TÉLÉGRAMMES ET CORRESPONDANCES
Du 1er Août
Un poulet de lord Douglas

Le HAVRE. - Une bien amusante polémique, qui ne manquera pas de faire la joie des collectionneurs de documents vécus, s'est engagée entre un journal du Havre et lord Douglas, l'ami d'Oscar Wilde, dont les lecteurs du Figaro n'ont pas oublié les récentes aventures.

Le journal havrais avait signalé la présence du jeune lord en accompagnant la nouvelle de réflexions plus ou moins mordantes, et avait dit notamment qu'il faisait des promenades en mer sur un yacht en compagnie de plusieurs amis. Piqué au vif, lord Douglas a exigé l'insertion d'une réponse dans laquelle il proteste d'abord contre les choses insultantes écrites contre lui, puis il ajoute :

Pour moi, qui ai déjà tant souffert, ça ne fait absolument rien du tout si un petit journal provincial m'accuse de tous les crimes qu'on peut imaginer; mais, pour mon petit mousse, ce pauvre innocent, et les autres braves gens, ces « amis », dont vous parlez si légèrement, ça doit être autre chose. Constatons, monsieur, que j'ai loué un petit yacht et que j'ai aussi engagé un mousse, et que j'ai fait dans ce yacht et avec ce mousse et un de ses camarades, et avec plusieurs des pêcheurs du Havre qui ont l'habitude de « promenader » les étrangers, plusieurs promenades en mer. Est-ce là une raison pour insulter et salir, je ne dis pas moi, mais ces autres braves gens, vos compatriotes ?

Je viens de lire dans votre journal les choses insultantes que vous avez écrit sur moi. Pour moi qui a déjà tant souffert, ça ne fait absolument rien du tout si un petit journal provincial m'accuse de tous les crimes qu'on peut s'imaginer, mais pour mon petit mousse, ce pauvre innocent, et les autres braves gens, ces « amis » dont vous parlez si légèrement, ça doit être autre chose. Constatons, monsieur, que j ai loué un petit yacht et que j'ai aussi engagé un mousse, et que j'ai fait dans ce yacht et avec ce mousse et un de ses camarades, et avec plusieurs des pficheurs du Havre qui ont l'habitude de promenader les étrangers, plusieurs promenades en mer; est-ce là une raison pour insulter et salir, je ne dis pas moi, mais ces autres braves gens vos compatriotes?

Pour moi, c'est déjà trop évident que tout le monde a le droit de m'insulter et de m'injurier parce que je suis l'ami d'Oscar Wilde. Voilà mon crime, non pas que j'étais son ami mais que je le suis toujours, et que je le serai jusqu'à la mort, et meme après si Dieu le veut ! Eh bien ! monsieur, ça n'entre pas dans mon système de moralité de lâcher un ami ni de le renier, même si cet ami est en prison ou dans l'enfer.

Voilà mon crime, non pas que j'étais son ami, mais que je le suis toujours et que je le serai jusqu'à la mort (et même après si Dieu le veut). Eh bien, monsieur, ça n'entre pas dans mon système de moraliser, de làcher un ami, ni de renier même si cet ami est en prison ou dans l'enfer...

Voilà mon crime, non pas que j’étais son ami mais que je le suis toujours et que je le serai jusqu’à la mort (et même après si Dieu le veut). Eh bien, monsieur, ça n’entre pas dans mon système de moraliser, de lâcher un ami, ni de renier même si cet ami est en prison ou dans l’enfer.

Voilà mon crime, non pas que j'étais son ami, mais que je le suis toujours et que je le serai jusqu'à la mort (et même après si Dieu le veut). Eh bien, monsieur, ça n'entre pas dans mon système de moraliser, de lâcher un ami, ni de renier même si cet ami est en prison ou dans l'enfer.

Voila mon crime, non pas que j'étais son ami mais que je le suis toujours et que je le serai jusqu'à la mort (et même après si Dieu le veut). Eh bien, monsieur, ça n'entre pas dans mon système de moraliser, de lâcher un ami, ni de renier même si cet ami est eu prison ou dans l'enfer.

Voila mon crime, non pas que j'étais son ami mais que je le suis toujours et que je le serai jusqu'à la mort (et même après si Dieu le veut). Eh bien, monsieur, ça n'entre pas dans mon système de moraliser, de lâcher un ami, ni de renier même si cet ami est eu prison ou dans l'enfer.

Voilà mon crime, non pas que j'étais son ami, mais que je le suis toujours, et que je le serai jusqu la'mort (et même après, si Dieu le veut). Eh bien monsieur, ça n'entre pas dans mon système de moraliser, de lâcheur un ami, ni de renier même si cet ami est en prison ou dans l'enfer.

Voilà mon crime, non pas que j’étais son ami, mais que je le suis toujours et que je le serai jusqu’à la mort (et même après si Dieu le veut). Eh bien, monsieur, ça n’entre pas dans mon système de moraliser, de lâcher un ami, ni de renier même si cet ami est en prison ou en enfer...

Pour moi, c'est déjà trop évident que tous le monde a le droit de m'insulter et de m'injurier, parce que je suis l'ami d'Oscar Wilde. Voila mon crime, non pas que j'étais son ami mais que je le suis toujours, et que je le serai jusqu'à la mort (et même après si Dieu veut).

TELEGRAMS AND CORRESPONDENCE
From August 1st
A Lord Douglas Chicken

LE HAVEN. - A very amusing polemic, which will not fail to make the joy of the collectors of lived documents, engaged between a newspaper of Le Havre and Lord Douglas, the friend of Oscar Wilde, whose readers of Figaro did not have forgotten the recent adventures.

The Le Havre newspaper had announced the presence of the young lord, accompanying the news with more or less biting reflections, and had said in particular that he was going out on sea trips on a yacht in the company of several friends. Stung, Lord Douglas demanded the insertion of a reply in which he first protests against the insulting things written against him, then adds:

For me, who have already suffered so much, it doesn't matter at all if a small provincial newspaper accuses me of all the crimes one can imagine; but, for my little boy, this poor innocent, and the other good people, these "friends", of whom you speak so lightly, it must be something else. Let us note, sir, that I have hired a small yacht and that I have also hired a ship's boy, and that I have done in this yacht and with this ship's boy and one of his comrades, and with several of the fishermen from Le Havre who have the habit of "walking" foreigners, several trips at sea. Is that a reason to insult and smear, I'm not saying me, but these other good people, your compatriots?

For me, it is already too obvious that everyone has the right to insult me and insult me because I am Oscar Wilde's friend. This is my crime, not that I was his friend but that I still am, and that I will be until death, and even after, God willing! Well ! sir, it's not in my system of morality to let go of a friend or disown him, even if that friend is in jail or hell.