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Le Radical - Friday, May 10, 1895
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Le Jour - Thursday, May 9, 1895
Difference
Voici de nouveaux détails sur la mise en liberté d'Oscar Wilde.
Ses garants ont comparu hier, devant le tribunal de police de Bow street, où le siège du juge était occupé par M. Vaughan. C'est d'abord le révérend Steward Headlam, clergyman à la physionomie essentiellement grave. En réponse aux questions qui lui sont posées, il déclare sous serment, et après avoir baisé la Bible, qu'il se porte caution pour Wilde et que, si la somme de 1,250 livres, qu'il offre en garantie, venait à être perdue pour lui, il n'en résulterait aucun dommage pour ses créanciers ni pour sa succession.
Vient ensuite lord Percy Sholto Douglas de Hawick, frère du marquis de Queensberry et oncle du jeune lord Afred Douglas, qui prête le même serment. Il porte presque le même costume, a l'air d'un autre clergyman plus jeune.
Une fois les cautions de ces deux garants acceptées, il a entendu le personnage le plus intéressé à la question, c'est-à-dire le prisonnier qui devra, comme lord Sholto Douglas et le révérend Stewart Headlam, déposer devant la cour et voir accepter sa caution, - laquelle a été portée à 2,500 livres sterling - 62,500 francs. La mise en liberté provisoire d'Oscar Wilde a donc été cotée 125,000 francs et non 50,000, comme on l'a dit.
M. Vaughan remet au conseil un ordre d'élargissement portant le nom du prisonnier. Il consent à ce que cet ordre ne soit pas transmis par la police et à ce que Wilde soit amené à Bow street dans un fiacre au lieu de faire le trajet dans une voiture cellulaire.
Wilde, prévenu le matin, attendait au greffe, en toilette de ville, prêt à partir. Les formalités d'écrou ayant été accomplies par M. le colonel Melman, gouverneur d'Holloway, il est monté en voiture pour se rendre à Bow street.
Le bruit de son arrivée avait circulé et la salle d'audience était comble. Ç'a été une déconvenue pour tout le monde d'apprendre que les formalités se dénoueraient en chambre du conseil. C'est au seuil de cette chambre que Wilde s'est vu pour la première fois, depuis le 5 avril, délivré de la présence des policement. Sa caution acceptés, il a pu quitter librement Bow street avec ses amis et sir Edward Clarke, son avocat, qui l'était venu rejoindre. Il était alors environ quatre heures. Wilde a été conduit au grand hôtel Terminus du Midland railway, où un appartement lui avait été réservé. Sa détention aura duré presque trente-deux jours.
Voici en quels termes le révérend Stewart Headlam a exposé les motifs pour lesquels il se portait garant en faveur de l'accusé.
« Parmi les amis d'Oscar Wilde et du docteur Wilde, son père, je suis de ceux qui gardent une entière confiance dans l'issue du procès. L'opinion s'égare, mais ce n'est pas sa faute. L'attitude de Wilde n'a pas toujours été telle qu'on aurait pu la souhaiter parce que la prison et les épreuves subies depuis un mois ont altéré sa santé. Je lui donne volontiers ma caution afin qu'il se repose, qu'il reprenne des forces et que bientôt, le plus tôt possible, il comparaisse devant ses nouveaux juges, le corps, le coeur et l'esprit dispos. »
Oscar Wilde n'a pas quitté l'hôtel du Midland. Il a passé la journée à mettre ses affaires en ordre et à s'entretenir avec les avoués et avec un ou deux de ses amis intimes. Son état de santé laisse d'ailleurs beaucoup à désirer. Il est très abattu et se plaint de ne pouvoir dormir. En conséquence, il refuse de recevoir les journalistes et d'exprimer son opinion sur son procès.
Le secret est gardé sur l'heure de son départ de Londres et sur la localité du littoral où il a décidé d'aller prendre son repos en attendant sa comparution.
Le secret est gardé sur l'heure de son départ le Londres et sur la localité du littoral où il a décidé d'aller prendre du repos en attendant sa comparution. La police seule est tenue au courant de ses mouvements.
La police seule est tenue au courant de ses mouvements.