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Original paragraph in
L’Éclair - Friday, June 14, 1895
L’Éclair - Friday, June 14, 1895
Most similar paragraph from
L'Intransigeant - Saturday, June 15, 1895
L'Intransigeant - Saturday, June 15, 1895
Difference
Oscar Wilde, dont les cheveux, les longs cheveux d’esthète, ont été coupés ras, est vêtu d’un costume de toile à voile marqué d’une
flèche, ce qu’on appelle un broad arrow, signe distinctif des convicts.
Oscar Wilde, dont les cheveux, les longs cheveux d’esthète, ont été coupés ras, est vêtu d’un costume de toile à voile marqué d’une
flèche, ce qu’on appelle un broad arrow, signe distinctif des convicts.
Sa cellule, très étroite, a pour tout meuble un lit ou pour mieux dire une planche reposant sur quatre pieds et sur laquelle on a placé
une couverture. Il n’y a pas de matelas et l’oreiller est en bois. A quelques pas dc là, un escabeau.
Sa cellule, très étroite, a pour tout meuble un lit ou, pour mieux dire, une planche reposant sur quatre pieds et sur laquelle on a placé
une couvertur, Il n’y a pas ds matelas et l’oreiller est en bois. A quelques pas de là, un escabeau.
Oscar Wilde est soumis à trois sortes de travaux. D’abord dans sa chambre il doit procéder, pendant un certain nombre d'heures, assis sur
son escableau, à la réduction en tout petits morceaux, d’énormes cordes goudronnées, de ces cordes dont on se sert pour amarrer les navires.
Oscar Wilde est soumis à trois sortes de travaux. D’abord dans sa chambre il doit procéder, pendant un certain nombre d’heures, assis sur
son escabeau, à la réduction en tout petits morceaux, d’énormes cordes goudronnées, de ces cordes dont on se sert pour amarrer des navires.
Il fait ce travail à l’aide d’un clou — et de ses ongles. Travail pénible, atroce, fait pour déchirer, abîmer, irrémédiablement les
mains.
Il fait ce travail à l’aide d’un clou — et de ses ongles. Travail pénible, atroce, fait pour déchirer, abîmer, irrémédiablement les
mains.
Puis, on le conduit dans une cour où il déplace un certain nombre de boulets de canon, les transportant un à un d’un endroit à un autre
et les plaçant en des tas symétriques.
Puis, on le conduit dans une cour où il déplace un certain nombre de boulets de canon, les transportant un à un d’un endroit à un autre
et les plaçant en des tas symétriques.
Le travail n’est pas plutôt achevé qu’il est détruit par Wilde lui-même et le prisonnier est obligé de reporter les boulets à l'endroit
primitif, un à un.
Le travail n’est pas plutôt achevé qu’il est détruit par Wilde lui même et le prisonnier est obligé de reporter les boulets à l’endroit
primitif, un à un.
Enfin, il est soumis à la peine du tread mill, la plus dure de toutes. Figurez-vous une immense roue à l’intérieur de laquelle se
trouvent des marches circulaires.
Enfin, il est soumis à la peine du tread mill, la plus dure de toutes. Figurez-vous une immense roue à l’intérieur de laquelle se
trouvent des marches circulaires.
Oscar Wilde, placé sur une des marches, fait mouvoir aussitôt la roue à l’aide de ses pieds. Les marches se succèdent ainsi sous ses
pieds dans une évolution rapide et régulière.
Oscar Wilde, placé sur une des marches, fait mouvoir aussitôt la roue à l’aide de ses pieds. Les marches se succèdent ainsi sous ses
pieds dans une évolution rapide et régulière.
Ses jambes sont soumises par là à un mouvement précipité qui devient une fatigue énervante, affolante au bout de quelques mineurs. Mais
il doit maîtriser cette fatigue, cet énervement, cette souffrance, et continuer à jouer des jambes, sous peine d’être renversé par l’action même de la
roue, enlevé et projeté.
Ses jambes sont soumises par là à un mouvement précipité qui devient une fatigue énervante, affolante au bout de quelques minutes. Mais
il doit maîtriser cette fatigue, cet énervement, cette souffrance, et continuer à jouer des jambes, sous peine d’être renversé par l’action même de la
roue, enlevé et projeté.
Cet exercice fantastique dure un quart d’heure. On donne à Wilde cinq minutes de repos, nuis l’exercice recommence.
Cet exercice fantastique dure un quart d’heure. On donne à Wilde cinq minutes de repos, puis l’exercice recommence.
Il est toujours seul et ne peut parler à son geôlier qu’à certains moments. Toute correspondance lui est interdite, et toute lecture,
sauf celle d'une bible et d’un livre de prières placés à la tète de la planche qui lui sert de lit.
Il est toujours seul et ne peut parler à son geôlier qu’à certains moments. Toute correspondance lui est interdite, et toute lecture
sauf celle d’une Bible et d’un livre de prières placés à la tête de la planche qui lui sert de lit.
On pense que ses parents ne seront admis à le voir qu’à la fin de l’année.
On pense que ses parents ne seront admis à le voir qu’à la fin de l’année.
Comme nourriture, on lui sort de la viande et du pain noir. Il ne boit que de l’eau, naturellement. Les repas sont à heure fixé, car il
est de toute importance qu’il suive un régime, régulier pour accomplir ces travaux si durs auxquels il est soumis tous les jours.
Comme nourriture, on lui sert de la viande et du pain noir. Il ne boit que de l’eau, naturellement. Les repas sont à heure fixe, car il
est de toute importance qu’il suive un régime régulier pour accomplir ces travaux si durs auxquels il est soumis tous les jours.
Le dimanche, il est conduit à la chapelle de la prison ou il assiste au service divin en compagnie des autres convicts. Il écoute le
sermon, non seulement à l’église, mais dans sa chambre, où le clergyman vient le voir une ou deux fois la semaine. Il doit écouter tout ce que le ministre
lui dit sans faire une seule observation, sans proférer un seul mot.
Le dimanche, il est conduit à la chapelle de la prison où il assiste au service divin en compagnie des autres convicts. Il écoute le
sermon, non seulement a l'église, mais dans sa chambre, où le clergyman vient le voir une ou deux fois la semaine. Il doit écouter tout ce que le ministre
lui dit sans faire une seule observation, sans proférer un seul mot.
Oscar Wilde ne semble pas souffrir physiquement du « hard labour ». Un convict libéré de la prison de Pentonville, avant-hier, a dit
qu’il avait assisté au service dimanche en compagnie d’Oscar Wilde et que celui-ci semblait se porter très bien.
Oscar Wilde ne semble pas souffrir physiquement du « hard labour ». Un convict libéré de la prison de Pentonville, avant-hier, a dit
qu’il avait assisté au service dimanche, en compagnie d’Oscar Wilde et que celui-ci semblait se porter très bien.