BAVARDAGE

Il est plus que délicat de parler de l'ignoble aventure du poète, de l'auteur dramatique, de l'esthète Oscar Wilde, arrêté hier sur une plainte déshonorante d'un père exaspéré, plainte dont la preuve n'est plus à faire, puisque les moeurs infâmes de celui qui en est l'objet ont été révélées, en plein tribunal, pendant les débats qu'il avait lui-même provoqués. Ne nous arrêtons pas plus que de raison sur les étranges révélations qui trop souvent nous arrivent sur les moeurs de l'aristocratie anglaise. Elles dénoncent une fois de plus ce que vaut l'hypocrisie religieuse et loyaliste. Dans les hautes sphères anglaises — qui commencent à ce que nous appellerions la grosse bourgeoisie — la petite bourgeoisie et le peuple étant hors de cette fange — la seule régle de conduite est un respect apparent et excessif de la plus austère vertu. Dérober un baiser à une dame est un crime. Parler bas à une jeune fille vaut dommages-intérêts. En même temps, on va au temple, le buste raide, les yeux éteints. On s'incline devant le Très-Haut, on rabâche la Bible, la maison familiale apparaît comme un cloître, et maudits sont les mécréants qui se permettent d'avoir des idées personnelles ou des opinions critiques. Mais derrière le rideau, parfois soulevé, Sodome apparaît. Est-ce nous qui disons cela ? Qu'on se rappelle les révélations de la Pall Mall Gazette, l'affaire des petits télégraphistes...et remarquez-le, quels sont les coupables ! Des lords, de grands et hauts seigneurs. Les noms des dignitaires de la couronne, des ministres sont traînés dans la boue de ces scandales répugnants. Tous ces gens qui prétendent imposer le respect, qui prêchent la morale la plus étroite et la plus intransigeante, font leurs coups à la sourdine, et, pour se mieux cacher, en arrivent à rechercher des émotions aiguës et invraisemblables.

Chose curieuse, ces dévergondages cérébraux se compliquent d'une exagération de tenue, d'élégance, de richesse. Ces dévoyés se parfument, s'habillent de façon bizarre qu'ils proclament artistique. En fait, ils déshonorent l'art et la Grèce dont ils se réclament. Ces habillés de soie sont vraiment des porcs.

Nous qui avons la franchise de nos passions, même de nos vices, conservons la haine brutale de ce féminisme. Traquons, blaguons, fouettons ces gens qui croient s'originaliser en s'affublant d'oripeaux stupides. Il en est que nous pourrions nommer et que nous ne saurions trop claquer. Et restons ce que nous sommes, de braves mâles gaulois, haineux de Tartufe et de ses polissonneries.

Un Parisien

CHAT

It is more than delicate to speak of the ignoble adventure of the poet, the playwright, the esthete Oscar Wilde, arrested yesterday on a dishonorable complaint from an exasperated father, a complaint whose proof is no longer to be made. , since the infamous mores of the one who is the object of it were revealed, in full court, during the debates which he himself had provoked. Let us not dwell more than reason on the strange revelations which too often come to us about the mores of the English aristocracy. They denounce once again what religious and loyalist hypocrisy is worth. In the upper echelons of England—beginning at what we would call the big bourgeoisie—the petty bourgeoisie and the people being outside this mire—the only rule of conduct is an apparent and excessive respect for the most austere virtue. Stealing a kiss from a lady is a crime. Talking low to a young girl is worth damages. At the same time, we go to the temple, the stiff chest, the extinguished eyes. We bow before the Most High, we harp on the Bible, the family home appears like a cloister, and cursed are the disbelievers who allow themselves to have personal ideas or critical opinions. But behind the sometimes raised curtain, Sodom appears. Are we saying that? Remember the revelations of the Pall Mall Gazette, the affair of the small telegraphers...and notice, who are the culprits! Lords, great and high lords. The names of crown dignitaries and ministers are dragged through the mud of these repugnant scandals. All these people who pretend to impose respect, who preach the narrowest and most intransigent morality, do their tricks quietly, and, the better to hide themselves, come to seek acute and implausible emotions.

Curiously enough, these cerebral excesses are complicated by an exaggeration of dress, elegance, wealth. These perverts perfume themselves, dress in a bizarre way that they claim to be artistic. In fact, they dishonor the art and the Greece they claim. These silk-dressed ones are really pigs.

We who have the frankness of our passions, even of our vices, preserve the brutal hatred of this feminism. Let's hunt down, joke, whip these people who believe they are originalizing themselves by dressing up in stupid tinsel. There are some that we could name and that we cannot slap too much. And let's remain what we are, brave Gallic males, haters of Tartufe and his pranks.

A Parisian

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