OSCAR WILDE EN PRISON

Oscar Wilde, dès que sa condamnation eut été prononcée, dut échanger ses vêtements contre l'uniforme des prisons anglaises, lequel se compose de gros souliers, de bas de laine, d'une culotte, d'une veste et d'un bonnet d'étoffe grisâtre très grossière et parsemée de la large flèche (broad arrow) noire dont on marque ici le matériel de l'Etat. En même temps, on lui a coupé ras ses longs cheveux blonds.

Oscar Wilde, dès que sa condamnation eut été prononcée, dut échanger ses vêtements contre l'uniforme des prisons anglaises, lequel se compose de gros souliers, de bas de laine, d'une culotte, d'une veste et d'un bonnet d'étoffe grisâtre très grossière et parsemée de la large flèche (broad arrow) noire dont on marque ici le matériel de l'Etat. En même temps, on lui a coupé ras ses longs cheveux blonds.

Oscar Wilde, dès que sa condamnation eut été prononcée, dut échanger ses vêtements contre l'uniforme des prisons anglaises, lequel se compose de gros souliers, de bas de laine, d'une culotte, d'une veste et d'un bonnet d'étoffe grisâtre très grossière et parsemée de la large flèche (broad arrow) noire dont on marque ici le matériel de l'Etat. En même temps, on lui a coupé ras ses longs cheveux blonds.

C'est dans cet uniforme qu'il passera les deux années -- réduites dans la pratiques à dix-huit mois environ -- qu'il est condamné à vivre dans les prisons de Sa Majesté, en faisant de l'étoupe. Car c'est à cela que se bornera son travail, et non à gravir « l'escalier sans fin », à actionner le moulin à pédales (treadmill) qui a disparu des prisons britanniques. Cela ne veut pas dire que ce travail soit aisé. Quand on n'a pas vu les prisonniers anglais déchiqueter ces morceaux de câbles goudronnés, durcis par un long usage, on ne se doute pas de la difficulté de cette tâche. J'ajouterai que cette tâche, on la fait accomplir aussi aux malheureux qui vont chercher un lit et un repas dans les asiles de nuit, ou casual wards des autorités paroissiales.

C'est dans cet uniforme qu'il passera les deux années—réduites dans la pratique dix-huit mois environ—qu'il est condamné à vivre dans les prisons de Sa Majesté, en faisant de l'étoupe. Car c'est à cela que se bornera son travail, et non à gravir « l'escalier sans fin », à actionner le moulin à pedales (treadmill), qui a disparu des prisons britanniques. Cela ne veut pas dire que ce travail soit aisé. Quand on n'a pas vu les prisonniers anglais déchiqueter ces morceaux de câbles goudronnés, durcis par un long usage, on ne se doute pas de la difficulté de cette tâche. J'ajouterai que cette tâche, on la fait accomplir aussi aux malheureux qui vont chercher un lit et un repas dans les asiles de nuit, ou casual wards des autorités paroissiales.

C'est dans cet uniforme qu'il passera les deux années--réduites dans la pratique à dix-huit mois environ--qu'il est condamné à vivre dans les prisons de Sa Majesté, en faisant de l'étoupe. Car c'est à cela que se bornera son travail, et non à gravir «l'escalier sans fin,» à actionner le moulin (treadmill), qui a disparu des prisons britanniques. Cela ne veut pas dire que ce travail soit aisé. Quand on n'a pas vu les prisonniers anglais déchiqueter ces morceaux de câbles goudronnés, durcis par un long usage, on ne se doute pas de la difficulté de cette tâche. J'ajouterai que cette tâche, on la fait accomplir aussi aux malheureux qui vont chercher un lit et un repas dans les asiles de nuit, ou "casual wards" des autorités paroissiales.

Quelques explications sur la condamnation d'Oscar Wilde ne sont peut-être pas inutiles. D'après la loi, le juge aurait pu lui infliger deux ans de hard labour pour chacun des chefs d'accusation sur lesquels le jury a rendu un verdict affirmatif, et il aurait également pu faire que ces peines ne se confondissent pas. Le juge n'a donc pas été d'une sévérité excessive, si l'on se place au point de vue anglais. C'est que, dans ce pays, la loi ne tient guère compte des situations sociales en matière criminelle et est beaucoup plus sévère que sur le continent.

Quelques explications sur la condamnation d'Oscar Wilde ne sont peut-être pas inutiles. D'après la loi, le juge aurait pu lui infliger deux ans de «hard labour» pour chacun des chefs d'accusation sur lesquels le jury a rendu un verdict affirmatif, et il aurait également pu faire que ces peines ne se confondissent pas. Le juge n'a donc pas été d'une sévérité excessive, si l'on se place au point de vue anglais. C'est que, dans ce pays, la loi ne tient guère compte des situations sociales en matière criminelle et est beaucoup plus sévère que sur le continent.

