UN RÉCIT D'OSCAR WILDE

M. Albert Bataille nous parle ce matin de la vie d'un littérateur anglais du commencement du siècle, Thomas Wainewright, racontée par Oscar Wilde dans un de ses ouvrages. Ce Thomas Wainewright, espèce de déséquilibré sinistre, fut un bandit de la pire espèce : il commit des faux et empoisonna plusieurs membres de sa famille.

Voici comment Oscar Wilde nous raconte l'empoisonnement de sa jeune belle-sœur :

Le mobile de l'empoisonnement de mistress Abercrombie est resté mystérieux.

Le mobile de l'empoisonnement de mistress Abercrombie, nous raconte tranquillement Oscar Wilde, est resté mystérieux.

Peut-être l'a-t-il empoisonnée par caprice, ou pour surexciter quelque sensation hideuse de la puissance qu'il savait en lui, ou parce qu'il soupçonnait quelque chose de la mort soudaine de l'oncle, ou pour rien.

Peut-être l'a-t-il empoisonnée par caprice, ou pour surexciter quelque sensation hideuse de la puissance qu'il savait en lui, ou parce qu'elle soupçonnait quelque chose de la mort soudaine de l'oncle, ou pour rien.

Quant au meurtre d'Helen Abercrombie, il fut résolu par lui en vue de bénéficier d'une assurance de 18,000 livres (430,000 fr.) qu'elle avait contractée sur la vie.

Quant au meurtre d'Helen Abercrombie, il fut résolu par lui en vue de bénéficier d'une assurance de 18,000 livres (450,000 fr.) qu'elle avait contractée sur la vie.

Helen l'avait accompagné à Londres, où Thomas Wainwright était venu passer quelques jours avec sa femme.

Helen l'avait accompagné à Londres, où Thomas Wainewright était venu passer quelques jours avec sa femme.

Dans la soirée du 12 décembre 1830, la jeune fille se trouva souffrante pendant un souper, au sortir du théâtre.

Dans la soirée du 12 décembre 1830, la jeune fille se trouva souffrante pendant un souper, au sortir du théâtre.

Le lendemain, elle était plus mal. Elle vécut pourtant jusqu'au 20. Ce jour-là, M. et Mme Wainewright lui apportèrent une gelée empoisonnée, puis s'en furent promener. Quand ils revinrent, Helen était morte.

Le lendemain, elle était plus mal. Elle vécut pourtant jusqu'au 20. Ce jour-là, M. et Mme Wainewright lui apportèrent une gelée empoisonnée, puis s'en furent promener. Quand ils revinrent, Helen était morte.

Elle était dans sa vingtième année. C'était une frêle et gracieuse jeune fille avec de très beaux cheveux blonds.

Elle était dans sa vingtième année. C'était une frêle et gracieuse jeune fille avec de très beaux cheveux blonds.

Une charmante esquisse d'elle, par son beau-frère, existe encore et montre combien le style artistique de Thomas Wainewright avait été influencé par sir Thomas Lawrence, qui lui avait toujours inspiré la plus vive admiration.

Une charmante esquisse d'elle, par son beau-frère, existe encore et montre combien le style artistique de Thomas Wainewright avait été influencé par sir Thomas Lawrence, qui lui avait toujours inspiré la plus vive admiration.

Récit d'un autre empoisonnement :

A Boulogne, où il séjourna chez le père de la jeune fille, nous raconte Oscar Wilde, il persuada à ce gentleman de s'assurer sur la vie, pour 3,000 livres, à la Compagnie le Pélican.

A Boulogne, où il séjourna chez le père de la jeune fille, nous raconte Oscar Wilde, il persuada à ce gentleman de s'assurer sur la vie, pour 3,000 livres, à la Compagnie le Pélican.

Les formalités une fois remplies, la police signée, il versa quelques gouttes de strychnine dans le café de son hôte.

Les formalités une fois remplies, la police signée, il versa quelques gouttes de strychnine dans le café de son hôte.

