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Next report Le Temps - Saturday, April 6, 1895

TRIBUNAUX
Le procès Oscar Wilde
(De notre correspondant particulier)

Londres, 3 avril.

Je sors de l' « Old Bailey », où se tiennent les assises de la « Central criminal court » et où commençait aujourd'hui, à dix heures et demie du matin, le procès que M. Oscar Wilde, l'auteur bien connu, a intenté au marquis de Queensberry pour diffamation.

Avant hier a commencé, à l’Old-Bailey, devant la « Central criminal cours », pour se terminer par un coup de théâtre inattendu, le procès que M. Oscar Wilde, l'auteur bien connu, avait intenté au marquis de Rucensberry, pour diffamation.

On s'écrasait dans la petite salle nue et insignifiante. Les sheriffs de la Cité sont là siégeant avec le juge, M. Henri Collins, en robe rouge. Tous les notables des corporations sont là aux places qui leur sont réservées (l'Old Bailey dépend de la Cité). Puis quantité d'avocats aux perruques blanches, en robe noire, des journalistes,des curieux privilégiés. Dans la tribune publique, on étouffe littéralement.

On s'écrasait dans la petite salle nue et insignifiante. Les sheriffs de la Cité sont là, siégeant avec le juge, M. Henri Collins, en robe rouge. Tous les notables des corporations sont là aux places qui leur sont réservées (l'Old Bailey dépend de la Cité). Puis quantité d'avocats aux perruques blanches, en robe noire, des journalistes, des curieux privilégiés. Dans la tribune publique, on étouffe littéralement.

Les sheriffs de la Cité étaient là siégeant avec le juge, M. Henri Collins, en robe rouge. Tous les notables des corporations s"installent aux places que leur étaient réservés (l'Old Bailey dépend de la Cité). Puis quantité d’avocats aux perruques blanches, en robe noire, des journalistes, des curieux privilés

A dix heures trente, le marquis prend place au banc des accusés. Il semble jeune encore avec ses cheveux et ses favoris noirs, mais d'un noir qui trahit l'artifice, figure anguleuse, étrange, mais non dénuée de noblesse. Sous son pardessus bleu, on aperçoit une chemise de chasse bleue avec une cravate de même couleur. Ses avocats, dont le principal est M. Carson, membre du Parlement, sont au premier rang à côté de ceux de M. Oscar Wilde, qui a confié la cause à sir Edward Clarke. Coïncidence curieuse ces deux sommités du barreau anglais ont été collègues tous deux dans le dernier ministère conservateur et le seront encore très vraisemblablement dans le prochain.

Dès que les douze membres du jury ont prêté serment, sir Ed. Clarke se lève et fait l'exposé de la cause.

Dès que les douze membres du jury ont prèté serment, sir Ed. Clarke se lève et fait l'exposé de la cause.

Les lecteurs du Temps se la rappellent sans doute. Le 28 février dernier M. Oscar Wilde trouvait à son club une carte du marquis de Queensberry sur laquelle le noble lord avait écrit des mots injurieux, l'accusant d'avoir -- ou de poser pour avoir -- des mœurs inavouables. Le marquis prétend, on le sait, arracher son fils cadet, le jeune lord Alfred Douglas, à l'amitié de l'écrivain.

Le 28 février dernier M. Oscar Wilde trouvait à son club une carte du marquis de Queensberry sur laquelle le noble lord avait écrit des mots injurieux, l'accusant d'avoir — ou de poser pour avoir — des mœurs inavoubles. le marquis pretend, on le sait, arracher son fils cadet, le jeune lord Alfred Douglas, à l'amitié de l’écrivain.

Le 28 février dernier, M. Oscar Wilde trouvait à son club une carte du marquis de Queensberry sur laquelle le noble lord avait écrit des mots injurieux, l'accusant d'avoir -- ou de poser pour avoir -- des moeurs inavouables. Le marquis prétend, on le sait, arracher son fils cadet, le jeune lord Alfred Douglas, à l'amitié de l'écrivain.

