Le Petit Troyen - Wednesday, April 17, 1895

Paris, 16 avril.

M. Oscard Wilde, cet écrivain trop curieux de sensations inavouables et dont le procès scandalise aujourd’hui le peuple anglais, a publié dans une revue de son pays un article où il était dit :

« Le socialisme, le communisme, qu’on l’appelle comme on voudra, en transformant la propriété privée en fortrne publique et en substituant la coopération à la concurrence, restaurera la société à sa condition naturelle d’un organisme sain et assurera le bien-être matériel de chaque membre de la communauté. En fait, il donnera la vie à sa propre base et à son propre milieu. »

M. Oscar Wilde était donc socialiste, s'écrie aussitôt M. Yves Guyot dans son journal. Pourquoi les socialistes ne le réclament-ils pas comme un de leurs apôtres ? Qu’attendent-ils ?

Oh ! c’est bien simple. Ils attendaient que M. Yves Guyot signalât le fait avec preuves à l’appui. Aujourd'hui que leur complicité avec l'écrivain anglais est démontrée ils baissent la tête et laissent passer l’orage.

Mais le public, souvent bon juge, ne manque pas de dire qu’il faut être bien à court d’arguments sérieux pour employer contre des adversaires les armes plus ridiculss qu’odieuses dont M. Guyot fait usage.

GRIMAUD

Le Siècle - Monday, April 15, 1895

Les socialistes ne sont pas pressés de réclamer parmi les leurs M. Oscar Wilde, le littérateur anglais qui vient d'avoir des malheurs. Cependant, il leur appartient ; c'est un de leurs apôtres ; dans le Fortnightly Review de février 1891, il publia un article intitulé : l'Ame de l'Homme dans le socialisme. Il y disait :

« Le socialisme, le communisme, qu'on l'appelle comme on voudra, en transformant la propriété privée en fortune publique et en substituant la coopération à la concurrence, restaurera la société à sa condition naturelle d'un organisme sain et assurera le bien-être matériel de chaque membre de la communauté. En fait, il donnera la vie à sa propre base et à son propre milieu. »

Avec des yeux prophétiques, Oscar Wilde voyait le millénium socialiste : « Il n'y aura plus de gens vivant dans des taudis fétides et en haillons, élevant des enfants malsains, affamés, dans des conditions repoussantes. La sécurité de la société ne dépendra pas comme maintenant de l'état du temps. Si une gelée survient, nous n'aurons pas 100,000 hommes privés de travail, errant dans la rue dans un état de misère dégoûtante, demandant l'aumône à leurs voisins ou se pressant aux portes d'odieux refuges pour essayer d'obtenir un morceau de pain et le logement malpropre d'une nuit. Chaque membre de la société aura sa part dans la prospérité générale et dans le bonheur de la société, et, en cas de gelée, personne, pratiquement, ne sera plus mal. »

Avec une logique étonnante, Oscar Wilde a ajouté « que le socialisme nous délivrerait de la sordide nécessité de vivre pour les autres ». Il ajoutait que sous le socialisme, l'âme serait libre. « Après tout, disait-il, même en prison, un homme peut être complètement libre. La parsonnalité peut n'être pas troublée. Il peut être en paix. » M. Oscar Wilde peut en ce moment s'assurer expérimentalement si son âme est complètement libre.

Highlighted DifferencesNot significantly similar