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Original paragraph in
Le Courrier du soir - Thursday, April 11, 1895
Le Courrier du soir - Thursday, April 11, 1895
Most similar paragraph from
Le Parisien - Wednesday, April 10, 1895
Le Parisien - Wednesday, April 10, 1895
Difference
Plus embarrassé que l’âne de Buridan, je me trouve en présence de trois événements importants : le cas de M. Landri inscrit par ordre
de la Cour au tableau des avocats ; le procès de M. Oscar Wilde, littérateur anglais, et enfin le fameux Banquet à l’honneur de la science. Le banquet
m’attire, non pas que la vue des bons morceaux et des vins fabriqués selon la dernière formule aient sur mon palais la moindre influence, mais pour le
plaisir de l'entendement, à cause des discours « inter pocula ».
Plus embarrassé que l’âne de Buridon, je me trouve en présence de trois événements importants : le cas de M. Landri inscrit par ordre de
la Cour au tableau des avocats ; le procès de M. Oscar Wilde, littérateur anglais, et enfin le fameux Banquet à l’honneur de la science. Le banquet
m’attire, non pas que la vue des bons morceaux et des vins fabriqués selon la dernière formule aient sur mon palais la moindre influence, mais pour le
plaisir de l'entendement, à cause des discours « inter pocula ».
L’Ordre a la prétention de nous faire croire, par ses refus arbitraires d’inscription ou ses sentences d’exclusion, que la célèbre
Compagnie a le monopole de la vertu. Ses accès de délicatesse n’en imposent plus à personne, les avocats ont droit à la considération comme tous les
honnêtes citoyens, la toge n’ajoute rien à l’honorabilité ni au talent, on s’en aperçoit du reste. Le corps médical, d’une nécessité sociale plus
immédiate, ne demande pas de certificats autres que ceux faisant mention des droits d’exercice, les médecins sont néanmoins très honorables et très
discrets et, s’il y a quelques dentistes parmi eux, le corps tout entier ne se sent pas atteint.
L’Ordre a la prétention de nous faire croire, par ses refus arbitraires d’inscription ou ses sentences d’exclusion, que la célèbre
Compagnie a le monopole de la vertu. Ses accès de délicatesse n’en imposent plus à personne, les avocats ont droit à la considération comme tous les
honnêtes citoyens, la toge n’ajoute rien à l’honorabilité ni au talent, on s’en aperçoit du reste. Le corps médical, d’une nécessité sociale plus
immédiate, ne demande pas de certificats autres que ceux faisant mention des droits d’exercice, les médecins sont néanmoins très honorables et très
discrets et, s’il y a quelques dentistes parmi eux, le corps tout entier ne se sent pas atteint.
L’avocat a ceci de particulier... Je vois bien qu’il faut me résigner à parler du banquet, l’avocat ne m’inspirant qu’une admiration
profonde, admiration ressentie par tous les lecteurs car elle est universelle, elle s’impose. Pour moi l’avocat est même au-dessus de l’ingénieur, après
cette déclaration, je vais être du dernier mal avec M. Ohnet ; tant pis, il faut savoir faire des sacrifices pour ses opinions.
L’avocat a ceci de particulier... Je vois bien qu’il faut me résigner à parler du banquet, l’avocat ne m’inspirant qu’une admiration
profonde, admiration ressentie par tous les lecteurs car elle est universelle, elle s’impose. Pour moi l’avocat est même au-dessus de l’ingénieur, après
cette déclaration, je vais être du dernier mal avec M. Ohnet; tant pis, il faut savoir faire des sacrifices pour ses opinions.
Ce banquet fut splendide, M. le président du Conseil Municipal est venu en personne apporter à M. Berthelot les congratulations de nos
édiles, et peut-être a-t-il saisi cette occasion pour placer en même temps que ses périodes, ses vins que, j’aime à le croire pour la Gironde, sont
supérieurs et ont plus de force que les étiques figure de rhétorique qui ornaient son discours. J’avais cru jusqu’à ce jour que pour apprécier la science,
il fallait avoir eu avec elle un commerce lointain, questions de mœurs.
