Le Jour - Wednesday, April 10, 1895

Oscar Wilde semble avoir perdu de son assurance. Après avoir opposé une attitude hautaine et dégagée aux accusations dirigées contre lui, il cède à l'exaspération la plus étrange, la plus enfantine à propos du régime auquel il est soumis.

Oscar Wilde se plaint surtout d'être privé de cigarettes et de boissons spiritueuses, réduit à une demi-bouteille de vin ordinaire par jour et prive de la société de ses amis. Il ne pourra en effet recevoir qu'une seule visite et seulement au jour fixé par le règlement. Invitée à désigner celui de ses amis qu'il préférait rencontrer, il a nommé le jeune lord Alfred Douglas. Mais ce nom a été effacé et remplacé par celui d'un autre ami de l'écrivain, M. Rosse, dont la personnalité n'a pas été mêlée au procès.

Oscar Wilde a obtenu l'usage de meubles et de coussins que lui ont envoyé ses amis. II a reçu également du linge, des livres, de la parfumerie, des opiacés, et il peut lire les journaux.

Les nouvelles les plus attristantes circulent au sujet de l'audience qui sera tenue jeudi. On assure que les premières investigations auraient aggravé considérablement la situation de l'inculpé. La preuve aurait été acquise que parmi les actes d'immoralité qui lui sont imputés, plusieurs auraient été accomplis sans le consentement et même malgré la résistance de ceux qui les subissaient. Si le jury venait à accepter comme évidentes de pareilles accusations, la peine de la servitude pénale à perpétuité pourrait seule être prononcée contre l'accusé.

Nous pouvons ajouter à ces renseignements qu'une enquête, très délicatement menée Paris, au sujet des agissements du poète anglais dans la capitale, a relevé, à sa charge, de nouveaux faits qui, s'ils sont mis à jour à l'audience, provoquèrent, aussi bien en France qu'en Angleterre, une profonde stupéfaction.

Quand il séjourna à Paris, M. Oscar Wilde occupa un somptueux appartement dans un hôtel connu de la rue de Rivoli. Il y reçut fréquemment des jeunes gens qu'il faisait passer à tour de rôle pour des parents ou des amis; mais il mettait tant de discrétion dans tous ses actes, que jamais, avant le procès qui vient de se dérouler devant le tribunal de Bow-Street, on ne soupçonna la vérité.

Et maintenant, les commentaires vont leur train, des noms connus sont prononcés à haute voix et certains amis de M. Oscar Wilde redoutent fort que l'inculpé ne soit pas aussi discret qu'ils le désirent.

Le Quotidien illustré - Thursday, April 11, 1895

Londres.-- Oscar Wilde semble avoir perdu son assurance. Après avoir opposé une attitude hautaine et dégagée aux accusations dirigées contre lui, il cède à l'exaspération la plus étrange, la plus enfantine à propos du régime auquel il est soumis.

Oscar Wilde se plaint surtout d'être privé de cigarettes et de boissons spiritueuses, réduit à une demi-bouteille de vin ordinaire par jour et privé de la société de ses amis. Il ne pourra en effet recevoir qu'une seule visite et seulement au jour fixé par le règlement. Invité à désigner celui de ses amis qu'il préférait rencontrer, il a nommé le jeune lord Alfred Douglas. Mais ce nom a été effacé et remplacé par celui d'un autre ami de l'écrivain, M. Rosse, dont la personnalité n'a pas été mêlée au procès.

Oscar Wilde a obtenu l'usage de meubles et de coussins que lui ont envoyés ses amis. Il a reçu également du linge, des livres, de la parfumerie, des opiacés, et il peut lire les journaux.

Les nouvelles les plus attristantes circulent au sujet de l'audience qui sera tenue jeudi. On assure que les premières investigations auraient aggravé considérablement la situation de l'inculpé. La preuve aurait été acquise que, parmi les actes d'immoralité qui lui sont imputés, plusieurs auraient été accomplis sans le consentement et même malgré la résistance de ceux qui les subissaient. Si le jury venait à accepter comme évidentes de pareilles accusations, la peine de la servitude pénale à perpétuité pourrait seule être prononcée contre l'accusé.

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