Le 18 février dernier, M. Oscar Wilde trouvait à son club une carte du marquis de Queensberry sur laquelle celui-ci avait écrit des mots injurieux, l'accusant d'avoir -- ou de poser pour avoir -- des mœurs inavouables. Le marquis prétend, on le sait, arracher son fils cadet, le jeune lord Alfred Douglas, à l'amitié de l'écrivain.

De là plainte de M. Oscar Wilde, arrestation du marquis, autorisation de poursuivre devant la cour d'assises et procès. Les détails nous seront donnés par les interrogatoires et les contre-interrogatoires.

De là la plainte de M. Oscar Wilde, arrestation du marquis, autorisation de poursuivre devant la cour d'assises et procès. Les détails nous seront donnés par les interrogatoires et les contre-interrogatoires.

Je rappelle ici que, selon la loi anglaise, les témoins sont successivement interrogés par les avocats des deux parties et non par le juge qui peut seulement poser des questions supplémentaires. Quant à l'accusé, il n'est astreint à aucun interrogatoire.

Rappelons ici que, selon la loi anglaise, les témoins sont successivement interrogés par les avocats des deux parties et non par le juge qui peut seulement poser des questions supplémentaires. Ouant à l’accusé, il n’est astreint à aucun interrogatoire.

M. Oscar Wilde est le premier témoin. Il se présente et prête serment. Son maintien est étudié. Il s'appuie avec grâce sur la barre en jouant avec ses gants, incline de droite à gauche sa grosse tête aux longs cheveux soigneusement ondulés qui encadrent une figure complètement rasée de frais. Le mot de « pose » écrit sur la carte du marquis s'applique on ne peut mieux à toute son attitude et ses réponses ne le démentent pas. Nous avons eu une amusante série de paradoxes, de brèves maximes lancées avec ostentation pour l'étonnement sinon toujours pour l'admiration du public.

C'est sir Edward Clarke, son avocat, qui l'interroge en premier, fort habilement, lui ménageant le beau rôle. Nous apprenons que M. Oscar Wilde est marié depuis 1884, qu'il a deux fils et qu'il est un auteur célèbre. Lord Alfred Douglas est depuis longtemps son ami intime et le marquis lui-même en 1892 a déjeuné avec les deux amis au café Royal.

C’est sir Edward Clarke, son avocat, qui l’interroge en premier, fort habilement, lui ménageant le beau rôle. Nous apprenons que M. Oscar Wilde est marié depuis 1884, qu'il a deux fils et qu’il est un auteur célèbre. Lord Alfred Douglas est depuis longtemps son ami intime et le marquis lui-même, en 1892, a déjeuné avec les deux amis au café Royal.

C'est sir Edward Clarke, son avocat, qui l'interroge en premier, fort habilement, lui ménageant le beau rôle. Nous apprenons que M. Oscar Wilde est marié depuis 1884, qu'il a deux fils et qu'il est un auteur-célèbre. Lord Alfred Douglas est depuis longtemps son ami intime et le marquis lui-même en 1892 a déjeuné avec les deux amis au café Royal.

C'est en 1893 que M. Oscar Wilde apprend que des bruits injurieux sont répandus contre lui et voici comment: Un nommé Wood prétendit avoir trouvé dans la poche d'un vieux vêtement à lui donné par lord Alfred Douglas quatre lettres écrites par M. Oscar Wilde. Wood les offrit a M. Oscar Wilde et celui-ci lui donna environ 500 francs pour lui permettre de réaliser son désir d'aller chercher fortune à New-York.

C'est en 1893 que M. Oscar Wilde apprend que des bruits injurieux sont répandus contre lui et voici comment: Un nommé Wood prétendit avoir trouvé dans la poche d'un vieux vêtement à lui donné par lord Alfred Doublas quatres lettres écrites par M. Oscar Wilde. Wood les offrit à M. Oscar Wilde et celui-ci lui donna environ 500 francs pour lui permettre de réaliser son désir d'aller chercher fortune à New-York.

C'est eu 1893 que M. Oscar Wilde apprend que des bruits injurieux sont répandus contre lui et voici comment : Un nommé Wood prétendit avoir trouvé dans la poche d’un vieux vêtement à lui donné par lord Alfred Douglas, quatre lettres écrites par M. Oscar Wiilde. Wood les offrit à M. Oscar Wilde et celui-ci lui donna environ 500 francs pour lui permettre de réaliser son désir d’aller chercher fortune à New-York.

