La Libre parole - Tuesday, April 16, 1895

Par l’écho que nous avions inséré dimanche et qui contenait les protestations de M. Ca tulle Mendès à l’encontre d’une note parue dans la Petite Chronique des lettres du samedi de notre collaborateur Jules Huret, nous avions espéré mettre fin à un regrettable malentendu causé par une boutade purement littéraire.

M. Catulle Mendès ayant adressé à M. Huret et publié le même jour, dans un journal du matin, la dépêche suivante, il est de notre de voir de reproduire, avec cette dépêche, la réponse de notre collaborateur.

Voici la dépêche de M. Mendès :

Monsieur, Si vous avez voulu faire du reportage, vous êtes bien mal informé ; Si vous avez voulu être plaisant, vous êtes un imbécile. CATULLE MENDÈS

13 avril 1895.

M. Jules Huret a répondu :

Lundi, 5 heures. Monsieur, J’arrive à l'instant de la campagne, et je trouve votre dépêche. Dans ma Petite Chronique des lettres de samedi je n’avais cru parler que des rapports littéraires établis entre M. Oscar Wilde et vous. Puisqu’il vous plaît de les interpréter d’une façon plus large, je ne saurais m’élever contre une opinion dont vous savez mieux que moi le fondement ; vous êtes un homme d’esprit. JULES HURET.

La Petite République - Friday, April 19, 1895

M. Jules Huret a publié dans le supplément du Figaro de samedi dernier, et sous sa rubrique habituelle : « Petite Chronique des lettres, » une note conçue en ces termes :

On nous demande de différents côtés quels étaient les gens qui fréquentaient M. Oscar Wilde durant ses séjours à Paris.

Nous ne saurions renseigner nos correspondants que sur ses relations purement littéraire, ce qui, peut-être, ne satisferait qu’imparfaitement leur curiosité. La vérité, c'est que M. Oscar Wilde êtait très fêté dans plusieurs centres.

Ses familiers étaient, croyons-nous, dans le monde de lettres et des arts, MM. Jean Lorrain, Catulle Mendès, Marcel Schwob et autres écrivains subtils.

MM. Jean Lorrain, Marcel Schwob et Catulle Mendès ont aussitôt protesté. Tout d’abord, M. Mendès a envoyé à M. Jules Huret le télégramme suivant:

Monsieur, Si vous avez voulu faire du reportage, vous êtes bien mal informé. Si vous avez voulu être plaisant, vous êtes un imbécile. CATULLE MENDÈS 13 avril 1895.

A ce télégramme, M. Jules Huret a réponde en ces termes :

Lundi, 5 heures. Monsieur, J’arrive à l’instant de la campagne, et je trouve votre dépêche. Dans ma « Petite Chronique des lettres » de samedi, je n'avais cru parler que des rapporte littéraires établis entre M. Oscar Wilde et vous. Puisqu'il vous plaît de les interpréter d'une façon plue large, je ne saurais m'élever contre une opinion dont vous savez mieux que moi le fondement : vous êtes un homme d'esprit. JULES HURET.

M. Catulle Mendès, se jugeant offensé, a envoyé ses témoins, MM. Courteline et Corneau, à M. Jules Huret, qui a chargé MM. Gaëtan de Méraulne et Guérin de le représenter. Une rencontre a été décidée. Elle a eu lieu hier dans la forêt de Saint-Germain.

An premier engagement, M. Mendès a été atteint à l’avant-bras d’une blessure profonde de six centimètres, qui, de l’avis des médecine, le docteur Raïchline pour M. Huret et le docteur Cousin pour M. Mendès, mettait ce dernier en état d’infériorité, ce qui a mis fin au combat.

D’autre part, MM. Marcel Schwob et Jean Lorrain, egalement désignés dans la note dont nous parlons, ont adressé des protestations à leur confrère.

L’affaire n’aura pas de suite en ce qui concerne M. Jean Lorrain, mais M. Schwob n’a pas admis comme satisfaisante la réponse que lui ont faite les représentants de M. Jules Huret.

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