UN PRÉCURSEUR
D'OSCAR WILDE

Ce malheureux Oscar Wilde, que la perversion des sens a conduit au hard labour, semble avoir eu le pressentiment de sa propre destinée.

Il y a dans un de ses recueils, Intentions, une étude bien curieuse et dont il est surprenant que l'avocat de la Couronne n'ait pas lu quelques extraits suggestifs aux jurés anglais.

C'est la biographie d'un littérateur, d'un critique d'art, d'un peintre du commencement du siècle, Thomas Griffiths Wainewright, dont l'ami du jeune lord Douglas évoque la troublante figure avec une sorte de passion maladive, comme s'il avait trouvé en lui un précurseur.

Comme Oscar Wilde, Thomas Wainewright fut un essayist remarquable, un écrivain d'un rare tempérament artistique, un « dilettante de choses délicieuses ». Comme lui, il fut perdu par la culture intensive du moi et par la recherche d'émotions nouvelles, avec cette différence que du vice il a roulé jusqu'au crime.

Pen, pencil, and poison : ce titre qu'Oscar Wilde a choisi pour son étude résume en trois mots la vie aventureuse de Thomas Wainewright. Ni la plume ni le pinceau n'ayant satisfait son idéal, c'est au poison qu'il a demandé les jouissances suprêmes, et son biographe ajoute, non sans quelque admiration peut-être, qu'il fut, « en même temps qu'un empoisonneur subtil et presque sans rival à aucune époque, un faussaire d'une capacité peu commune ».

L'esthète anglais s'étend avec complaisance sur la beauté et l'élégance de ce bandit :

Ses magnifiques bagues, l'antique camée de son épingle de chemise, ses gants de chevreau citron étaient bien connus de la ville, qu'il bouleversait avec ses allures de dandy. Ses chevaux richement bouclés, ses beaux yeux, ses mains d'une blancheur exquise lui donnaient la dangereuse et délicieuse distinction d'être différent des autres.

Eh bien, ce peintre amoureux de la pureté des lignes, ce poète épris de l'harmonie des belles choses, ce collectionneur dont le cabinet de travail était un musée, cet érudit qui avait débuté par de remarquables études sur Rubens, sur Rembrandt, sur Michel-Ange, sur les poètes français de la Renaissance, devait finir comme convict à la Terre de Van Diemen, et il est difficile de se rendre compte, à lire Oscar Wilde, si son intérêt est plus vif pour le poète et le prosateur que pour l'empoisonneur et pour le faussaire :

Comment ce jeune homme si cultivé, écrit-il, fut fasciné par l'étrange passion du poison, c'est ce qu'il ne nous a pas révélé, et le journal où il notait avec soin le résultat de ses terribles expériences et les méthodes qu'il avait adoptées est malheureusement perdu pour nous.

Il est certain, cependant, que ce poison était la strychnine.

La première victime de Thomas Wainewright fut son oncle, Thomas Griffiths, qui l'avait élevé. Il l'empoisonna en 1829 pour hériter de la coquette villa des environs de Londres où il avait passé son enfance et dont « les délicieux ombrages lui avaient inspiré ses premières esquisses ».

L'année suivante, Thomas Wainewright empoisonnait sa belle-mère, mistress Abercrombie, et, quelques mois après ce second crime, il donnait la mort la jeune sœur de sa femme, la charmante Helen Abercrombie.

Le mobile de l'empoisonnement de mistress Abercrombie, nous raconte tranquillement Oscar Wilde, est resté mystérieux.

Le mobile de l'empoisonnement de mistress Abercrombie est resté mystérieux.

Peut-être l'a-t-il empoisonnée par caprice, ou pour surexciter quelque sensation hideuse de la puissance qu'il savait en lui, ou parce qu'elle soupçonnait quelque chose de la mort soudaine de l'oncle, ou pour rien.

Peut-être l'a-t-il empoisonnée par caprice, ou pour surexciter quelque sensation hideuse de la puissance qu'il savait en lui, ou parce qu'il soupçonnait quelque chose de la mort soudaine de l'oncle, ou pour rien.

Quant au meurtre d'Helen Abercrombie, il fut résolu par lui en vue de bénéficier d'une assurance de 18,000 livres (450,000 fr.) qu'elle avait contractée sur la vie.