Ce banquet fut splendide, M. le président du Conseil Municipal est venu en personne apporter à M. Berthelot les congratulions de nos
édites, et peut-être a-t-il saisi cette occasion pour placer en même temps que ses périodes, ses vins que j’aime à le croire pour la Gironde, sont
supérieurs et ont plus de force que les étiques figure de rhétorique qui auraient son discours. J’avais cru jusqu’à ce jour que pour apprécier la science,
il fallait avoir eu avec elle un commerce lointain, questions de mœurs.
Je me lève de table, je suis un garçon mal élevé. Malheureusement, je viens d’écrire le mot mœurs, et tout de suite il me vient à la
pensée une quantité d’aperçus absolument nouveaux sur le procès de M. Oscar Wilde. Pudique Albion, voile-toi la face, ton Oscar porte un rude coup à ta
réputation Wilde, esthète par tempérament, avait le geste louche, ses intentions n’étaient pas pures et son affection pour son jeune ami, lord Douglas,
dépassait les bornes de l’amitié. Cette pauvre « Old England » si chaste, si réservée, doit être bien affligée qu’on étale aux yeux de l’Europe ses
turpitudes qu’elle cache avec l’hypocrisie que l’on sait et sa mauvaise foi séculaire. Le pouvoir des petits télégraphistes s’affirme de plus en plus, les
gentlemen nous expédieront bientôt leurs jolies filles qui doivent certainement sécher sur pieds, on essayera de les distraire, c’est le vice français. M
Oscar Wilde, auteur dramatique très applaudi, demande avec instance son élargissement pour mettre la dernière main à son œuvre intitulée « Entre hommes ».
Les juges se consultent et lord Douglas attend.
Je me lève de table, je suis un garçon mal élevé. Malheureusement, je viens d’écrire le mot moeurs, et tout de suite il me vient à la
pensée une quantité d’aperçus absolument nouveaux sur le procès de M. Oscar Wilde. Pudique Albion, voile-toi la face, ton Oscar porte un rude coup à ta
réputation. Wilde, ésthète par tempérament, avec le geste louche, ses intentions n'étaient pas pures et son affection pour son jeune ami, lord Douglas,
dépassait les bornes de l’amitié. Cette pauvre « Old England » si chaste, si réservée, doit être bien affligée qu’on étale aux yeux de l’Europe les
turpitudes qu’elle cache avec l’hypocrisie que l’on sait et sa mauvaise foi séculaire. Le pouvoir des petits télégraphistes s’affirme de plus en plus, les
gentlemen nous expédieront bientôt leurs jolies filles qui doivent certainement sécher sur pieds, on essayera de les distraire, ceci le vice français. M.
Oscar Wilde, auteur dramatique très applaudi, demande avec instance son élargissement pour mettre la dernière main à son œuvre intitulée «Entre hommes».
Les juges se consultent et lord Douglas attend.
J’ai eu tort de me lever de table, j’ai raté le discours de M. Blatin, au nom du Grand-Orient, ruisselant d’anticléricalisme, il se
croyait au café du commerce, ce bon M. Blatin, en présence de commis-voyageurs qui écoutent attentivement un raseur dans l’espérance de le taper d'une
commission. Le télépathique Charles Richet, plus autorisé, a parlé de la science comme une source de revenus et de revenants ; très écouté, le directeur
de la « Revue scientifique », il était visible qu’il était en communication avec des ombres célèbres. M. Zola, qui va en diminuant comme le nombre de ses
éditions, est venu déclarer qu’il n’avait aucune espèce d’autorité pour parler au nom de la science, la surprise a été grande, car le célèbre romancier a
eu, à un moment donné, la prétention de mettre la science en roman. Il a parlé d’affranchissement, de la pensée humaine, Môssieu, et de la sécurité dont
jouit l’écrivain contemporain de parler d’amour, on se serait cru au Banquet de Platon. Enfin, ils étaient sept cents à écouter ressasser ces vérités du
moment. Ce banquet contre M. Brunetière n’a rien prouvé, si ce n’est que le français, né malin, aime à dîner en société et pour pas trop cher.
