COUR CRIMINELLE DE LONDRES. --L'affaire Oscar Wilde.

Cette dernière journée de débats, a semblé, contrairement à l'attente générale, ranimer l'intérêt épuisé de ce triste procès. Un incident, qui a causé dans l'auditoire une véritable émotion, a été soulevé par le brusque changement d'attitude de l'accusé auquel une question du ministère public a soudain fait abandonner l'allure abattue et honteuse qu'il avait gardée depuis le commencement du procès. Sir Clarke avait pour la seconde fois pris la parole, et M. Gill, avocat de l'accusation, s'apprêtait à répliquer à son tour, lorsqu'une allusion fut faite à un sonnet que lord Douglas aurait adressé à M. Wilde.

Expliquez-vous, demanda M. Gill à l'accusé, sur les termes bizarres de cette pièce de vers qu'un sentiment d'amitié, si profond qu'il soit, serait impuissant à justifier.

A cette question, M. Wilde se lève vivement et, avec un accent de colère indignée, s'écrie :

C'est là une affection que votre siècle ne peut comprendre. C'est celle de David pour Jonathan. C'est celle que Platon décrit dans sa philosophie comme le commencement de la sagesse. C'est une affection spirituelle et profonde, aussi pure qu'elle est parfaite. C'est elle qui donne naissance aux plus grands chefs-d'œuvre de l'art! Un semblable sentiment est bien mal compris aujourd'hui! C'est un sentiment intellectuel entre deux hommes, l'un plus âgé, l'autre plus jeune, le plus âgé possédant l'expérience du monde, le plus jeune renfermant en lui la joie, l'espérance, le charme de la vie. C'est la une chose, je le répète, que votre époque ne comprend pas. Elle est le but des risées de tous et conduit ses adeptes au pilori.

C’est un amour qui n’est pas compris dans ce siècle ! C’est l’amour de David pour Jonathan. C’est l’amour que Platon, dans sa philosophie, décrit comme le commencement de la sagesse. C’est une affection spirituelle et profonde, aussi pure qu’elle est parfaite. C’est elle qui donne naissance aux plus grands chefs-d’œuvre de l’art. Un semblable amour est bien mal compris aujourd’hui ! C’est une affection intellectuelle entre deux hommes, l’un plus âgé, l’autre plus jeune ; le plus âgé possédant l’expérience du monde, le plus jeune renfermant en lui la joie, l’espérance, le charme de la vie. C’est là une chose, je le répète, que notre époque ne comprend pas. Elle est le but des risées de tous et conduit ses adeptes au pilori !

C’est un amour qui n’est pas compris dans ce siècle ! C’est l’amour de David pour Jonathan. C’est l’amour que Platon dans sa philosophie décrit comme le commencement de la sagesse. C’est une affection spirituelle et profonde, aussi pure qu’elle est parfaite. C’est elle qui donne naissance aux plus grands chefs-d’œuvre de l’art. Un semblable amour cet bien mal compris aujourd’hui ! C’est une affection intellectuelle entre deux hommes, l’un plus âgé, l’autre plus jeune, le plus âgé possédant l’expérience du monde, le plus jeune renfermant en lui la joie, l’espérance, le charme de la vie. C’est là une chose, je le répète, que notre époque ne comprend pas. Elle est le but des risées do tous et conduit ses adeptes au pilori.

Cette déclaration a été accueillie par des applaudissements tellement nourris et bruyants, que le magistrat a dû menacer de faire évacuer la salle si pareille manifestation se reproduisait.

Après plaidoirie de Me Yrain pour Taylor et une seconde réplique de l'avocat de l'accusation M. Gills, l'audience est renvoyée à aujourd'hui pour le verdict.

LONDON CRIMINAL COURT. --The Oscar Wilde affair.

This last day of debates seemed, contrary to general expectation, to revive the exhausted interest of this sad trial. An incident, which caused real emotion in the audience, was raised by the sudden change of attitude of the accused to whom a question from the public prosecutor suddenly made him abandon the dejected and ashamed look he had kept since the start of the trial. Sir Clarke had spoken for the second time, and Mr. Gill, the prosecuting attorney, was preparing to reply in his turn, when an allusion was made to a sonnet which Lord Douglas is said to have addressed to Mr. Wilde.

Explain, asked Mr. Gill to the accused, the bizarre terms of this piece of verse which a feeling of friendship, however deep, would be powerless to justify.

At this question, Mr. Wilde jumps to his feet and, with an accent of indignant anger, exclaims:

This is an affection that your century cannot understand. It is David's for Jonathan. It is what Plato describes in his philosophy as the beginning of wisdom. It is a spiritual and deep affection, as pure as it is perfect. It is she who gives birth to the greatest masterpieces of art! Such a feeling is very misunderstood today! It is an intellectual feeling between two men, one older, the other younger, the older possessing experience of the world, the younger containing within himself joy, hope, the charm of life. . This is one thing, I repeat, that your era does not understand. She is the butt of everyone's laughing stock and leads her followers to the pillory.

This statement was greeted with such loud and noisy applause that the magistrate had to threaten to have the room evacuated if such a demonstration happened again.

After Mr. Yrain's plea for Taylor and a second reply from the prosecution lawyer Mr. Gills, the hearing is adjourned to today for the verdict.

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