WILDE-SCANDALE
LE PROCÈS AU CRIMINEL
Devant la Cour. — Les accusés plaident « non coupable » — Vente aux enchères. — Un frère de lord Douglas.

Aujourd’hui, seconde audience devant la Central Criminel Court, du procès Oscar Wilde. Celle d’hier a montré l'affaissement complet du prévenu ; sou attitude est un aveu. Pourtant, de même que son complice Taylor, Wilde a déclaré plaider « non coupable ». On sait que, d’après la loi anglaise, la pénalité est plus ou moins forte, selon que le prévenu a nié, en se reconnaissant non coupable, ou avoué en plaidant coupable.

Aujourd'hui, seconde audience devant la Central Criminel Court, du procès Oscar Wilde. Celle d'hier a montré l'affaissement complet du prévenu; son attitude est un aveu. Pourtant, de même que son complice Taylor, Wilde a déclaré plaider «non coupable». On sait que, d'apres la loi anglaise, la pénalité est plus ou moins forte, selon que le prévenu a nié, en se reconnaissant non coupable, ou avoué en plaidant coupable.

Le « home » de l'esthète

Dans l’inconsciente correspondance qu’il a adressée aux journaux anglais, le jeune lord Alfred Douglas s’était vanté d’avoir reçu par milliers des lettres d’amis inconnus s’associant à sa campagne en faveur d’Oscar Wilde. Aucun de ces amis ne se trouvait, à coup sûr, dans la petite maison de Tite Street, 16, le jour où l'on vendait le mobilier de l’écrivain dont la notoriété a pris, depuis un mois, une si vilaine tournure.

Dans l'inconsciente correspondance qu'il a adressée aux journaux anglais, le jeune lord Alfred Douglas s'était vanté d'avoir reçu par milliers des lettres d'amis inconnus s'associant à sa campagne en faveur d'Oscar Wilde. Aucun de ces amis ne se trouvait, a coup sûr, dans la petite maison de Tite street, 16, le jour où l'on vendait le mobilier de l'écrivain dont la notoriété a pris, depuis un mois, une si vilaine tournure.

Dans une seconde correspondance au Star, le jeune lord Alfred Douglas s'est vanté d'avoir reçu par milliers des lettres d'amis inconnus s'associant à sa campagne en faveur d'Oscar Wilde. Aucun de ces amis ne se trouvait à coup sûr aujourd'hui dans la petite maison de Tite street, où l'on vendait le mobilier de l'écrivain dont la notoriété a pris depuis un mois si vilaine tournure.

Dans une seconde correspondance au Star, le jeune lord Alfred Douglas s'est vanté d'avoir reçu par milliers des lettres d'amis inconnus s'associant à sa campagne en faveur d'Oscar Wilde. Aucun de ces amis ne se trouvait à coup sûr ce jourd'hui dans la petite maison de Tite street, où l'on vendait le mobilier de l'écrivain dont la notoriété a pris depuis un mois si vilaine tournure.

Cette maison, bien connue de l’accusé Taylor et des témoins Parker, Shelley et Atkins, est une modeste habitation assez éloignée du centre, dans une rue qui s’ouvre sur le quai de Chelsea, près l'hôpital de la Marine. Elle ne se distingue en rien des autres. Impossible d’en admirer les élégances intérieures, cependant si réputées dans la chronique des petits journaux. Tout est sens dessus dessous, en plein déménagement. Il est procédé à la vente dans le grand salon du premier étage, tapissé de papier gaufré vieil or à fleurs, qui encadre au plafond deux vastes panneaux décoratifs japonais : tigre luttant contre des dragons de pourpre, chimère d’or sur un fond de paysage paradoxal traversé par des migrations d’oiseaux couleur d’émeraude.

Cette maison, bien connue de l'accusé Taylor et des témoins Parker, Shelley et Atkins,est une modeste habitation assez éloignée du centre, dans une rue qui s'ouvre sur le quai de Chelsea, près l'hôpital de la Marine. Elle nose distingue en rien des autres. Impossible d'en admirer les élégances intérieures, cependant si réputées dans la chronique des petits journaux. Tout est sens dessus dessous, en plein déménagement. Il est procédé à la vente dans le grand salon du premier étage, tapissé de papier gaufré vieil or à fleurs qui encadre au plafond demux vastes panneaux décoratifs japonais tigre luttant contre des dragons de pourpre, chimère d'or sur un fond de paysage paradoxal traversé par des migrations d'oiseaux couleur d'émeraude.