Mais trois lettres seulement avaient été rendues. La seule importante était aux mains d'un nommé Allen qui essaya de faire chanter M. Oscar Wilde. « On m'en offre 1,500 francs », dit-il. « Eh bien, vendez-là, répondit l'écrivain, on ne m'a jamais payé aussi cher un morceau de prose si court. »

Mais trois lettres seulement avaient été rendues. La seule importante était aux mains d'un nommé Allen qui essaya de faire chanter M. Oscar Wilde. «On m'en offre 1,500 francs», dit-il. « Eh bien, vendez-la, répondit l'écrivain, on ne m'a jamais payé aussi cher un morceau de prose si court. »

Trois lettres seulement avaient été rendues. La seule importante était aux mains d’un nommé Allen qui essaya de faire chanter M. Oscar Wilde. « On m’en offre 1.500 fr. » dit-il. « Eh bien! vendez-là, répondit l'écrivain, on ne m’a jamais payé aussi cher un morceau de prose si court. »

Voici la traduction de cette lettre adressée au fils cadet du marquis de Queensberry:

Voici la traduction de cette lettre adressée au fils cadet du marquis de Queensberry:

Voici la traduction de cette lettre adressée au fils cadet du marquis de Queensberry :

« Mon cher garçon (les mots anglais my own insistent sur l'idée de possession), votre sonnet est ravissant, et il est merveilleux que vos lèvres rouges,semblables à des feuilles de roses, soient aussi bien faites pour la musique du chant que pour la folie du baiser. Votre âme vogue entre la passion et la poésie. Je suis sûr qu'Hyacinthe, si follement aimé d'Apollon, n'était autre que vous dans l'antiquité grecque. Pourquoi êtes-vous seul à Londres et quand allez-vous à Salisbury? Allez-y et rafraîchissez vos mains dans la grise pénombre des choses gothiques et venez ici dès que vous voudrez. C'est un endroit délicieux. Il n'y manque que vous. Mais allez d'abord à Salisbury. Toujours avec un amour impérissable: Votre Oscar. »

« Mon cher garçon (les mots anglais my own insistent sur l'idée de possession), votre sonnet est ravissant, et il est merveilleux que vos lèvres rouges, semblables à des feuilles de roses, soient aussi bien faites pour la musique du chant que pour la folie du baiser. Votre âme vogue entre la passion et la poésie. Je suis sûr qu'Hyacinthe, si follement aimé d'Apollon, n'était autre que vous dans l'antiquité grecque. Pourquoi etes-vous seul à Londres et quand allez-vous à Salisbury? Allez-y et rafraîchissez vos mains dans la grise pénombre des choses gothiques et venez ici dès que vous voudrez. C'est un endroit délicieux. Il n'y manque que vous. Mais allez d'abord à Salisbury. Toujours avec un amour impérissable: Votre Oscar. »

Mon cher garçon (les mots anglais my own insistent sur l'idée de possession), votre sonnet est ravissant, et il est merveilleux que vos lèvres rouges, semblables à des feuilles de roses, soient aussi bien faites pour la musique du chant que pour la folie du baiser. Votre ame vogue entre la passion et la poésie. Je suis sûr qu’Hyacinthe, si follement aimé d’Àpollon, n'était autre que vous dans l’antiquité grecque. Pourouoi êtes-vous seul à Londres et quand allez-vous à Salisbury? Allez-y et rafraîchissez vos mains dans la grise pénombre des choses gothiques et venez ici dès que vous voudrez. C’est un endroit délicieux. Il n’y manque que vous. Mais allez d’abord à Salisbury. Toujours avec un amour impérissable : Votre Oscar. »

« Mon cher garçon, sisait sans cette lettre M. Wilds à lord Douglas, votre sonnet est ravissant, et il est merveilleux que vos lèvres rouges, semblables à des feuilles de roses, soient aussi bien faites pour la musique du chant que pour la folie du baiser. Votre âme vogue entre la passion et la poésie. Je suis sûr qu'Hyacinthe, si follement aimé d'Apollon, n'était autre que vous dans l'antiquité grecque. Pourquoi êtes-vous seul à Londres et quand allez-vous à Salisbury? Allez-y et rafraîchissez vos mains dans la grise pénombre des choses gothiques et venez ici dès que vous voudrez. C'est un endroit délicieux. Il n'y manque que vous. Mais allez d'abord à Salisbury. Toujours avec un amour impérissable: Votre Oscar. »