J’ai eu tort de me lever de table, j’ai raté le discours de M. Blatin, au nom du Grand-Orient, ruisselant d'anticléricalisme, il se
croyait au calé du commerce, ce bon M. Blatin, en présence de commis-voyageurs qui écoutent attentivement un rasseur dans l’espérance de le taper d’une
commission. Le télépathique Charles Richet, plus autorisé, a parlé de la science comme une source de revenus et de revenants ; très écouté, le directeur
de la « Revue scientifique », il était visible qu’il était en communication avec des ombres célèbres. M. Zola, qui va en diminuant comme le nombre de ses
éditions, est venu déclarer qu’il n’avait aucune espèce d’autorité pour parler au nom de la science, la surprise a été grande, car le célèbre romancier a
eu, à un moment donné, la prétention de mettre la science en roman. Il a parlé d’affranchisement, de la pensée humaine, Mòssieu, et de la sécurité dont
jouit l’écrivain contemporain de parler d’amour, on se serait cru au Banquet de Platon. Enfin, ils étaient sept cents à écouter ressasser ces vérités du
moment. Ce banquet contre M. Brunetière n’a rien prouvé, si ce n’est que le français, né malin, aime à dîner en société et pour pas trop cher.
Et tous ces scientifiques s’en sont allés chez eux, ou dans les restaurants de nuit, heureux d’avoir affirmé une fois de plus leur
incroyance. Renan, qu’on a beaucoup cité depuis le banquet Berthelot, avait le plus profond dédain des parpaillots, et il a même ajouté des considérations
fort pénibles sur le cas des fortes têtes ne croyant à rien par principe politique : il existe très peu de personnes, a-t-il dit, dont l’incrédulité est
appuyée d’études suffisantes ; Renan admirait le petit gavroche qui tout d'un coup pouvait se permettre de ne plus croire.
Et tous ces scientifiques s’en sont allés chez eux, ou dans les restaurants de nuit, heureux d’avoir affirmé une fuis de plus leur
incroyance. Renan, qu’on a beaucoup cité depuis le banquet Berthelot, avait le plus profond dédain des parpaillots, et il a même ajouté des considérations
fort pénibles sur je cas des fortes têtes ne croyant à lien par principe politique : il existe très peu de personnes, a-t-il dit, dont l’incrédulité est
appuyée d’études suffisantes ; Renan admirait le petit gavroche qui tout d’un coup pouvait se permettre de ne plus croire.
La science n’a pas fait banqueroute, mais elle n’a pas fait le bonheur de l’humanité. Qu’a fait la science pour le petit, la masse qui
souffre ? rien. En réalité les progrès de la science ne profitent qu'aux classes élevées et moyennes. La machinerie a créé l’anarchie et a rendu l’ouvrier
esclave des associations capitalistes. Elle ne pouvait pas donner le bonheur universel, elle a eu le tort de le faire croire, et c’est à ce point de vue
qu'on peut dire qu’elle a fait faillite. L’homme vit simultanément deux vies : la vie physique qui manifeste des besoins impérieux et journaliers ; la vie
morale, intellectuelle, spirituelle qui a ses aspirations, sa nourriture spéciale : la poésie et le désir de se survivre.
La science n’a pas fait banqueroute, mais elle n’a pas lait le bonheur de l’humanité. Qu’a fait la science pour le petit, la masse qui
souffre ? rien. En réalité les progrès de la science ne profitent qu’aux classes élevées et moyennes. La machinerie a créé l’anarchie et a rendu l’ouvrier
esclave des associations capitalistes. Elle ne pouvait pas donner le bonheur universel, elle a eu le tort de le faire croire, et c’est à ce point de vue
qu’eu peut dire qu’elle a fait faillite. L'homme vit simultanément deux vies : la vie physique qui manifeste des besoins impérieux et journaliers : la vie
morale, intellectuelle, spirituelle qui a ses aspirations, sa nourriture spéciale : la poésie et le désir de se survivre.
L’air, jusqu’en 1895, n’était composé que de deux gaz, l’oxygène et l’azote ; mais il parait démontré depuis peu qu’il existe un
troisième gaz qu’on appelle l’argon. Si la nature se rebiffe contre les lois îmmuables établies par les Berthelot, où allons-nous mon Dieu ? — Au
mysticisme.
L’air, jusqu’en 1805, n’était composé que de deux gaz, l’oxygène et l’azote ; mais il paraît démontré épuis peu qu’il existe un troisième
gaz qu’on appelle l’argon. Si la nature se rebiffe contre les lois immuables établies par les Berthelot, où ailons-nous mon Dieu ? — Au mysticisme.