Quant au meurtre d'Helen Abercrombie, il fut résolu par lui en vue de bénéficier d'une assurance de 18,000 livres (430,000 fr.) qu'elle avait contractée sur la vie.

Helen l'avait accompagné à Londres, où Thomas Wainewright était venu passer quelques jours avec sa femme.

Helen l'avait accompagné à Londres, où Thomas Wainwright était venu passer quelques jours avec sa femme.

Dans la soirée du 12 décembre 1830, la jeune fille se trouva souffrante pendant un souper, au sortir du théâtre.

Dans la soirée du 12 décembre 1830, la jeune fille se trouva souffrante pendant un souper, au sortir du théâtre.

Le lendemain, elle était plus mal. Elle vécut pourtant jusqu'au 20. Ce jour-là, M. et Mme Wainewright lui apportèrent une gelée empoisonnée, puis s'en furent promener. Quand ils revinrent, Helen était morte.

Le lendemain, elle était plus mal. Elle vécut pourtant jusqu'au 20. Ce jour-là, M. et Mme Wainewright lui apportèrent une gelée empoisonnée, puis s'en furent promener. Quand ils revinrent, Helen était morte.

Elle était dans sa vingtième année. C'était une frêle et gracieuse jeune fille avec de très beaux cheveux blonds.

Elle était dans sa vingtième année. C'était une frêle et gracieuse jeune fille avec de très beaux cheveux blonds.

Une charmante esquisse d'elle, par son beau-frère, existe encore et montre combien le style artistique de Thomas Wainewright avait été influencé par sir Thomas Lawrence, qui lui avait toujours inspiré la plus vive admiration.

Une charmante esquisse d'elle, par son beau-frère, existe encore et montre combien le style artistique de Thomas Wainewright avait été influencé par sir Thomas Lawrence, qui lui avait toujours inspiré la plus vive admiration.

C'est la seule réflexion dont Oscar Wilde fasse suivre le récit de cet épouvantable crime qui, d'ailleurs, resta impuni, malgré le procès que les compagnies d'assurances sur la vie intentèrent à l'empoisonneur.

C'est seulement comme faussaire que Wainewright devait être condamné. Il avait contrefait la signature d'un trustee pour toucher une assez forte somme qui lui revenait de sa mère, et qu'il destinait, paraît-il, à compléter sa collection de camées anciens.

Pendant plusieurs années, la police de Londres, qui ignorait d'ailleurs que ce faussaire fût un empoisonneur, le rechercha infructueusement.

Thomas Wainewright était passé sur le continent. Il habitait Boulogne-sur-Mer, où il avait suivi une jeune fille et où il devait commettre avec le même implacable sang-froid un nouvel empoisonnement.

A Boulogne, où il séjourna chez le père de la jeune fille, nous raconte Oscar Wilde, il persuada à ce gentleman de s'assurer sur la vie, pour 3,000 livres, à la Compagnie le Pélican.

A Boulogne, où il séjourna chez le père de la jeune fille, nous raconte Oscar Wilde, il persuada à ce gentleman de s'assurer sur la vie, pour 3,000 livres, à la Compagnie le Pélican.

Les formalités une fois remplies, la police signée, il versa quelques gouttes de strychnine dans le café de son hôte.

Les formalités une fois remplies, la police signée, il versa quelques gouttes de strychnine dans le café de son hôte.

Son but paraît avoir été de se venger des compagnies d'assurances, qui lui causaient tant de mécomptes avec leur procès.

Son but paraît avoir été de se venger des compagnies d'assurances, qui lui causaient tant de mécomptes avec leur procès.

Son ami mourut le lendemain, et Thomas Wainewright quitta aussitôt Boulogne pour faire une tournée d'esquisses à travers les parties les plus pittoresques de la Bretagne.

Son ami mourut le lendemain et Thomas Wainewright quitta aussitôt Boulogne pour faire une tournée d'esquisses à travers les parties les plus pittoresques de la Bretagne.

De là il partit pour Paris, où il passa plusieurs années, vivant très mystérieusement, et ce ne fut qu'en 1837 qu'il se hasarda à revenir en Angleterre, fasciné follement par une femme qui y retournait.