Son but paraît avoir été de se venger des compagnies d'assurances, qui lui causaient tant de mécomptes avec leur procès.

Son but paraît avoir été de se venger des compagnies d'assurances, qui lui causaient tant de mécomptes avec leur procès.

Son ami mourut le lendemain et Thomas Wainewright quitta aussitôt Boulogne pour faire une tournée d'esquisses à travers les parties les plus pittoresques de la Bretagne.

Son ami mourut le lendemain, et Thomas Wainewright quitta aussitôt Boulogne pour faire une tournée d'esquisses à travers les parties les plus pittoresques de la Bretagne.

De là il partit pour Paris, où il passa plusieurs années, vivant très mystérieusement, et ce ne fut qu'en 1837 qu'il se hasarda à revenir en Angleterre, fasciné follement par une femme qui y retournait.

De là il partit pour Paris, où il passa plusieurs années, vivant très mystérieusement, et ce ne fut qu'en 1837 qu'il se hasarda à revenir en Angleterre, fasciné follement par une femme qui y retournait.

Faut-il s'étonner de cette imprudence ? Il paraît que la femme était belle, très belle... et puis elle ne l'aimait pas !

Faut-il s'étonner de cette imprudence ? Il paraît que la femme était belle, très belle... et puis elle ne l'aimait pas !

Thomas Wainewright fut condamné à suite de ce meurtre à la transportation à vie. Il y mourut vers 1852.

M. Oscar Wilde nous dit en terminant son opinion sur Thomas Wornewught qui eut, d'après lui, « un sincère amour de l'art et de la nature ».

A STORY BY OSCAR WILDE

Mr. Albert Bataille speaks to us this morning about the life of an English writer from the beginning of the century, Thomas Wainewright, told by Oscar Wilde in one of his works. This Thomas Wainewright, a sort of sinister lunatic, was a bandit of the worst kind: he committed forgery and poisoned several members of his family.

Here is how Oscar Wilde tells us about the poisoning of his young sister-in-law:

The motive for Mrs. Abercrombie's poisoning has remained mysterious.

Perhaps he poisoned her on a whim, or to heighten some hideous sensation of the power he knew was within him, or because he suspected something of the uncle's sudden death, or for nothing . .

As for the murder of Helen Abercrombie, it was solved by him in order to benefit from an insurance of 18,000 pounds (430,000 fr.) which she had contracted on life.

Helen had accompanied him to London, where Thomas Wainwright had come to spend a few days with his wife.

On the evening of December 12, 1830, the young girl was unwell during a supper, on leaving the theatre.

The next day she was worse. She lived, however, until the 20th. That day, Mr. and Mrs. Wainewright brought her a poisonous jelly, and then went for a walk. When they returned, Helen was dead.

She was in her twentieth year. She was a frail and graceful young girl with very beautiful blond hair.

A charming sketch of her, by her brother-in-law, still exists and shows how Thomas Wainewright's artistic style was influenced by Sir Thomas Lawrence, who had always inspired him with the greatest admiration.

Account of another poisoning:

In Boulogne, where he stayed with the girl's father, Oscar Wilde tells us, he persuaded this gentleman to take out life insurance for 3,000 pounds with the Compagnie le Pélican .

The formalities once completed, the police signed, he poured a few drops of strychnine into his host's coffee.

His goal seems to have been to take revenge on the insurance companies, which caused him so many disappointments with their lawsuit.

His friend died the next day and Thomas Wainewright immediately left Boulogne to make a sketching tour through the most picturesque parts of Brittany.

From there he left for Paris, where he spent several years, living very mysteriously, and it was not until 1837 that he ventured to return to England, madly fascinated by a woman who was returning there.

Should we be surprised at this imprudence? It seems that the woman was beautiful, very beautiful... and then she didn't love him!

Thomas Wainewright was sentenced as a result of this murder to transportation for life. He died there around 1852.

Mr. Oscar Wilde tells us in conclusion his opinion on Thomas Wornewught who had, according to him, “a sincere love of art and nature”.

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