Le Courier de Londres et de l'Europe - Saturday, May 11, 1895

M. OSCAR WILDE a été mis en liberté, mardi dernier, jusqu'au 22 mai courant, époque à laquelle il devra comparaître devant un nouveau jury. Deux cautions de £1,250 chacune avaient été exigées, en outre de celle de £2,500 reposant sur la personne même de l'inculpé.

Le deux garants de l'auteur de Salomé sont le révérend Steward Headlam et lord Percy Solto Douglas de Hawick, propre frère du marquis de Queensberry et oncle du jeune lord Alfred Douglas.

La présence de ces deux personnages dans une si singulière affaire permet de dire qu'on y marche de surprise en surprise. Personne, en effet, ne se serait attendu à voir le frère de celui qu'Oscar Wilde avait fort à tort trainé en cour d'assises servir de caution à ce dernier; et peu de gens, également, auraient prévu qu'un grave et solennel clergyman devait assister moralement et pécuniairement, et sutout publiquement, un homme accusé d'une action honteuse, cet homme fût-il son meilleur ami, et fût-il à ses yeux complètement innocent. Il y a des endroits où il nous semble que l'habit d'un homme d'église ne doit pas paraître.

On dit qu'en Angleterre le sentiment de ridicule n'existe pas. Nous commençons à le croire.

La Petite République - Friday, May 10, 1895

Les garants d’Oscar Wilde ont comparu mardi matin devant le tribunal de Bow Street, où le siège du juge était occupé par M. Vaughan.

C’est d’abord le révérend Stewart Headlam, clergyman à la physionomie essentiellement grave. Puis, lord Percy Sholto Douglas, de Hawick, frere du marquis de Queensberry et oncle du jeune lord Alfred Douglas.

Une fois les cautions de ces deux garants acceptées, on a entendu Oscar Wilde, qui devra, comme lord Sholto Douglas et le révérend Stewart Headlam, déposer devant la cour et voir accepter sa caution, — laquelle a été portée à 2,600 livres sterling, — 62,500 francs.

La mise en liberté provisoire d’Oscar Wilde a donc été cotée 125,000 francs.

M. Vaughan remet au conseil un ordre d’élargissement portent le nom du prisonnier. Il consent à ce que cet ordre ne soit pas transmis par la police et à ce que Wilde soit amené à Bow Street dans un fiacre au lieu de faire le trajet dans une voiture cellulaire.

Wilde, prévenu depuis le matin, attendait au greffe, en toilette de ville, prêt à partir. Les formalités d’écrou ayant été accomplies, il est monté en voiture pour se rendre à Bow street.

Le bruit de son arrivée avait circulé et la salle d'audience était comblé. [...] pour tout le monde [...]. C'est au seuil de cette chambre que Wilde s’est vu, pour la première fois depuis le 5 avril, délivré de la présence des policemen. Sa caution acceptée, il a pu quitter librement Bow Street avec ses amis et sir Edward Clarke, son avocat, qui l'était venu rejoindre. Il était alors environ quatre heures.

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