De là il partit pour Paris, où il passa plusieurs années, vivant très mystérieusement, et ce ne fut qu'en 1837 qu'il se hasarda à revenir en Angleterre, fasciné follement par une femme qui y retournait.

Faut-il s'étonner de cette imprudence ? Il paraît que la femme était belle, très belle... et puis elle ne l'aimait pas !

Faut-il s'étonner de cette imprudence ? Il paraît que la femme était belle, très belle... et puis elle ne l'aimait pas !

Arrêté presque aussitôt et traduit devant la Cour d'assises d'Old Bailey, le faussaire fut condamné, le 5 juillet 1837, à la transportation à vie et conduit à Newgate en attendant son embarquement pour les colonies.

Dans un passage fantaisiste de ses premiers Essais, il s'était imaginé lui-même enfermé dans la geôle sous sentence de mort.

Aussi bien, la condamnation qui le frappait était pour un homme de son intelligence une sorte de mort.

Pendant qu'il était à Newgate, Charles Dickens, qui visitait avec quelques littérateurs de ses amis les prisons de Londres — à la recherche d'impressions artistiques, nous dit encore Oscar Wilde — eut l'occasion de passer près du futur convict. Thomas Wainewright vint à lui, le regardant fixement, mais les visiteurs eurent horreur de le reconnaître.

De Newgate, le condamné fut embarqué pour la Terre de Van Diemen.

Le voyage lui parut insupportable, et dans une lettre à un ami il parlait avec amertume de « son dégoût de poète et d'artiste d'être accouplé à des rustres ».

Aucun remords, d'ailleurs. Dans une autre lettre intime, où il fait allusion à l'empoisonnement de sa jeune belle-sœur :

— Certainement, écrit-il, c'est une chose épouvantable ! Mais cette pauvre Helen avait les chevilles si épaisses ! »

A la Terre de Van Diemen, Thomas Wainewright se remit à écrire et à peindre, et — ajoute Oscar Wilde — il ne perdit pas davantage l'habitude d'empoisonner. Les archives de la colonie révèlent qu'il tenta d'expédier dans l'autre monde deux de ses compagnons qui avaient essayé de lui nuire. Mais sa main n'était plus aussi sûre, et ce double attentat échoua, sans qu'il apparaisse d'ailleurs que Thomas Wainewright en ait été puni.

Il passa les dernières années de sa vie à réclamer vainement sa grâce, parlant de lui, dans ses pétitions, comme « d'un homme tourmenté par ses efforts pour réaliser la perfection de la forme, entravé dans l'accroissement de ses connaissances, et privé de toute conversation profitable et même décente ».

Ces considérations esthétiques n'eurent point le don de fléchir l'autorité, et le héros d'Oscar Wilde mourut d'apoplexie le 15 mai 1852, n'ayant pour tout compagnon qu'un chat, pour lequel il ressentait une affection extraordinaire, et s'occupant à peindre des portraits de femmes « dans l'expression desquels il trouvait moyen de faire passer quelque chose de sa propre perversité ».

Telle est l'histoire du condamné d'autrefois, racontée par le condamné d'aujourd'hui.

Oscar Wilde, qui n'a pas pour ce monstre un mot de blâme, fait suivre ce récit des crimes de Thomas Wainewright de réflexions bizarres, dans lesquelles on sentira passer quelque chose de sa propre apologie :

Cette étrange et puissante figure, écrit-il, est un fort intéressant sujet d'étude. Le fait qu'un homme fut un empoisonneur ne peut rien contre sa prose. Les vertus domestiques ne sont point les vraies bases de l'art.

Thomas Wainewright n'en eut pas moins un sincère amour de l'art et de la nature.

II n'y a pas d'incompatibilité essentielle entre la culture intellectuelle et le crime.

Thomas Wainewright est seulement trop près de notre temps pour que nous puissions former sur lui un jugement purement artistique. Mais s'il avait porté un costume et parlé une langue différents des nôtres ; s'il avait vécu dans la Rome impériale ou à l'époque de la Renaissance italienne, nous serions parfaitement capables de juger impartialement sa valeur.

Au lendemain du procès d'Oscar Wilde, il était curieux de mettre en lumière ces réflexions.

Je les livre aux psychologues qui font profession d'analyser les « états d'âme ».