« Mon cher garçon (les mots anglais my own insistent sur l'idée de possession, en français on aurait sans doute employé le tutoiemment), votre sonnet est ravissant, et il est merveilleux que vos lèvres rouges, semblables à des feuilles de roses, soient aussi bien faites pour la musique du chant que pour la folie du baiser. Votre âme vogue entre la passion et la poésie. Je suis sûr qu'Hyacinthe, si follement aimé d'Apollon, n'était autre que vous dans l'antiquité grecque. Pourquoi êtes-vous seul à Londres et quand allez-vous à Salisbury? Allez-y et rafraichissez vos mains dans la grise pénombre des choses gothiques et venez ici dès que vous voudrez. C'est un endroit délicieux. Il n'y manque que vous. Mais allez d'abord à Salisbury. Toujours avec un amour impérissable: Votre Oscar. »

« Mon cher garçon, votre sonnet est ravissant, et il est merveilleux que vos lèvres rouges, semblables à des feuilles de roses, soient aussi bien faites pour la musique du chant que pour la folie du baiser. Votre âme vogue entre la passion et la poésie. Je suis sûr que'Hyacinthe, si follement aimé d’Apollon, n’était autre que vous dans l’antiquité grecque. Pourquoi êtes-vous seul à Londres et quand allez-vous à Salisbury? Allez-y et rafraîchissez vos mains dans la grise pénombre des choses gothiques et venez ici dès que vous voudrez. C’est un endroit délicieux. Il n’y manque que vous. Mais allez d'abord à Salisbury. Toujours avec un amour impérissable: Votre Oscar. »

Si la lettre avait été écrite en français, il y aurait sans doute: tu, et non: vous.

Si la lettre avait été écrite en français, il y aurait sans doute : tu, et non : vous.

M. Oscar Wilde nous a répété aujourd'hui à plusieurs reprises que cette lettre était un superbe morceau de prose, un vrai sonnet. D'ailleurs, elle a été plus tard traduite sous la forme d'un sonnet en français.

M. Oscar Wilde nous a répété aujourd'hui, à plusieurs reprises que cette lettre était un superbe morceau de prose, un vrai sonnet. D'ailleurs elle a été plus tard traduite sous la forme d'un sonnet en français.

M. Oscar Wilde a répété à l’audience à plusieurs reprises que cette lettre était un superbe morceau de prose, un vrai sonnet. D’ailleurs, elle a été plus tard traduite aous la forme d’un sonnet en français.

M. Oscar Wilde refusa de rien payer pour ravoir l'original de cette lettre. Il remit seulement 10 shillings à Allen et la lettre lui fut, peu après, bénévolement rapportée par un autre personnage nommé Clyburn, auquel il donna aussi 10 shillings. Et comme la lettre était en assez triste état: « C'est très mal, s'écria l'auteur, de prendre si peu de soin d'un manuscrit original de moi. »

M. Oscar Wilde refusa de rien payer pour ravoir l'original de cette lettre. Il remit seulement 10 shillings à Allen et la lettre lui fut, peu après, bénévolement rapportée par un autre personnage nommé Clyburn, auquel il donna aussi 10 shilings. Et comme la lettre était en assez triste état: « C'est très mal, s'écria l'auteur, de prendre si peu de soin d'un manuscrit original de moi. »

Lorsqu'en février dernier le théâtre Saint-James donna la pièce d'Oscar Wilde intitulée l'Importance d'être sérieux, on sut que le marquis se proposait de faire un esclandre. Il se présenta, en effet, au théâtre le soir de la première, armé d'un « bouquet de légumes », mais on lui refusa l'entrée de la salle.

C'est peu après qu'il remit la carte incriminée à l'Albermarle club.