Quelques explications sur la condamnation d'Oscar Wilde ne sont peut-être pas inutiles. D'après la loi, le juge aurait pu lui infliger deux ans de hard labour pour chacun des chefs d'accusation sur lesquels le jury a rendu un verdict affirmatif et il aurait également pu faire que ces peines ne se confondissent pas. Le juge n'a donc pas été d'une sévérité excessive, si l'on se place an point de vue anglaise. C'est que dans ce pays, la loi ne tient guère compte des situations sociales en matière criminelle et est beaucoup plus sévère que sur le continent.

En outre, il n'y a en Angleterre aucun moyen d'influencer ou de fléchir les juges, qui sont d'une indépendance absolue et ne relèvent d'aucune administration, d'aucun ministère. Ils tiennent leur poste de la Reine et sont inamovibles à ce point que pour en déplacer un il faudrait une pétition des deux Chambres du Parlement, c'est-à-dire une quasi-impossibilité.

En outre, il n'y a en Angleterre aucun moyen d'influencer ou de fléchir les juges, qui sont d'une indépendance absolue et ne relèvent d'aucune administration d'aucun ministère. Ils tiennent leur poste de la Reine et sont inamovibles à ce point que pour en déplacer un il faudrait une pétition des deux Chambres du Parlement, c'est-à-dire une quasi-impossibilité.

En outre, il n'y a en Angleterre aucun moyen d'influencer ou de fléchir les juges, qui sont d'une indépendance absolue et ne relèvent d'aucune administration, d'aucun ministère. Ils tiennent leur poste de la reine et sont inamovibles à ce point que pour en déplacer un il faudrait une pétition des deux Chambres du Parlement, c'est-à-dire une quasi-impossibilité.

C'est une garantie précieuse de l'impartialité de la justice, mais qui a parfois des inconvénients. Tout le monde se souvient d'un juge, mort aujourd'hui, qui, presque octogénaire et dont l'intelligence avait baissé, persistait à siéger et qu'il fut impossible de forcera prendre sa retraite avant le moment qu'il avait fixé lui-même.

C'est une garantie précieuse de l'impartialité de la justice, mais qui a parfois des inconvénients. Tout le monde se souvient d'un jugeonort aujourd'hui, qui, presque octogénaire et dont l'intelligence avait baissé, persistait à siéger et qu'il fut impossible de forcer à prendre sa retraite avant le moment qu'il avait fixé lui-même.

C'est une garantie précieuse de l'impartialité de la justice, mais qui a parfois des inconvénients. Tout le monde se souvient d'un juge, mort aujourd'hui, qui, presque octogénaire et dont l'intelligence avait baissé, persistait à siéger et qu'il fut impossible de le forcer à prendre sa retraite avant le moment qu'il avait fixé lui-même.

Pour en revenir à Wilde, sir Edward, Clarke, son avocat, conserve, dit-on, encore un espoir de le sauver. Il aurait l'intention, dès la rentrée, de demander l'annulation du jugement en invoquant un vice de forme dans l'acte d'accusation. C'est une bien faible espérance. Autrefois, quand les juges anglais étaient pénétrés d'un esprit pédantesque comparable seulement à celui des médecins de Molière, ces moyens réussissaient et l'on a vu des condamnés à mort mis en liberté pour un mot mal écrit, un prénom mal placé.

Pour en revenir à Wilde, sir Edward Clarke, son avocat, conserve, dit-on, encore un espoir de le sauver. Il aurait l'intention, dès la rentrée, de demander l'annulation du jugement en invoquant un vice de forme dans l'acte d'accusation. C'est une bien faible espérance. Autrefois, quand les juges anglais étaient pénétrés d'un esprit pédantesque comparable seulement à celui des médecins de Molière, ces moyens réussissaient, et l'on a vu des condamnés à mort mis en liberté pour un mot mal écrit, un prénom mal placé.

Pour en revenir à Wilde; sir Edward Clarke son avocat, conserve, dit-on, encore un espoir de le sauver. Il aurait l'intention, dès la rentrée, de demander l'annulation du jugement en invoquant un vice de forme dans l'acte d'accusation. C'est une bien faible espérance. Autrefois, quand les juges anglais étaient pénétrés d'un esprit pédantesque comparable seulement à celui des médecins de Molière, ces moyens réussissaient et l'on a vu des condamnés à mort mis en liberté pour un mot mal écrit, un prénom mal placé.

Depuis quelques années déjà, ces subtilités de procureur ne sont plus admises par les juges de la Cour d'appel qu'un vice de forme ne fait plus frémir; c'est pourquoi je doute du succès du suprême effort que veut tenter sir Edward Clarke.

