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Le Pays - Thursday, April 25, 1895
Difference
On écrit de Londres que le procès d'Oscar Wilde et de son complice Taylor pourrait fort bien s'engager vendredi prochain devant la cour d'assises d'Old-Bailey: le juge John Bridge n'avait indiqué cette date de comparution que comme provisoire.
Il paraît que la santé de l'esthète inspire de sérieuses inquiétudes à ses conseils. Le régime de la prison ne convient pas du tout à son tempérament, et il serait utile, disent-ils, de le mettre en liberté provisoire si on ne veut le voir dépérir. Mais cela ne se peut faire avant vendredi, attendu que les deux accusés ne relèvent plus que du magistrat designé pour diriger le jury. On considère, du reste, comme peu probable que les deux prisonniers soient admis à fournir caution.
Lord Douglas n'hesite pas à prendre publiquement la défense de son ami, dans une longue lettre qu'il adresse aux journaux; voici quelques fragments de son plaidoyer:
Je sais ce que je risque en élevant ma voix pour protester contre les hurlements de la meute qui pousse M. Wilde à sa ruine; bien plus, je suis convaincu que le public a déjà résolu de me juger, moi, comme il juge quiconque figure en cette affaire, c'est-à-dire suivant les évaluations de M. Carson (avocat de lord Queensberry). Il va sans dire que je suis un fils ingrat, lui qui dans sa folie et son arrogance a frappé son tendre et bon père et qui a aggravé sa faute en ne se frappant pas la face après la déconfiture de ses amis.
« Je sais ce que je risque en élevant ma voix pour protester contre les hurlements de la meute qui pousse M. Wilde à sa ruine ; bien plus, je suis convaincu que le public a déjà résolu de me juger, moi, comme il juge quiconque figure en cette affaire, c'est-à-dire suivant les évaluations de M. Carson, (avocat de lord Queensberry). Il va sans dire que je suis un fils ingrat, qui dans sa folie et son arrogance a frappé son tendre et bon père et qui a aggravé sa faute en ne se frappant pas la face après la déconfiture de ses amis. »
Je n'ai nulle intention d'expliquer mon attitude ou de me défendre. Tout ce que je désire faire remarquer, c'est que M. Oscar Wilde a été jugé par les journaux avant de l'être par un jury, que par conséquent un préjugé défavorable a été créé contre lui dans le public d'où seront choisis les membres du jury et qu'il est pratiquement livré, pieds et poings liés, à une lâche et brutale populace.
« Je n'ai nulle intention d'expliquer mon attitude ou de me défendre. Tout ce que je désire faire remarquer, c'est que M. Oscar Wilde a été jugé par les journaux avant de l'être par un jury, que par conséquent un préjugé défavorable a été créé contre lui dans le public d'où seront choisis les membres du jury et qu'il est pratiquement livré, pieds et poings liés, à une lâche et brutale populace. »
Lord Douglas termine en déclarant que les crimes imputés à Wilde ne sont punissables en aucune façon: les lois ne contiennent rien qui les vise.