Mais l'événement saillant de la journée d'aujourd'hui a été le contre-interrogatoire de M. Oscar Wilde par M. Carson, l'avocat de la partie adverse. Rarement duel plus serré, plus mouvementé, plus brillant par moments, s'est livré entre deux hommes. L'accusateur est brusquement passé accusé, un accusé que le défenseur frappait de ses questions acérées, véhémentes,troublantes. Je ne puis suivre l'interrogatoire pas à pas, malgré l'intérêt palpitant qu'il n'a cessé d'avoir; mais je tiens à rapporter quelques-unes des attaques et quelques-unes des ripostes.

M. Oscar Wilde a envoyé, il y a quelque temps, une série de maximes à l'usage de la jeunesse à une revue appelée le Caméléon, à laquelle lord Alfred Douglas collaborait. Or, dans le même numéro de la revue, a paru un article intitulé le Prêtre et l'Acolyte et parlant de mœurs honteuses. « Cet article est-il immoral? demande M. Carson. -- Il est pire, il est mal écrit. » répond M. Wilde, qui expose alors une théorie singulièrement appauvrie et superficielle de « l'art pour l'art » où défilent toutes nos vieilles connaissances esthétiques, depuis la souveraineté sans appel de « l'écriture », jusqu'à « la culture du moi ».

M. Oscar Wilde a envoyé, il y a quelque temps, une série de maximes à l'usage de la jeunesse à une revue appelée le Caméléon, à laquelle lord Alfred Douglas collaborait. Or, dans le même numéro de la revue, a paru un article intitulé le Prêtre et l'Acolyte et parlant de moeurs honteuses. «Cet article est-il immoral? demande M. Carson. - Il est pire, il est mal écrit,» répond M. Wilde, qui expose alors une théorie singulièrement appauvrie et superficielle de «l'art pour l'art» où défilent toutes nos vieilles connaissances esthétiques, depuis la souveraineté sans appel de « l'écriture », jusqu'à «la culture du moi».

M. Oscar Wilde a envoyé, il y a quelque temps, une série de maximes à l'usage de la jeunesse à une revue appelée le Caméléon, à laquelle lord Alfred Douglas collaborait. Or, dans le même numéro de la revue, a paru un article intitulé le Prêtre et l'Acolyle et parlant de mœurs honteuses. « Cet article est-il immoral? demande M. Carson. — Il est pire, il est mal écrit, » réplique M. Wilde.

-- Je ne crois pas, conclut M. Wilde, qu'un homme puisse avoir sur un autre aucune influence morale à plus forte raison un livre ne saurait-il pervertir un lecteur.
-- Cet article traite-t-il vraiment de moeurs honteuses? demande M. Carson.
-- Seulement au dire des brutes, répond le témoin.

-- Je ne crois pas, conclut M. Wilde, qu'un homme puisse avoir sur un autre aucune influence morale -- à plus forte raison un livre ne saurait-il pervertir un lecteur. -- Cet article traite-t-il vraiment de moeurs honteuses? demande M. Carson. -- Seulement au dire des brutes, répond le témoin.

Puis l'avocat s'attaque à un livre de M. O. Wilde intitulé le Portrait de Dorian Grey. Il y est question d'un homme qui « adore avec folie, avec extravagance, absurdement », un jeune homme merveilleusement beau.

Puis l'avocat s'attaque à un livre de M. O. Wilde intitulé: le Portrait de Dorian Grey. Il y est question d'un homme qui «adore avec folie, avec extravagance, absurdement», un jeune homme merveilleusement beau.

Puis l’avocat s’attaque à un livre de M. O. Wilde, intitulé : Le Portrait de Dorian Crey. Il y est question d’un homme qui adore avec folie, avec extravagance, absurdement, un jeune homme merveilleusement beau.

M. Carson, en effet, examine un livre de M. Oscar Wilde, le Portrait de Dorian Grey, où il est question d'un homme qui «adore avec folie avec extravagance, absurdement» un jeune homme d'une beauté merveilleuse.

-- Avez-vous jamais adoré de la sorte? demande l'accusateur.
-- Je n'ai jamais adoré que moi-même, riposte le témoin.

-- Avez-vous jamais adoré de la sorte? demande l'accusateur. -- Je n'ai jamais adoré que moi-même, riposte le témoin.