Dans ce dédain de la morale courante, dans cette affectation d'ériger en aberrations artistiques des crimes parfaitement vulgaires, il y a sans doute beaucoup de pose. Il y a aussi de la plaidoirie.

Nul doute qu'à sa sortie de prison Oscar Wilde ne nous explique par d'autres considérations esthétiques son enthousiasme pour la pureté des lignes du jeune lord Douglas.

Albert Bataille.

A PRECURSOR
BY OSCAR WILDE

This unfortunate Oscar Wilde, whom the perversion of the senses has led to hard labour, seems to have had a presentiment of his own destiny.

There is in one of his collections, Intentions, a very curious study from which it is surprising that the Crown attorney did not read some suggestive extracts to the English jurors.

It is the biography of a writer, an art critic, a painter from the beginning of the century, Thomas Griffiths Wainewright, whose disturbing figure the friend of the young Lord Douglas evokes with a sort of sickly passion, as if he had found in him a precursor.

Like Oscar Wilde, Thomas Wainewright was a remarkable essayist, a writer of a rare artistic temperament, a “dilettante of delicious things”. Like him, he was lost by the intensive cultivation of the ego and by the search for new emotions, with this difference that from vice he turned to crime.

Pen, pencil, and poison: this title that Oscar Wilde chose for his study summarizes in three words the adventurous life of Thomas Wainewright. Neither the pen nor the brush having satisfied his ideal, it was poison that he demanded the supreme pleasures, and his biographer adds, perhaps not without some admiration, that he was, "at the same time as 'a subtle and almost unrivaled poisoner at any time, a forger of uncommon ability'.

The English esthete complacently expands on the beauty and elegance of this bandit:

His magnificent rings, the antique cameo on his shirt pin, his lemon kid gloves were well known in the town, which he upset with his dandy looks. His richly curly horses, his beautiful eyes, his exquisitely white hands gave him the dangerous and delicious distinction of being different from others.

Well, this painter in love with the purity of lines, this poet in love with the harmony of beautiful things, this collector whose study was a museum, this scholar who had begun with remarkable studies of Rubens, Rembrandt, Michelangelo, on the French poets of the Renaissance, was to end up as a convict in Van Diemen's Land, and it is difficult to realize, reading Oscar Wilde, if his interest is more lively for the poet and the prose writer than for the poisoner and the forger:

How this cultured young man, he writes, was fascinated by the strange passion for poison, is what he has not revealed to us, and the diary in which he carefully noted the results of his terrible experiments and the methods he had adopted is unfortunately lost on us.

It is certain, however, that this poison was strychnine.

Thomas Wainewright's first victim was his uncle, Thomas Griffiths, who raised him. He poisoned her in 1829 to inherit the pretty villa near London where he had spent his childhood and whose “delicious shades had inspired his first sketches”.

The following year Thomas Wainewright poisoned his mother-in-law, Mrs. Abercrombie, and a few months after this second crime he killed his wife's younger sister, the charming Helen Abercrombie.

The motive for Mrs. Abercrombie's poisoning, Oscar Wilde quietly tells us, has remained mysterious.

Perhaps he poisoned her on a whim, or to heighten some hideous sensation of the power he knew was within him, or because she suspected something of the uncle's sudden death, or for nothing. .

As for the murder of Helen Abercrombie, it was solved by him in order to benefit from an insurance of 18,000 pounds (450,000 fr.) which she had contracted on life.

Helen had accompanied him to London, where Thomas Wainewright had come to spend a few days with his wife.

On the evening of December 12, 1830, the young girl was ill during a supper, on leaving the theatre.

The next day, she was worse. She lived, however, until the 20th. That day, Mr. and Mrs. Wainewright brought her a poisonous jelly, and then went for a walk. When they returned, Helen was dead.

She was in her twentieth year. She was a frail and graceful young girl with very beautiful blond hair.

A charming sketch of her, by her brother-in-law, still exists and shows how Thomas Wainewright's artistic style had been influenced by Sir Thomas Lawrence, who had always inspired him with the greatest admiration.

It is the only reflection with which Oscar Wilde makes follow the account of this appalling crime which, moreover, remained unpunished, in spite of the lawsuit which the companies of insurances on the life brought to the poisoner.

