Previous report L'Echo de Paris - Thursday, December 12, 1895
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Henri Becque
ET L'ACADÉMIE FRANÇAISE

P. S. —- Il y a quelques semaines, je conviai mes lecteurs et mes amis à signer une pétition pour un adoucissement de la peine d'Oscar Wilde, dont avaient pris l'initiative M. Stuart Merril et M. Deschamps, directeur de la Plume. Nombre d'hommes de lettres connus me firent savoir qu'ils étaient de compassion avec moi et qu'ils intercéderaient de leur signature en faveur du malheureux condamné.

Mais la supplique ne fut remise ni à moi, ni à personne. Peu après, je reçus une lettre fort obligeante de M. Stuart Merril, m'indiquant qu'elle n'avait plus d'objet, — Oscar Wilde ayant été changé de prison et jouissant d'un régime plus clément.

Il parait qu'il n'en est rien: MM. Stuart Merril et Deschamp auraient été trompés et le condamné n'a fait que changer de lieu de supplice. Un reporter a vu l'infortuné Wilde dans son nouveau bagne, amaigri, affaissé, écrasé de misère, torturé, les mains estropiées, le corps usé par la dysenterie, dans un état proche de la mort ou, qui pis est, de la folie.

MM. Deschamps et Stuart Merril nous ont abusés, non pas sytématiquement et à dessein, comme semble penser le visiteur, mais parce qu'ils le furent eux-mêmes. Toutes les fois qu'un mouvement de pitié se produit en faveur d'un misérable, ses bourreaux soutiennent qu'il se trouve fort bien traité et le font croire.

L'essentiel est de savoir la vérité : le triste prisonnier de l'hypocrisie anglaise demeure un sujet de commisération, un insigne exemple de la férocité légale et de la lâcheté humaine.

H. B.

Henry Becque
AND THE FRENCH ACADEMY

PS —- A few weeks ago, I invited my readers and my friends to sign a petition for a softening of Oscar Wilde's sentence, initiated by Mr. Stuart Merril and Mr. Deschamps, director of La Plume . A number of well-known men of letters let me know that they had compassion with me and that they would intercede with their signature in favor of the unfortunate condemned man.

But the petition was delivered neither to me nor to anyone. Shortly after, I received a very obliging letter from Mr. Stuart Merril, indicating to me that it had no longer any object—Oscar Wilde having been transferred from prison and enjoying a more lenient regime.

It seems that this is not the case: MM. Stuart Merril and Deschamp would have been deceived and the condemned man only changed the place of execution. A reporter saw the unfortunate Wilde in his new penal colony, emaciated, slumped, crushed with misery, tortured, his hands crippled, his body worn out by dysentery, in a state close to death or, what is worse, madness. .

MM. Deschamps and Stuart Merril misled us, not systematically and deliberately, as the visitor seems to think, but because they themselves were. Whenever a movement of pity occurs in favor of a wretch, his executioners maintain that he is very well treated and make people believe it.

The main thing is to know the truth: the sad prisoner of English hypocrisy remains a subject of commiseration, a signal example of legal ferocity and human cowardice.

HB

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