Previous report Le Gaulois - Saturday, December 14, 1895
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BOITE AUX LETTRES

Nous recevons de M. Alfred Douglas, en réponse à un de nos échos, une lettre que nous nous en voudrions de ne pas publier intégralement. Elle a au moins le mérite d'éclairer d'une vive lumière un « cas » psychologique des plus étranges. Voici cette lettre :

Villa Caso Capri.
Monsieur,

Je suis sûr que vous n'avez pas l'intention ou d'égarer vos lecteurs ou de faire une injustice à personne. C'est pourquoi je vous prie de rectifier une erreur que vous avez faite dans le Gaulois du 10 décembre.

Là vous avez annoncé que « lord Sholte Douglas, le célèbre ami d'Oscar Wilde, ayant disparu après le procès fait contre son ami, et dont on ignorait la destination, est devenu acteur au théâtre de l'Alcazar, à San Francisco ». C'est moi qui suis l'ami de M. Oscar Wilde. Lord Sholte Douglas est mon frère cadet et il ne connaît pas M. Wilde. Permettez-moi d'ajouter que je n'ai jamais « disparu » et que mon arrivée en Italie, où je suis depuis quatre mois, a été annoncée dans presque tous les journaux italiens et français.

Tout cela, à vous, peut paraître très peu important mais c'est pour moi tellement répugnant que je sois pensé capable d'un si ignoble expédient, que je dirai même que si j'étais (moi l'ami fidèle et le disciple aimé de M. Oscar Wilde) capable de profiter d'une façon si détestable de là réclame que pourraient m'apporter les malheurs de mon ami et mon maître, ce serait un des plus grands arguments qu'on pourrait apporter contre M. Oscar Wilde. C'est vrai que M. Wilde exprimait et sentait le plus profond mépris pour la moralité hypocrite et absurde de ce siècle ridicule, mais sur ce que lui manquait en « moralité » il prenait sa revanche en génie, et un homme de génie ne prend pas pour son plus grand ami et son disciple aimé une espèce de bouffon sans cœur.

Si on va me faire responsable pour toutes les choses qu'ont faites ou que feront tous les Douglas dans le monde (mon père affectionné y compris),je peux m'attendre à une vie assez excitante pour dire le moins ! J'ai déjà écrit une autre lettre sur ce sujet au Gil Blas, mais comme je n'ai pas encore eu l'opportunité de voir si ma lettre a paru dans ce journal, je m'adresse aussi à vous. Agréez monsieur, mes compliments très distingués.

Alfred Bruce DOUGLAS.

LETTER BOX

We received from Mr. Alfred Douglas, in response to one of our echoes, a letter which we would be sorry not to publish in full. It has at least the merit of shining a bright light on one of the strangest psychological "cases". Here is that letter:

Villa Caso Capri.
Sir,

I'm sure you don't intend either to mislead your readers or do anyone an injustice. This is why I ask you to correct an error which you made in the Gaulois of December 10.

There you announced that "Lord Sholte Douglas, the famous friend of Oscar Wilde, having disappeared after the trial against his friend, and whose destination was unknown, became an actor at the Alcazar theater in San Francisco." I'm Mr. Oscar Wilde's friend. Lord Sholte Douglas is my younger brother and he does not know Mr. Wilde. Allow me to add that I never “disappeared” and that my arrival in Italy, where I have been for four months, was announced in almost all the Italian and French newspapers.

All this, to you, may seem very unimportant, but it is so repugnant to me that I should be thought capable of such an ignoble expediency, that I would even say that if I were (me the faithful friend and the beloved disciple of M. Oscar Wilde) able to take advantage in such a detestable way of the claims that the misfortunes of my friend and my master could bring me, that would be one of the greatest arguments that could be brought against M. Oscar Wilde. It is true that Mr. Wilde expressed and felt the deepest contempt for the hypocritical and absurd morality of this ridiculous century, but on what he lacked in "morality" he took his revenge in genius, and a man of genius does not take not for his greatest friend and beloved disciple some kind of heartless jester.

If I'm going to be held accountable for all the things that every Douglas in the world has done or will do (including my loving father), I can expect a pretty exciting life to say the least! I have already written another letter on this subject to Gil Blas, but as I have not yet had the opportunity to see if my letter has appeared in this newspaper, I am also addressing you. Accept sir, my most distinguished compliments.

Alfred Bruce DOUGLAS.

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