AU JOUR LE JOUR
L'ESTHÈTE MARTYR

Pendant une bonne quinzaine, quelques confrères à la larme facile ont tenté de nous apitoyer sur le sort de ce pauvre Oscar Wilde. L'esthète infortuné condamné au Hard labour était soumis à une foule de supplices plus épouvantables les uns que les autres. Le plus horrible de tous était cette peine du tread-mill, qui consiste pour le condamné, suspendu par les mains à deux anneaux, à faire tourner avec les pieds une énorme roue placée devant lui, à la facon d'un écureuil dans sa cage, sans qu'il puisse jamais, pendant les plusieurs heures que dure l’affreux supplice, reposer ses pieds sur un plancher. L’on entrevoit d'ici les variations que les chroniqueurs sensibles pouvaient exécuter sur ce thème sensationnel.

Mais voici que le Galignani Messenger vient d’avoir des nouvelles toutes fraîches de l'auteur du Portrait de Dorian Gray. « Oscar Wilde est en parfaite santé, il a bonne mine et il mange d’excellent appétit. Son état mental ne laisse rien à désirer. Il semble s’étre résigné à son sort, aidé en cela par les conseils de sa femme qui a beaucoup contribué à ce revirement. Quant au châtiment auquel Wilde est soumis, il ne consiste nullement, comme l'ont dit plusieurs journaux français, en la terrible peine du trade mill, le prisonnier travaille à des ouvrages manuels, mais il a obtenu l’autorisation d’avoir des livres. »

Donc Oscar Wilde a le teint frais et la mine vermeille. Il mange bien et se porte de même. Ne trouvez-vous pas que voila bien l’occasion de s’écrier aprés Molière : « Le pauvre homme ! »

DAY BY DAY
THE MARTYRED AESTHETE

For a good fortnight, a few colleagues with easy tears tried to make us feel sorry for the fate of this poor Oscar Wilde. The unfortunate esthete condemned to hard labor was subjected to a host of tortures, each more appalling than the other. The most horrible of all was the punishment of the tread-mill, which consists for the condemned man, suspended by the hands from two rings, in turning with his feet an enormous wheel placed in front of him, like a squirrel in his cage. , without ever being able, during the several hours that the dreadful torture lasts, to rest his feet on a floor. From here we can see the variations that sensitive chroniclers could execute on this sensational theme.

But now the Galignani Messenger has just had fresh news from the author of the Portrait of Dorian Gray. “Oscar Wilde is in perfect health, he looks good and he eats with an excellent appetite. His mental state leaves nothing to be desired. He seems to have resigned himself to his fate, helped in this by the advice of his wife who contributed a lot to this turnaround. As for the punishment to which Wilde is subjected, it does not consist, as several French newspapers have said, in the terrible punishment of the trade mill, the prisoner works at manual works, but he has obtained the authorization to have books . »

So Oscar Wilde has a fresh complexion and a ruddy mine. He is eating well and doing the same. Don't you think that this is the perfect occasion to exclaim after Molière: “The poor man! »

Document matches
None found