— Avez-vous jamais adoré de la sorte ? demande l’accusateur. — Je n’ai jamais adoré que moi-même, riposte le témoin.

-- Avez-vous jamais adoré de la sorte? demande l'accusateur. -- Je n'ai jamais adoré que moi-même, riposte le témoin.

-- Avez-vous jamais adoré de la sorte? a demandé l'accusateur. -- Je n'ai jamais adoré que moi-même, a riposté le témoin.

Puis comme M. Carson lit une autre lettre de l'écrivain à son ami, aussi extraordinaire que celle citée plus haut:

Puis, comme M. Carson lit une autre lettre de l'écrivain à son ami, aussi extraordinaire que celle citée plus haut:

Puis comme M. Carson lit une autre lettre de l’écrivain à son ami, aussi extraordinaire que celle citée plus haut :

Puis, comme M. Carson lisait une autre lettre de l'écrivain à son ami, aussi extraordinaire que celle citée plus haut:

-- Tout ce que j'écris est extraordinaire répond emphatiquement M. Wilde.

-- Tout ce que j'écris est extraordinaire! répond emphatiquement M. Wilde.

— Tout ce que j’écris est extraordinaire ! répond emphatiquement M. Wilde.

-- Tout ce que j'écris est extraordinaire ! a répondu emphatiquement M. Wilde.

L'éminent avocat précise ensuite ses accusations. Il a préparé son terrain admirablement. Il a amené son adversaire à des déclarations, à des jugements, à des aveux, allai-je écrire, qui l'exposent presque désarmé d'avance au faisceau d'imputations terribles, d'apparences accusatrices qu'il va diriger contre lui.

Comment M. Oscar Wilde explique-t-il son amitié si intime avec ce Wood qui n'est qu'un maître chanteur? Pourquoi l'appeler par son prénom, lui donner de l'argent; dîner avec lui en cabinet particulier, s'il est vrai qu'il n'a pas eu avec ce jeune homme de dix-huit ans, d'une situation sociale si inférieure à la sienne, des relations compromettantes?

Comment M. Ocar Wilde explique-t-il son amitié si intime avec ce Wood qui n'est qu'un maître chanteur? Pourquoi l'appeler par son prénom, lui donner de l'argent, dîner avec lui en cabinet particulier, s'il est vrai qu'il n'a pas eu avec ce jeune homme de dix-huit ans, d'une situation sociale si inférieure à la sienne, des relations compromettantes?

« Comment M. Oscar Wilde explique-t-il son amitié si intime avec Wood, qui n'est qu'un maître chanteur? Pourquoi l'appeler par son prénom, lui donner de l'argent, dîner avec lui en cabinet particulier, s'il est vrai qu'il n'a pas eu avec ce jeune homme de dix-huit ans, d'une situation sociale si inférieure à la sienne, des relations compromettantes? »

-- Comment M. Oscar Wilde explique-t-il son amitié si intime avec Wood, qui n'est qu'un maître chanteur? Pourquoi l'appeler par son prénom, lui donner de l'argent, dîner avec lui en cabinet particulier, s'il est vrai qu'il n'a pas eu avec ce jeune homme de dix-huit ans, d'une situation sociale si inférieure à la sienne, des relations compromettantes? »

Comment expliquer encore l'amitié du témoin pour un jeune employé de librairie nommé Shelley, qu'il emmène aussi dîner, auquel il donne de l'argent, plus de 300 francs? Pour Alfonso Conwell, un jeune vagabond, qu'il habille des pieds à la tête. pour l'amener à Brighton où ils passent une nuit ensemble?

Comment expliquer encore l'amitié du témoin pour un jeune employé de librairie nommé Shelley, qu'il emmene aussi dîner, auquel il Sonne de l'argent, plus de 300 francs? Pour Alfonso Conwell, un jeune vagabond, qu'il habille des pieds à la tête pour l'amener à Brighton, où ils passent une nuit ensemble?