Plus de tentures. Il ne reste, accrochées au plafond, que des tringles de cuivre doré. Au mur le portrait grandeur nature, d’Oscar Wilde, le Wilde des jours heureux, des soirées à succès, rose, chevelu, portant beau. Dans un fumoir, derrière le salon, s’est entassé le bric-à-brac de la maisonnée : des corbeilles pleines de fioles de pharmacie et de flacons à parfums, des albums, des vêtements d'enfants — Wilde est père de deux garçons — des chiffons, des bouquets artificiels tout poussiéreux dont la pauvre Mme tilde s’est peut-être parée quelque soir.

Plus de tentures. Il ne reste, accrochées au plafond, que des tringles de cuivre doré. Au mur te portrait grandeur nature, d'Oscar Wilde, le Wilde des jours heureux, des soirées à succès, rosé, chevelu, portant beau. Dans un fumoir, derrière le salon, s'est entassé le bric a-brac de la maisonnée des corbeilles pleines de fioles de pharmacie et de Maçons à parfums, des albums, des vêtements d'enfants -- Wilde est père de deux garçons -- des chiffons, des bouquets artificiels tout poussiéreux dont la pauvre Mme Wilde s'est peut-être parée quelque soir.

Dans un fumoir, derrière le salon, s'est entassé le bric-à-brac de la maisonnée: des corbeilles pleines de fioles de pharmacie et de flacons à parfums, des albums, des vêtements d'enfants -- Wilde est père de deux garçons -- des chiffons, des bouquets artificiels tout poussiéreux dont la pauvre Mme Wilde s'est peut-être parée quelque soir.

Dans le public, pas un homme du monde, pas un gentleman, pas une femme comme il faut ; des marchands, rien que des revendeurs, des courtiers suspects.

Dans le public, pas un homme du monde, pas un gentleman, pas une femme comme il faut; des marchands, rien que des revendeurs, des courtiers suspects.

Dans le public, pas un homme du monde, pas un gentleman, pas une femme comme il faut; des marchands, rien que des revendeurs, des courtiers suspects qui arrêtent les nouveaux arrivants dans l'escalier en disant :

Citons quelques prix : une traduction de l’Odyssée et de l’Iliade de Pope est payée 18 shillings (23 francs) par un éphèbe ficelé comme un décrotter. La Cassell's History of England est payée 75 francs, sur dernière enchère poussée par un domestique dont on aperçoit le gilet de livrée mal dissimulé sous un veston de ville. Un vieux brocanteur de Soho square achète, sans même en contrôler le contenu, un carton rempli de vieilles eaux-fortes de Londres — les mêmes que l’on vend partout 1 franc tout encadrées. — Des écrans japonais à deux sous la pièce sont disputés sur le pied de 50 centimes. Un tondeur à pantalons, valeur marchande 40 sous, trouve acheteur à 3 francs.

Citons quelques prix: une traduction de l'Odyssée et de l'Iliade de Pope est payée 18 shillings (23 francs) par un éphébe ficelé comme un décrotteur. La Cassell's History of England est payée 75 francs, sur dernière enchère poussée par un domestique dont on aperçoit le gilet de livrée mal dissimulé sous un veston de ville. Un vieux brocanteur de Soho square achète, sans même en contrôler le contenu, un carton rempli de vieilles eaux-fortes de Londres -- les memes que l'on vend partout 1 franc tout encadrées. -- Des écrans japonais à deux sous la pièce sont disputés sur le pied de 50 centimes. Un tendeur à pantalons, valeur marchande 40 sous, trouve acheteur à 3 francs.

