Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne - Wednesday, June 5, 1895

On écrit de Londres, 31 mai :

« Le bruit courait ce matin qu’Oscar Wilde était tombé gravement malade de puis son arrivée à la maison de force de Pantonville et que son état devait faire entrevoir l’imminence d’un dénouement fatal. Ni les amis qui restent au prisonnier, ni les hommes de loi qui l’ont défendu devant le jury criminel, ne sont renseignés à cet égard. Ils ne peuvent l’être, aucun rapport ne devant exister entre le condamné et qui que ce soit pendant les premiers mois de la peine. La famille ne serait même pas avisée en cas de danger.

» Au greffe de Pantonville, on rapporte que Wilde a assisté dimanche aux offices et qu’il a travaillé lundi selon les rigoureuses conditions légales. Mardi matin seulement, il a déclaré n’avoir plus dormi depuis trois jours et trois nuits et ne pouvoir se lever. Il a cependant travaillé jusqu’à onze heures du matin ; à ce moment il a été pris d’un étourdissement et reconduit aussitôt dans sa cellule et dispensé de travail jusqu’au lendemain. Mercredi il n’a pu supporter le « hard labour » que pendant quelques heures. Il est probable qu’il sera transféré demain à l’infirmerie de la prison pour y recevoir les soins qu’exige son état.

» Taylor est également malade, mais n’a pas encore cessé son travail. »

Le Temps - Saturday, June 1, 1895

Londres, 30 mai.

Le bruit courait ce matin qu'Oscar Wilde était tombé gravement malade depuis son arrivée à la maison de force de Pantonville et que son état devait faire entrevoir l'imminence d'un dénouement fatal. Ni les amis qui restent au prisonnier ni les hommes de loi qui l'ont défendu devant le jury criminel ne sont renseignés à cet égard. Ils ne peuvent l'être, aucun rapport ne devant exister entre le condamné et qui que ce soit pendant les premiers mois de la peine. La famille ne serait même pas avisée en cas de danger.

Au greffe de Pantonville on rapporte que Wilde a assisté dimanche aux offices et qu'il a travaillé lundi selon les rigoureuses conditions légales. Mardi matin seulement, il a déclaré n'avoir plus dormi depuis trois jours et trois nuits et ne pouvoir se lever. Il a cependant travaillé jusqu'à onze heures du matin ; à ce moment il a été pris d'un étourdissement, et reconduit aussitôt dans sa cellule et dispensé de travail jusqu'au lendemain. Mercredi il n'a pu supporter le « hard labour » que pendant quelques heures. Il est probable qu'il sera demain transféré à l'infirmerie de la prison pour y recevoir les soins qu'exige son état.

Taylor est également malade, mais n'a pas encore cessé son travail.

On a des nouvelles d'un autre prisonnier, celui-ci détenu préventivement à la prison d'Holloway : Jabez Spencer Balfour, qui comparaîtra devant le jury criminel pendant la session de juin. L'ancien député mange bien, boit tant que le règlement le lui permet et dort du sommeil de l'innocence. Il est autorisé à recevoir des journaux, à conférer avec ses avocats et à recevoir trois fois par semaine les demoiselles Freeman, qui l'ont accompagné depuis sa fuite de Londres jusqu'au moment où il a été embarqué à Buenos-Ayres pour être ramené en Angleterre.

L'affaire Jabez Balfour sera jugée en juin, mais n'a pas encore pris rang au rôle de la session.

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