« Comment expliquer encore l'amitié du témoin pour un jeune employé de librairie nommé Shelley, qu'il emmène aussi dîner, auquel il donne de l'argent, plus de 300 francs? Pour Alfonso Conwel, un jeune vagabond, qu'il habille des pieds à la tête pour l'amener à Brighton ou ils passent une nuit ensemble? »

« Comment expliquer encore l'amitié du témoin pour un jeune employé de librairie nommé Shelley, qu'il emmène aussi dîner, auquel il donne de l'argent, plus de 300 francs? Pour Alfonso Conwel, un jeune vagabond, qu'il habille des pieds à la tête pour l'amener à Brighton ou ils passent une nuit ensemble? »

Je ne reproduis naturellement pas ici les questions dans leur précision d'une brutalité parfois révoltante.

Il est impossible de reproduire toutes les questions dans leur précision d’une brutalité, d’une crudité révoltantes.

M. Oscar Wilde répond par des dénégations que tout le monde souhaite justifiées et justifiables.

A quatre heure et demie le contre-interrogatoire n'est pas encore terminé et la suite des débats est remise à demain.

LAW COURTS
The Oscar Wilde Trial
(From our private correspondent)

London, April 3.

I am leaving the "Old Bailey", where the assizes of the "Central Criminal Court" are held and where today, at half-past ten in the morning, the trial of Mr. Oscar Wilde, the well-known author , sued the Marquess of Queensberry for libel.

We crashed into the small, bare and insignificant room. The City Sheriffs are there sitting with the Judge, Mr. Henri Collins, in a red robe. All the notables of the corporations are there in the places reserved for them (the Old Bailey depends on the City). Then a number of lawyers in white wigs, in black robes, journalists, privileged curious people. In the public gallery, we literally suffocate.

At ten-thirty, the marquis took his place in the dock. He still looks young with his black hair and whiskers, but of a black that betrays artifice, an angular, strange face, but not devoid of nobility. Under his blue overcoat, we see a blue hunting shirt with a tie of the same color. His lawyers, the principal of whom is Mr. Carson, Member of Parliament, are in the first row beside those of Mr. Oscar Wilde, who has entrusted the case to Sir Edward Clarke. Curiously by coincidence, these two luminaries of the English bar were both colleagues in the last Conservative ministry and very likely will be again in the next.

As soon as the twelve members of the jury have been sworn in, Sir Ed. Clarke rises and presents the case.

Readers of Le Temps will no doubt remember her. On February 28, Mr. Oscar Wilde found at his club a card from the Marquess of Queensberry on which the noble lord had written insulting words, accusing him of having -- or posing to have -- unmentionable morals. The Marquis claims, as we know, to snatch his youngest son, the young Lord Alfred Douglas, from the friendship of the writer.

From there complaint of Mr. Oscar Wilde, arrest of the marquis, authorization to prosecute before the court of assizes and lawsuit. The details will be given to us through examinations and cross-examinations.

I recall here that, according to English law, the witnesses are successively questioned by the lawyers of the two parties and not by the judge who can only ask additional questions. As for the accused, he is not required to be questioned.

Mr. Oscar Wilde is the first witness. He introduces himself and takes the oath. Its maintenance is studied. He leans gracefully on the bar, playing with his gloves, tilts from right to left his big head with long, carefully wavy hair that frames a freshly shaven face. The word "pose" written on the Marquis's card could not be better applied to his whole attitude and his answers do not belie it. We had an amusing series of paradoxes, brief maxims thrown out ostentatiously to the astonishment if not always the admiration of the public.

It was Sir Edward Clarke, his lawyer, who questioned him first, very skilfully, giving him the best part. We learn that Mr. Oscar Wilde has been married since 1884, has two sons and is a famous author. Lord Alfred Douglas has long been his close friend, and the Marquess himself in 1892 had lunch with the two friends at the Cafe Royal.

It was in 1893 that Mr. Oscar Wilde learned that abusive rumors were being spread against him and this is how: A certain Wood claimed to have found in the pocket of an old coat given to him by Lord Alfred Douglas four letters written by Mr. Oscar Wilde. Wood offered them to Mr. Oscar Wilde and the latter gave him about 500 francs to allow him to realize his desire to seek his fortune in New York.

