Le Petit Parisien - Thursday, May 2, 1895

L'affaire Oscar Wilde et Taylor a continué hier.

Le juge a résumé les débats avec une impartfalité très grande.

Enfin, à une heure trente-cinq minutes, le jury est entré en délibération.

Une foule énorme attendait dans la salle, dans les couloirs, aux abords de la cour, le résultat da la délibération du Jury. A mesure que le temps passe, l'impression devient générale que les jurés ne peuvent s'entendre; or, pour que tes accusés soient condamnés, il faut qu'il y ait unanimité.

Après être restés une heure et demie en délibération, les jurés, vers trois heures, ont fait demander au juge de leur faire servir le lunch.

Cette collation faite, leur délibération a continué pendant deux heures encore, mais ils n'ont pu s'entendre.

Wilde et Taylor ne sont donc pas condamnés. Toutefois, ils restent en prison.

Le juge a refusé de leur accorder leur mise en liberté sous caution.

Leur cas sera soumis à un autre jury.

La Gazette de France - Monday, April 8, 1895

Il est un procès de mœurs qui suscite grand scandale en Angleterre et dont nous avons dit nous abstenir de parler, bien entendu, les détails en étant absolument révoltants. Ce procès, intenté par un poète anglais fort connu M. Wilde, au marquis de Quensbury vient de se terminer par un coup de théâtre.

Ne pouvant se disculper de l’accusation lancée contre lui par le marquis de Qneensbury, d’outrages répétés aux mœurs à l’égard de son fils Lord Douglas, et de son consentement, M. Wilde s’est désisté hier de la poursuite en diffamation qu’il avait intentée.

L’avocat du marquis de Queensbury a écrit immédiatement au juge chargé de l’instruction des affaires criminelles pour dénoncer M. Oscar Wilde ; en même temps il lui envoyait le dossier complet formé par le marquis contre son accusateur.

M. Oscar Wilde a été arrêté dans la soirée et conduit, à huit heures dix, au tribunal de Bowstreet, où il a été écroué.

Lord Alfred Douglas a offert une caution pour obtenir la liberté provisoire du prévenu, ce qui lui a été refusé.

Il y a lieu de dire que la législation anglaise est particulièrement sévère pour la répression du cil me imputé à M. Oscar Wilde. Le maximum est vingt ans de travaux forcés.

Après avoir dit que le procès engagé passionne l’Angleterre. Il est intéressant de rapporter ce trait qui révèle bien ce qu’est le sentiment de la réclame de l’autre côté du détroit.

« Au dehors du tribunal, tout le long de Fleet street et du Strand, les petits vendeurs de journaux circulent en portant devant eux de grands placards : « la fin de l’interrogatoire d’Oscar ! » et on s’arrache les dernières nouvelles. La Saint James Gazette fait annoncer en gros caractères : « Seul journal ne donnant pas de compte rendu du procès O. Wilde ». C’est le seul journal que les pères de famille puissent rapporter en ce moment chez eux. »

Après celte citation on peut tirer l’échelle.

Le procès de M. Oscar Wilde a commencé hier samedi devant le tribunal de police de Bow Street.

L’accusé avait préparé sa fuite ; il avait changé d’hôtel et était porteur d’un paquet de banknotes d’une valeur de 2,500 francs.

Le frère de l’accusé assiste aux débats.

Taylor, l’entremetteur entre M. Wilde et ses correspondants a été arrêté et amené à l’audience.

On assiste à un défilé de témoins qui confirment, à n’en pas douter, les accusations de lord Queensberry.

Le juge fait avouer à l’un des témoins que M. Wilde n’est pas seul en cause ; deux de ses complices ont déjà quitté l’Angleterre.

On parle d’arrestations sensationnelles qui seraient sur le point d’être opérées.

Le juge a refusé de mettre l’accusé et ses complices en liberté provisoire sous caution.

L’affaire est renvoyée à jeudi.

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