It was only as a forger that Wainewright was to be condemned. He had forged the signature of a trustee in order to receive a fairly large sum which was due to him from his mother, and which he intended, it seems, to complete his collection of old cameos.

For several years, the London police, who were unaware that this forger was a poisoner, searched for him without success.

Thomas Wainewright had crossed over to the Continent. He lived in Boulogne-sur-Mer, where he had followed a young girl and where he was to commit another poisoning with the same implacable coolness.

In Boulogne, where he stayed with the girl's father, Oscar Wilde tells us, he persuaded this gentleman to take out life insurance for 3,000 pounds with the Compagnie le Pélican.

The formalities once completed, the police signed, he poured a few drops of strychnine into his host's coffee.

His aim seems to have been to take revenge on the insurance companies, which caused him so many disappointments with their lawsuit.

His friend died the next day, and Thomas Wainewright immediately left Boulogne to make a sketching tour through the most picturesque parts of Brittany.

From there he left for Paris, where he spent several years, living very mysteriously, and it was not until 1837 that he ventured to return to England, madly fascinated by a woman who was returning there.

Should we be surprised at this imprudence? It seems that the woman was beautiful, very beautiful... and then she didn't love him!

Arrested almost immediately and brought before the Old Bailey Assize Court, the forger was condemned, on July 5, 1837, to transportation for life and taken to Newgate while awaiting his embarkation for the colonies.

In a fanciful passage from his early Essays, he had imagined himself locked up in jail under sentence of death.

Moreover, the condemnation which struck him was for a man of his intelligence a sort of death.

While he was at Newgate, Charles Dickens, who was visiting the prisons of London with some literary friends of his—in search of artistic impressions, Oscar Wilde tells us again—had the opportunity to pass close to the future convict. Thomas Wainewright came up to him, staring at him, but the visitors were horrified to recognize him.

From Newgate the condemned man was embarked for Van Diemen's Land.

The trip seemed unbearable to him, and in a letter to a friend he spoke bitterly of "his disgust as a poet and an artist at being coupled with boors."

No remorse, by the way. In another intimate letter, where he alludes to the poisoning of his young sister-in-law:

"Certainly," he writes, "it is a terrible thing!" But poor Helen had such thick ankles! »

In Van Diemen's Land, Thomas Wainewright resumed writing and painting, and—adds Oscar Wilde—he did not lose the habit of poisoning either. Colony records reveal that he attempted to send two of his companions who had tried to harm him to the next world. But his hand was no longer so sure, and this double attempt failed, without it appearing that Thomas Wainewright was punished for it.

He spent the last years of his life vainly pleading for his pardon, speaking of himself in his petitions as "a man tormented by his efforts to achieve perfection of form, hampered in the growth of his knowledge, and deprived of all profitable and even decent conversation”.

These aesthetic considerations did not have the gift of weakening authority, and Oscar Wilde's hero died of apoplexy on May 15, 1852, having no companion but a cat, for which he felt an extraordinary affection, and occupying himself in painting portraits of women "in whose expression he found means to convey something of his own perversity."

Such is the story of the convict of yesteryear, told by the convict of today.

Oscar Wilde, who does not have a word of blame for this monster, follows this account of the crimes of Thomas Wainewright with bizarre reflections, in which one will feel something of his own apology pass:

This strange and powerful figure, he writes, is a very interesting subject of study. The fact that a man was a poisoner can do nothing against his prose. Domestic virtues are not the true bases of art.

Nevertheless, Thomas Wainewright had a sincere love of art and nature.

There is no essential incompatibility between intellectual culture and crime.

Thomas Wainewright is only too close to our time for us to form a purely artistic judgment of him. But if he had worn a costume and spoken a language different from ours; had he lived in Imperial Rome or during the time of the Italian Renaissance, we would be perfectly capable of impartially judging his value.

In the aftermath of Oscar Wilde's trial, he was curious to shed light on these thoughts.

I hand them over to psychologists who make it their profession to analyze "states of mind."

In this disdain for current morality, in this affectation of setting up perfectly vulgar crimes as artistic aberrations, there is no doubt a great deal of poise. There is also advocacy.

There is no doubt that on his release from prison Oscar Wilde explained to us through other aesthetic considerations his enthusiasm for the purity of the lines of the young Lord Douglas.

Albert Battle.

Document matches
None found