LES JOURNAUX DE LA MATIN
AMITIE SERAPHIQUE

Un rédacteur du Journal a eu, à Rouen, avec lord Alfred Douglas une conversation dont nous extrayons le passage suivant :

Un rédacteur du Journal a eu, à Rouen, avec lord Alfred Douglas une conversation dont nous extrayons le passage suivant :

Je cherchai comment je pourrais lui poser, sans le blesser, la question délicate sur les façons d'être de Wilde et sur les siennes propres, en dehors de leurs habitudes de pur esprit.

Je cherchai comment je pourrais lui poser, sans le blesser, la question délicate sur les façons d’être de Wilde et sur les siennes propres, en dehors de leurs habitudes de pur esprit.

Je cherchai comment je pourrais lui poser, sans le blesser, la question délicate sur les façons d'être de Wilde et sur les siennes propres, en dehors de leurs habitudes de pur esprit.

Je finis par trouver une formule, et je sus me faire entendre du jeune lord qui, toujours fort tranquille et très doux, me dit, dès que, relativement confus, j'eus achevé de m'exprimer :

Je finis par trouver une formule, et je sus me faire entendre du jeune lord qui, toujours fort tranquille et très doux, me dit, dès que relativement confus, j’eus achevé de m'exprimer.

Je finis par trouver une formule, et je sus me faire entendre du jeune lord qui, toujours fort tranquille et très doux, me dit, dès que, relativement confus, j'eus achevé de m'exprimer :

— Wilde n'a pas les passions antiphysiques qu'on lui prête. C'est, seulement, un être original et fantastiquement artiste. Il recherche toutes les émotions, mais ce n'est que par singularité morale. Ainsi, il adorerait causer avec un assassin et lui offrirait avec joie à dîner dans sa chambre. Cela comporterait un danger. Il estime que ce serait véritablement amusant. Vous me dites que dans son roman : la Portrait de Dorian Gray, il a montré son héros courant à des aventures contre nature : cela veut-il dire que lui, Wilde, ait les mêmes préoccupations et qu'il s'abandonne aux mêmes actes ? Votre grand romancier Bàlzac a peint, dans Une Passion du Desert, l'amour d'un soldat pour une panthère ; et je ne crois pas, pourtant, que Balzac ait jamais couché avec une panthère (sic).

— Wilde n'a pas les passions antiphysiques qu'on lui prête. C'est, seulement, un être original et fantastiquement artiste. Il recherche toutes les émotions, mais ce n'est que par singularité morale. Ainsi, il adorerait causer avec un assassin et lui offrirait avec joie à dîner dans sa chambre. Cela comporterait un danger. Il estime que ce serait véritablement amusant. Vous me dites que dans son roman : le Portrait de Dorian Gray, il a montré son héros courant à des aventures contre nature : cela veut-il dire que, lui, Wilde, ait les mêmes préoccupations et qu'il s'abandonne aux mêmes actes ? Votre grand romancier Balzac a peint, dans Une Passion du désert, l'amour d'un soldat pour une panthère ; et je ne crois pas, pourtant, que Balzac ait jamais couché avec une panthère (sic).

— Wilde n’a pas les passions antiphysiques qu’on lui prête, C’est, seulement, un être original et fantastiquement artiste. Il recherche toutes les émotions, mais ce n’est que par singularité morale. Ainsi, il adorerait causer avec un assassin et lui offrirait avec joie à dîner dans sa chambre. Cela comporterait un danger. Il estime que ce serait véritablement amusant. Vous me dites que dans son roman : le Portrait de Dorian Gray, il a montré son héros courant à des aventures contre-nature : cela veut-il dire que lui, Wilde, ait les mêmes préoccupations et qu’il s’abandonne aux mêmes actes ? Votre grand romancier Balzac a peint, dans Une Passion du Désert, l’amour d'un soldat pour une panthère ; et je ne crois pas pourtant que Balzac ait jamais couché avec une panthère (sic).

— Alors, pour ce qui vous concerne, l'amitié que vous avez vouée à Wilde...

— Alors, pour ce qui vous concerne, l’amitié que vous avez vouée à Wilde...

— Alors, pour ce qui vous concerne, l'amitié que vous avez vouée à Wilde...

— Cette amitié, fit Alfred Douglas, s'animant, soudain, je ne dis pas qu'elle n'ait pas un côté exceptionnel. J'avoue même, vous entendez, que l'affection que j'ai pour lui est extraordinaire. Appelons-la romantique. It n'y a pas, pour moi, de plus grande joie que celle de dîner avec Oscar Wilde, quand it est en good form. Nos deux âmes communient réellement dans le Symbole. Cela a quelque chose d'extraterrestre. Ici, cela peut sembler louche, et cela n'est que séraphique. Et c'est maintenant, que nous avons tant souffert l'un à cause de l'autre, que nous songerions le moins à nous séparer. Avant, j'étais lié à lui par une sorte d'unique plaisir de dilettante ; je suis maintenant lié à lui, plus sûrement, par la persécution.

— Cette amitié, fit Alfred Douglas s'animant soudain, je ne dis pas qu'elle n'ait pas un côté exceptionnel. J'avoue même, vous entendez, que l'affection que j'ai pour lui est extraordinaire. Appelons-la romantique. Il n'y a pas, pour moi, de plus grande joie que celle de dîner avec Oscar Wilde, quand il est en good form. Nos deux âmes communient réellement dans le Symbole. Cela a quelque chose d'extraterrestre. Ici, cela peut sembler louche, et cela n'est que séraphique. Et c'est maintenant, que nous avons tant souffert l'un à cause de l'autre, que nous songerions le moins à nous séparer. Avant, j'étais lié à lui par une sorte d'unique plaisir de dilettante ; je suis maintenant lié à lui, plus sûrement, par la persécution.

THE MORNING NEWSPAPERS
SERAPHIC FRIENDSHIP

An editor of the Journal had a conversation with Lord Alfred Douglas in Rouen, from which we extract the following passage:

I wondered how I could ask him, without hurting him, the delicate question about Wilde's ways of being and his own, apart from their habits of pure spirit.

I ended up finding a formula, and I managed to make myself heard by the young lord who, always very calm and very gentle, said to me, as soon as, relatively confused, I had finished speaking:

'Wilde does not have the antiphysical passions attributed to him. He is simply an original and fantastically artistic being. He seeks all emotions, but only out of moral singularity. Thus, he would love to chat with an assassin and would happily treat him to dinner in his room. It would be dangerous. He thinks it would be genuinely fun. You tell me that in his novel: The Picture of Dorian Gray, he showed his hero running to adventures against nature: does that mean that he, Wilde, has the same preoccupations and that he abandons himself to the same acts? ? Your great novelist Balzac has depicted, in Une Passion du Desert, the love of a soldier for a panther; and I don't believe, however, that Balzac ever slept with a panther (sic).

'So, as far as you're concerned, the friendship you've made for Wilde...

— This friendship, said Alfred Douglas, becoming animated, suddenly, I'm not saying that it doesn't have an exceptional side. I even admit, you hear, that the affection I have for him is extraordinary. Let's call it romantic. There is no greater joy for me than to have dinner with Oscar Wilde, when he is in good shape. Our two souls really commune in the Symbol. It has something extraterrestrial. Here it may seem suspicious, and it is only seraphic. And it is now, when we have suffered so much for each other, that we would least dream of separating. Before, I was bound to him by a kind of unique dilettante pleasure; I am now bound to him, more surely, by persecution.

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