Depuis quelques années déjà, ces subtilités de procureur ne sont plus admises par les juges de la Cour d'appel qu'un vice de forme ne fait plus frémir; c'est pourquoi je doute du succès du suprême effort que veut tenter sir Edward Clarke.

Depuis quelques années déjà, ces subtilités de procureur ne sont plus admises par les juges de la Cour d'appel qu'un vice de forme ne fait plus frémir; c'est pourquoi je doute du succès du suprême effort que veut tenter sir Edward Clarke.

D'ailleurs est-il temps maintenant de faire quelque chose pour Oscar Wilde ? Si les bruits qui circulent sont exacts, son intelligence aurait sombré dans le désastre : il serait fou et l'on aurait dû l'enfermer dans une cellule matelassée. C'est peut-être ce que l'on pourrait lui souhaiter de plus heureux. Mais quelle triste fin pour un homme de, talent, de beaucoup de talent, qui, jeune encore, avait devant lui un bel avenir et une brillante carrière !

D'ailleurs est-il temps maintenant de faire quelque chose pour Oscar Wilde? Si les bruits qui circulent sont exacts, son intelligence aurait sombré dans le désastre: il serait fou et l'on aurait dû l'enfermer dans une cellule matelassée. C'est peut-être ce que l'on pourrait lui souhaiter de plus heureux. Mais quelle triste fin pour un homme de talent, de beaucoup de talent, qui, jeune encore, avait devant lui un bel avenir et une brillante carrière!

D'ailleurs est-il temps maintenant de faire quelque chose pour Oscar Wilde? Si les bruits qui circulent sont exacts, son intelligence aurait sombré dans le désastre; il serait fou et on aurait dû l'enfermer dans une cellule matelassée. C'est peut-être ce que I'on pourrait lui souhaiter de plus heureux. Mais quelle triste fin pour un homme de talent, de beaucoup de talent, qui, jeune encore, avait devant lui un bel avenir et une brillante carrière!

P.V.

OSCAR WILDE IN JAIL

Oscar Wilde, as soon as his sentence was pronounced, had to exchange his clothes for the uniform of the English prisons, which consists of heavy shoes, woolen stockings, breeches, a jacket and a cap. Very coarse greyish fabric dotted with the broad black arrow (broad arrow) which is marked here as State material. At the same time, his long blond hair was cut short.

It is in this uniform that he will spend the two years -- reduced in practice to about eighteen months -- that he is condemned to live in Her Majesty's prisons, making tow. Because that is what his work will be limited to, and not to climb the “endless staircase”, to operate the treadmill which has disappeared from British prisons. This does not mean that this work is easy. When one has not seen the English prisoners shredding these pieces of tarred cables, hardened by long use, one does not suspect the difficulty of this task. I will add that this task is also made accomplish by the unfortunates who seek a bed and a meal in the night shelters, or casual wards of the parish authorities.

A few explanations on the condemnation of Oscar Wilde are perhaps useful. According to the law, the judge could have sentenced him to two years of hard labor for each of the counts on which the jury returned an affirmative verdict, and he could also have made those sentences not coincident. The judge was therefore not excessively harsh, if we look at it from the English point of view. It is because, in this country, the law takes little account of social situations in criminal matters and is much more severe than on the continent.

Moreover, in England there is no means of influencing or bending the judges, who are absolutely independent and do not come under any administration or ministry. They hold their position from the Queen and are irremovable to such an extent that to move one would require a petition from both Houses of Parliament, that is to say a virtual impossibility.

It is a valuable guarantee of the impartiality of justice, but it sometimes has drawbacks. Everyone remembers a judge, who died today, who, almost octogenarian and whose intelligence had declined, persisted in sitting and it was impossible to force him to retire before the time he had fixed for him. -same.

Coming back to Wilde, Sir Edward, Clarke, his lawyer, is said to still have some hope of saving him. He would have the intention, as of the re-entry, to ask for the annulment of the judgment by invoking a defect of form in the indictment. It is a very weak hope. Formerly, when the English judges were imbued with a pedantic spirit comparable only to that of the doctors of Molière, these means succeeded and we have seen prisoners condemned to death set free for a badly written word, a badly placed first name.

For some years now, these prosecutorial subtleties have no longer been accepted by the judges of the Court of Appeal, who are no longer shuddered by a defect in form; that is why I doubt the success of the supreme effort which Sir Edward Clarke wishes to attempt.

Besides, is it time now to do something for Oscar Wilde? If the rumors circulating are correct, his intelligence would have sunk into disaster: he would be mad and should have been locked up in a padded cell. This is perhaps the happiest thing we could wish him. But what a sad end for a man of talent, of great talent, who, still young, had before him a bright future and a brilliant career!

PV