OSCAR WILDE ET M. NORDAU

Le Gaulois a publié une interview du docteur Max Nordau sur le cas de M. Oscar Wilde. Voici la conclusion de l’auteur de Dégénérescence :

Ces gens-là ne sont d’aucun profit pour la société et nuisent à l’art véritable par leurs productions, dont la quantité et l’importunité cachent à la plupart des hommes la vue des véritables œuvres d’art de l’époque.

Ce sont des débiles de volonté, impropres à une activité qui exige des efforts réguliers, uniformes, ou des victimes de la vanité qui veulent être plus célèbres qu’on ne peut le devenir comme casseur de pierres ou tailleur. Le manque de sûreté, de compréhension et de goût de la majorité et l’incompétence de la plupart des critiques permettent à ces intrus de se nicher dans les arts et de vivre là en parasites pendant toute leur vie.

Ils appartiennent aux portions les plus antisociales de l’espèce. Privés de sens pour les tâches et les intérêts de celles-ci, inaptes à comprendre une idée sérieuse, une action féconde, ils rêvent seulement la satisfaction de leurs plus vils instincts, et nuisent autant par l’exemple de leur existence de parasites que par la confusion que jette dans les esprits insuffisamment avertis leur abus du mot « art » envisagé comme synonime de démoralisation et d’enfantillage. Les dégénérés égoïstes, les décadents et les esthètes ont rassemblé au grand complet sous leur bannière ce rebut des peuples civilisés, et marchent à sa tête.

Voilà en que j’ai dit quand M. Oscar Wilde était triomphant. Aujourd’hui qu’il est, comme je viens de vous le dire, victime de ses propres doctrines, je forme le vœu que son aventure serve d’exemple à d’autres. Mais je crains fort que nous ne soyons qu'au commencement !...

» Voilà ce que j'ai dit quand M. Oscar Wilde était triomphant. Aujourd'hui qu'il est, comme je viens de vous le dire, victime de ses propres doctrines, je forme le vœu que son aventure serve d'exemple à d'autres. Mais je crains fort que nous ne soyons qu'au commencement!... »

OSCAR WILDE AND M. NORDAU

Le Gaulois has published an interview with Doctor Max Nordau on the case of Mr. Oscar Wilde. Here is the conclusion of the author of Degeneration:

These people are of no benefit to society and harm true art by their productions, the quantity and importunity of which hide from most men the sight of the true works of art of the time.

They are weak-willed, unsuited to an activity which requires regular, uniform effort, or victims of vanity who want to be more famous than one can become as a stone-breaker or a tailor. The lack of safety, understanding and taste of the majority and the incompetence of most critics allow these intruders to nestle in the arts and live there as parasites all their lives.

They belong to the most antisocial portions of the species. Deprived of meaning for the tasks and interests of these, unfit to understand a serious idea, a fruitful action, they only dream of the satisfaction of their basest instincts, and harm as much by the example of their parasitic existence as by the confusion thrown into insufficiently informed minds by their misuse of the word "art" considered as synonymous with demoralization and childishness. The selfish degenerates, the decadents and the aesthetes have gathered together under their banner this scum of civilized peoples, and march at its head.

That's what I said when Mr. Oscar Wilde was triumphant. Today that he is, as I have just told you, a victim of his own doctrines, I hope that his adventure will serve as an example to others. But I'm afraid we're only at the beginning!...

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