Gil Blas - Monday, June 17, 1895

Londres, 15 juin.— Le Truth donne les renseignements suivants sur la manière dont Oscar Wilde s'accommode du régime de la prison :

Je tiens de la meilleure source que le prisonnier Wilde est en parfait état do santé morale et physique.

» Assurément, il a souffert, d'abord d'une manière fort aiguë, et il fut si abattu par la sentence qu'avant son transfert à Pentonville il eut une demi-défaillance.

» Mais, une fois dans la prison, il reprit rapidement possession de lui-même. Il est maintenant, selon toute apparence, réconcilié avec sou destin.

» Sa conduite est bonne, exemplaire même : il ne donne aucune peine et se soumet volontiers aux règlements, qui en deviennent plus faciles à supporter. Loin de souffrir de son emprisonnement, on a tout lieu de prévoir qu'il en retirera un grand avantage physique, sinon moral, »

LOUIS ROZIER

Le Soir - Monday, June 17, 1895

Le Truth reçoit sur Oscar Wilde les renseignements que voici :

Je tiens de la meilleure source que le prisonnier Wilde est en parfait état de santé mentale et physique Assurément il a souffert d’abord d'une manière fort aiguë et il fut si abattu par la sentence qu’avant son transfert à Pentonville, il eut une demi-défaillance.

Mais une fois dans la prison, il reprit rapidement possession de soi-même. Il est maintenant, selon toute apparence, réconcilié avec son destin. Sa conduite est bonne, exemplaire même : il ne donne aucune peine et se soumet volontiers aux règlements, qui en deviennent plus faciles à supporter. Loin de souffrir de son emprisonnement, on a tout lieu de prévoir qu’il en retirera un grand avantage physique, sinon moral.

M. Labouchère, directeur du Truth. reçoit du jeune lord Afred Douglas une lettre dans laquelle l’ami de Wilde s’exprime ainsi :

Je suis resté trois semaines à Londres après l’arrestation de M. Wilde, je l’ai visité chaque jour et j’ai fait tout ce que mon imagination pouvait me suggérer pour le secourir. C’est à son urgente requête que je suis parti la veille du procès, alors que ses conseils légaux m’assuraient que ma présence ne pouvait que lui nuire, et que, si j’étais appelé à déposer comme témoin, je détruirais infailliblement sa dernière chance d’acquittement... Eh bien, monsieur, rendez au diable ce qui est au diable, et en admettant, pour les besoins de la discussion, que je sois une exceptionnelle canaille, toujours est-il que vous n’avez nul droit, de m’accuser de lâcheté.

Et maintenant, un joli mot d’anglais rapporté ce matin dans le Journal par M. Octave Mirbeau. Il donne, en quelque sorte, la philosophie de ces incidents et il explique la cruauté de la loi britannique. C’est un vrai mot de John Bull :

Comme je lui demandais, plus particulièrement, son opinion sur Oscar Wilde, l’Anglais me répondit simplement :

— Oscar Wilde fera sa peine, toute sa peine... Car ce qu’il a commis, ce n’est pas un crime, pas méso un délit... C’est un péché.

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