Dès l'ouverture de la vente, à une heure après-midi, il est évident que les vrais acheteurs ne sont pas là. Des revendeurs forcés de revendre à des prix d'occasion ne payeraient pas le moindre bibelot deux fois plus cher que s'il était neuf. Ce sont probablement des amis du prisonnier qui rachètent, ou des admirateurs qui se soucient peu d'afficher leur admiration. Une traduction de l'Odyssée et de l'Iliade de Pope est payée 18 shillings (23 francs) par un éphèbe ficelé comme un décrotteur. La Cassell's History of England est payée 75 francs, sur dernière enchère poussée par un domestique dont on aperçoit le gilet de livrée mal dissimulé sous un veston de ville. Un vieux brocanteur de Soho square achète, sans même en contrôler le contenu, un carton rempli de vieilles eaux-fortes de Londres -- les mêmes que l'on vend partout 1 franc tout encadrées.-- Des écrans japonais à deux sous la pièce sont disputés sur le pied de 50 centimes. Un tendeur à pantalons, valeur marchande 40 sous, trouve acheteur à 3 francs.

Les meubles auraient atteint des prix sans doute élevés, mais beaucoup avaient été retirés de la vente. La table de travail de Carlyle a été payée 60 livres — 1,500 francs.

Les meubles auraient atteint des prix sans doute élevés, mais beaucoup avaient été retirés de la vente. La table de travail de Carlyle a été payée 60 livres -- 1,500 francs.

Les meubles auraient atteint des prix sans doute élevés, mais beaucoup avaient été retirés de la vente. La table de travail de Carlyle a été payée 60 livres -- 1,500 francs.

Les meubles auraient atteint des prix sans doute élevés, mais beaucoup avaient été retirés de la vente. La table de travail de Carlyle a été payée 60 livres -- 1,500 francs.

Au total, la vente a produit un peu plus de 9,000 francs.

WILDE-SCANDAL
THE CRIMINAL TRIAL
Before the Court. — The defendants plead “not guilty” — Auction. — A brother of Lord Douglas.

Today, second hearing before the Central Criminal Court, of the Oscar Wilde trial. That of yesterday showed the complete collapse of the defendant; his attitude is an admission. Yet, like his accomplice Taylor, Wilde has pleaded "not guilty". We know that, according to English law, the penalty is more or less severe, depending on whether the accused has denied, recognizing himself not guilty, or confessed, pleading guilty.

The "home" of the esthete

In the unconscious correspondence he addressed to the English newspapers, the young Lord Alfred Douglas had boasted of having received thousands of letters from unknown friends associating themselves with his campaign in favor of Oscar Wilde. None of these friends was, to be sure, in the little house on Tite Street, 16, on the day when the furniture of the writer, whose notoriety has taken such an ugly turn for a month, was being sold.

This house, well known to the accused Taylor and the witnesses Parker, Shelley and Atkins, is a modest dwelling at some distance from the centre, in a street which opens onto the quay at Chelsea, near the Marine Hospital. She is in no way different from the others. It is impossible to admire its interior elegance, which is nevertheless so renowned in the chronicles of the small newspapers. Everything is upside down, in the middle of moving. The sale is made in the large living room on the first floor, lined with old gold embossed paper with flowers, which frames the ceiling with two vast Japanese decorative panels: tiger fighting against purple dragons, gold chimera on a landscape background paradox crossed by migrations of emerald-colored birds.

More drapes. All that remains, hanging from the ceiling, are gilded copper rods. On the wall, the life-size portrait of Oscar Wilde, the Wilde of happy days, successful evenings, rosy, hairy, handsome. In a smoking room, behind the living room, the bric-a-brac of the household was piled up: baskets full of pharmacy vials and perfume bottles, albums, children's clothes - Wilde is the father of two boys — rags, dusty artificial bouquets with which poor Mrs. Tilde may have adorned herself some evening.

In the audience, not a man of the world, not a gentleman, not a decent woman; merchants, nothing but resellers, suspicious brokers.

Let us quote a few prices: a translation of the Odyssey and the Iliad of Pope is paid for 18 shillings (23 francs) by a young man tied up like a decrotter. Cassell's History of England is paid for 75 francs, on the last bid pushed by a servant whose livery waistcoat is seen badly concealed under a city jacket. An old second-hand dealer in Soho Square buys, without even checking its contents, a box full of old London etchings—the same ones that are sold everywhere for 1 franc, all framed. — Japanese screens at two under the coin are disputed on the foot of 50 centimes. A trouser shearer, market value 40 sous, finds a buyer at 3 francs.

The furniture would have fetched arguably high prices, but many had been withdrawn from sale. Carlyle's work table was paid for 60 pounds — 1,500 francs.

In total, the sale produced just over 9,000 francs.