But only three letters had been returned. The only important one was in the hands of a man named Allen who tried to blackmail Mr. Oscar Wilde. "I've been offered 1,500 francs for it," he said. “Well, sell it,” replied the writer, “I have never been paid so dearly for such a short piece of prose. »

Here is the translation of this letter addressed to the youngest son of the Marquess of Queensberry:

"My dear boy (the English words my own emphasize the idea of possession), your sonnet is lovely, and it is wonderful that your red lips, like the leaves of roses, are as well made for the music of song as for the madness of the kiss. Your soul wanders between passion and poetry. I am sure that Hyacinthe, so madly loved by Apollo, was none other than you in Greek antiquity. Why are you alone in London and when are you going to Salisbury? Go ahead and refresh your hands in the gray twilight of goth things and come here whenever you want. It's a delicious place. All that's missing is you. But go to Salisbury first. Always with undying love: Your Oscar. »

If the letter had been written in French, there would probably be: tu, and non: vous.

Mr. Oscar Wilde has told us several times today that this letter is a superb piece of prose, a real sonnet. Moreover, it was later translated in the form of a sonnet in French.

Mr. Oscar Wilde refused to pay anything to get back the original of this letter. He only gave Allen 10 shillings and the letter was soon after voluntarily brought to him by another personage named Clyburn, to whom he also gave 10 shillings. And as the letter was in rather sad condition: "It is very wrong," cried the author, "to take so little care of an original manuscript of mine." »

When last February the Saint-James theater gave Oscar Wilde's play entitled The Importance of Being Serious, we knew that the marquis was planning to make a scene. In fact, he presented himself at the theater on the evening of the premiere, armed with a "bouquet of vegetables," but he was refused entry to the hall.

It was shortly after that he gave the offending card to the Albermarle club.

But today's highlight was the cross-examination of Mr. Oscar Wilde by Mr. Carson, opposing counsel. Rarely has a tighter, more eventful, more brilliant duel been fought between two men. The accuser suddenly passed accused, an accused whom the defender struck with his sharp, vehement, disturbing questions. I cannot follow the interrogation step by step, in spite of the palpitating interest which he never ceased to have; but I want to report some of the attacks and some of the ripostes.

Mr. Oscar Wilde some time ago sent a series of maxims for the use of young people to a review called the Chameleon, in which Lord Alfred Douglas was a contributor. Now, in the same issue of the review, appeared an article entitled The Priest and the Acolyte and speaking of shameful morals. “Is this article immoral? asks Mr. Carson. -- It is worse, it is badly written. responds M. Wilde, who then exposes a singularly impoverished and superficial theory of "art for art's sake" in which parade all our old aesthetic knowledge, from the irrevocable sovereignty of "writing" to "the culture of the self”.

"I don't believe," Mr. Wilde concludes, "that one man can have any moral influence on another, the more so a book cannot pervert a reader."
-- Is this article really about shameful morals? asks Mr. Carson.
“Only according to the brutes,” replies the witness.

Then the lawyer tackles a book by MO Wilde entitled The Picture of Dorian Grey. It is about a man who "adores madly, extravagantly, absurdly", a wonderfully handsome young man.

-- Have you ever worshiped like this? asks the accuser.
"I have never adored anyone but myself," replies the witness.

Then as Mr. Carson reads another letter from the writer to his friend, as extraordinary as the one quoted above:

"Everything I write is extraordinary," replies M. Wilde emphatically.

The eminent lawyer then clarifies his accusations. He prepared his ground admirably. He led his adversary to declarations, to judgments, to confessions, I was going to write, which expose him, almost disarmed in advance, to the bundle of terrible imputations, of accusatory appearances which he will direct against him.

How does Mr. Oscar Wilde explain his intimate friendship with this Wood who is only a blackmailer? Why call him by his first name, give him money; dine with him in a private room, if it is true that he did not have compromising relations with this young man of eighteen, of a social situation so inferior to his?

How else to explain the friendship of the witness for a young bookshop clerk named Shelley, whom he also takes to dinner, to whom he gives money, more than 300 francs? For Alfonso Conwell, a young vagrant, whom he dresses from head to toe. to bring her to Brighton where they spend a night together?

Of course, I am not repeating the questions here in their sometimes revoltingly brutal precision.

Mr. Oscar Wilde responds with denials that everyone wants justified and justifiable.

At half past four the cross-examination is not yet over and the rest of the proceedings are postponed until tomorrow.

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