Le Radical - Saturday, May 25, 1895

On télégraphie de Londres, 23 mai:

L'affaire Oscar Wilde est reprise devant la cour d'assises.

L'accusé, qui est toujours en liberté sous caution, arrive à la cour de très bonne heure.

Le premier témoin entendu est William Parker qui raconte de nouveau la scène du restaurant de Saint-James et celle du dîner chez Kettner.

On commence, après, les interrogatoires des témoins concernant les faits qui se sont passés au Savoy-Hôtel.

Pour cette partie du procès on entend le témoignage du teneur de livres de l'hôtel, qui prouve que Wilde et lord Alfred Douglas ont habité l'hôtel.

Ensuite plusieurs femmes de chambre, un garçon du Savoy-Hôtel, viennent témoigner.

Des inspecteurs font le récit de l'arrestation de Wilde.

Puis on procède à la lecture de la sténographie du procès du marquis de Queensberry.

Après quoi le ministère public annonce que la part de l'accusation est terminée.

Sir Edward Clarke se lève et demande au juge de ne pas poser au jury la question d'indécence à l'hôtel Savoy, parce que l'accusation n'était pas suffisamment justifiée.

Le ministère public s'y oppose. Le juge déclare que cette accusation doit rester devant le jury.

L'affaire est renvoyée à demain. Sir Edward Clarke commencera la défense de Wilde.

Le Matin - Friday, May 24, 1895

LONDRES, 23 mai. -- Par fil spécial. -- L'affaire Oscar Wilde est reprise devant la cour d'assises.

L'accusé, qui est toujours en liberté sous caution, arrive à la cour de très bonne heure.

Le premier témoin entendu est William Parker qui raconte de nouveau la scène du restaurant de Saint-James et celle du dîner chez Kettner.

C'est après le dîner, dans ce dernier endroit, que Wilde, passant son bras autour de la taille de Parker, s'écria: « Voilà un « boy » pour moi! » Et il lui demanda d'aller avec lui au Savoy Hôtel.

L'avocat pose alors la question suivante au témoin:

-- Avez-vous compris que votre frère allait au Savoy-Hôtel dans un but immoral? -- Oui. -- Et vous n'êtes pas intervenu? -- Non! -- N'aviez-vous pas le désir de faire la même chose vous-même? -- Oui, répond Parker à voix basse.

On commence après les interrogatoires des témoins concernant les faits qui se sont passés au Savoy-Hôtel.

Pour cette partie du procès, on entend le témoignage du teneur de livres de l'hôtel, qui prouve que Wilde et lord Alfred Douglas ont habité l'hôtel.

Jeune homme brun.

On entend ensuite la femme de chambre, Marguerite Cottar. Elle raconte que le troisième jour du séjour de Wilde, elle monta chez ce dernier, qui venait de sonner, et lui demanda de faire du feu dans sa chambre. Elle vit dans cette chambre un jeune garçon qui paraissait dormir. Il était brun et avait environ dix-huit à dix-neuf ans. Une autre femme de chambre, Alice Saunders, confirme sur plusieurs points la déclaration précédente.

Puis vient la déposition du masseur, qui, appelé comme d'habitude pour masser Wilde, trouva un jeune homme dans sa chambre.

Un garçon du Savoy Hôtel déclare avoir servi des boissons et à souper dans l'appartement de Wilde, qui avait chez lui un jeune homme.

Ennuyé.

Pendant ces interrogatoires, Wilde écoute avec une sorte d'indifférence. Il regarde fréquemment l'heure, comme un homme simplement ennuyé de ce qu'il entend; mais de temps à autre sa main se porte à sa figure. Dans la paume se trouve caché un flacon de sel, qu'il respire.

Sir Edward Clarke, avocat de Wilde, procède chaque fois à un contre-interrogatoire des témoins.

Lecture est ensuite donnée du compte-rendu sténographique du procès du marquis de Queensberry.

A mesure que le procès avance, Wilde semble devenir plus fatigué et ses regards du côté de l'horloge deviennent plus fréquents.

La question d'indécence.

Sir Edward Clarke se lève et demande au juge de ne pas poser au jury la question d'indécence à l'hôtel Savoy, parce que l'accusation n'était pas suffisamment justifiée. Le ministère public s'y oppose. Le juge déclare que cette accusation doit rester devant le jury.

Le ministère public maintient que Shelley ne peut pas être considéré comme un complice ordinaire et que le chef d'accusation qui le concerne doit être soumis au jury. Mais sir E. Clarke soutient que Shelley a été complice et le magistrat est de son avis, de telle sorte qu'il retire le chef d'accusation relatif à Shelley.

Sir E. Clarke demande qu'il en soit de même pour le chef d'accusation concernant Wood.

Une discussion s'élève entre le défenseur et le ministère public à ce sujet, et le juge déclare que ce chef d'accusation doit rester soumis au jury, bien que Wood soit un complice, parce qu'il y a eu une confirmation suffisante de son témoignage.

Pour comprendre ce qui précède, il faut savoir qu'il est, depuis plusieurs siècles, de tradition dans les tribunaux criminels anglais, de ne pas considérer comme suffisante la preuve donnée par un complice, à moins que cette preuve ne soit accompagnée d'une confirmation sérieuse.

L'affaire est renvoyée à demain. Sir Edward Clarke commencera la défense de Wilde.

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