’infamie dont ils accablent en ce moment des écrits, des imprimés qui n’ont subi pourtant aucun contact avilissant. Maintenons et défendons ce principe : l’artiste peut être un scélérat, un infâme, un objet de mépris et d'horreur pour ses contemporains, et l’œuvre qui émane de lui peut être éblouissante, d’une pureté, d’une douceur admirables, digne de l’admiration et de l’estime de tous. Le fait est rare, presque impossible, c’est évident. Je ne crois pas beaucoup à un Tropmann homme de génie. L’aventure d’Oscar Wilde prouve cependant qu'on peut être un pourceau dans la vie et dans les régions de l'art un séraphin.

ART AND VIRTUE

A veritable auto-da-fé of the works of the esthete Oscar Wilde is currently taking place throughout the Anglo-American territory. Morality presides, having for assessors Bigotry and Hypocrisy. From London to Chicago, poems, novels, comedies, bearing the now infamous name of the scapegoat responsible for all Anglican sins, rise in expiatory smoke to the throne of the Eternal. Is he so irritated as the Puritans say, the Sabaoth of the armies of salvation, because a boy, strongly mad, has committed misinterpretations in the interpretation of the universal law of love? He had only to better construct the human machine, the divine blacksmith. Any fault which the physical architecture of the creature allows to be accomplished falls somewhat on the creator.

The Spanish inquisitors burning the heretical book, along with the author who had written it, proved a logic that the incinerators of the works of Oscar Wilde lack. They punished thought considered criminal and annihilated its trace, its propaganda, its power. This suppressed the contagion.

The booksellers of London and New York, by withdrawing, with tweezers, the volumes signed Oscar Wilde spread out on their shelves, do they imagine destroying the vice for which the author is referred to the courts? These "booksellers" are impudent tartuffiers, eager to scratch the Anglican tartufferie where it itches. Wilde's works contained no sexual heresy. If one had the courage to go through this jumble of nonsense, of pretentious oddities, of emphatic platitudes, of more or less sonorous ramblings and stupefying obscurities—all the ordinary jumble of our deliquescents, one would draw from it an impression of boredom. carabineer, but nothing abnormal, licentious, depraved. The poems, plays, short stories, novels of the esthete whose name has become ignominious are rather chaste. The most skilful judge, also the most vicious, for the good magistrate, like the excellent confessor, needs an intense lustful erudition and a thorough knowledge of all the aberrations of passion, would not find in his twenty thousand verses and his fifty thousand lines two epithets to attach to the file. Oscar had no sex in front of his writing table. He was ethereal, cloudy, candid, an angel with immaculate wings. The proscription of which his writings are at this moment the object is therefore as absurd as it is miserable. No contagious defilement was to be feared for the readers. By hiding, like shameful objects, these simply insignificant and boring books, by purifying them with the pestle, the Anglo-American bookstore once again proclaims the hypocrisy of its clientele and the moral lie it is accustomed to. The very destruction of the writings of young Lord Douglas' friend proves their innocence. If they had contained the slightest particularity about the author's relations with the rosy-cheeked grooms whom he treated in private, the whole sequel of preachers, teatotallers, Salvationists, Quakers, would have rushed to bookstores and one would have, oh! in the dark back room, the editions sold by the dozen. There was nothing shocking or improper in these vague and incoherent productions: so, in the vat! Thus, without depriving herself of a delight, the virtuous Albion shows the universe her rigorous morality.

This execution in effigy of a writer, good or bad, this irreversibility on the work, not guilty, of the penalty and the forfeiture which can reach a man recognized guilty, condemnable, not for his writings, but for his acts, here is a theory against which, in France, it is permissible to protest. There are already tendencies in our country towards this absurd British spirit. I will recall the case of Aristide Bruant, popular poet of intense energy, cantor of miseries, ironic satirist of the vices and deformities of his time. He aspired, the good Aristide, to the purple palms. It was for him an official consecration, a rank in the bourgeois army, where, thanks to his savings, he was preparing to cut a figure, becoming a miller in the Gâtinais. A character having the specialty of presenting the most suitable subjects for official distinctions, M. Camille Doucet, who was not an academician, but the Academy itself, supported the request of the plebeian chansonnier. Refusal. Why ? Because Aristide had no talent and his songs were abominable rhapsodies? No one, even in the select entourage of the Minister of Public Instruction, would have dared to let go of this nonsense. Bruant was only declared unworthy of wearing the violet because he wore boots, and he owned a cabaret where people were greeted with cries of: “OhI la! there ! it's your mouth! it's you hoe! What do Bruant's costumes and cabaret vociferations have in common with his talent? Camille Doucet did not claim palms for him as a booted innkeeper. O snobbery!

The English are free to act at home as they see fit, but let us try to preserve ourselves from the penetration of their vices. I do not mean the contagion of mores of which Oscar Wilde and Taylor are currently the paragons, but the hypocrisy and the stupidity which make matters of art mix morality.

What does it matter that a man of talent is debauched, thief, assassin, infamous! It is his work that we frequent, not his person. Tropmann would have left a beautiful book, which should be given extracts from his work in selected pieces for young people and quoted with the praise and gratitude due to the benefactors of the human spirit. Posterity has not to concern itself with the private virtues of the author whose works it collects, but with the virtue, the special quality of his work. Or would come to discover today that Shakespeare was a Jack the Ripper, that Chateaubriand made counterfeit money, that Victor Hugo waited for people in the burgs of the Rhine to rob them and that Renan, like Gilles de Bais, sniffed with delight the blood of young boys, that these historical indiscretions would take nothing of their power, their charm, their virtue, their purity from Childhood Memories, the Legend of the Centuries, the Memoirs from Beyond the Grave, the King Lear. England, so great in so many circumstances, the fruitful fatherland of Shakespeare and Newton, of Darwin and Stephenson, appears very petty and very small, when, to please its cockroaches and its cagots, it strikes the written word. chaste to punish the corrupt writer. It is childishness unworthy of such an intelligent nation, so open to all literary, philosophical, scientific and industrial clarity. Let this example teach us. With us, Oscar Wilde's vice is almost nil. We have disgust and estrangement for this depravity whose very curiosity Henry Fouquier marvelously combated, by showing how ridiculous the posture of the curious was. But let's not borrow from our neighbors the repercussions of the infamy with which they are at this moment overwhelming writings, printed matter which, however, have not undergone any degrading contact. Let us maintain and defend this principle: the artist can be a villain, an infamous, an object of contempt and horror for his contemporaries, and the work which emanates from him can be dazzling, of a purity, of a sweetness admirable, worthy of the admiration and esteem of all. The fact is rare, almost impossible, it is obvious. I don't believe much in a Tropmann man of genius. Oscar Wilde's adventure proves, however, that one can be a pig in life and a seraph in the regions of art.